Le microbiote influence la peau, l’immunité et la santé féminine. Tester et rééquilibrer sa flore peut prévenir candidoses et inflammations. Des études montre l’impact des pesticides sur notre microbiote.
Notre microbiote n’est pas cantonné à l’intestin. Il régule aussi notre peau, notre santé intime et notre immunité. Comprendre ses déséquilibres, c’est pouvoir mieux agir, notamment grâce aux tests proposés par Symp.
Dans cet épisode, trois médecins partagent leur expertise sur les liens entre microbiote, alimentation, peau et santé féminine :
Dr. Serge Balon-Perin — Médecin spécialiste du microbiote, de la nutrition et de la médecine fonctionnelle. Il éclaire les liens entre alimentation moderne, pesticides, perméabilité intestinale et maladies inflammatoires comme le psoriasis.
Dr. Vanessa Dablemont — Médecin spécialisée dans le microbiote vaginal et la santé féminine. Elle décrypte le rôle central des lactobacilles, l’influence des œstrogènes, et les causes fréquentes de candidoses et cystites récidivantes.
Pr. Philippe Humbert — Dermatologue, médecin interniste et chercheur. Il partage son approche intégrative des maladies de peau, en s’appuyant sur l’axe intestin-peau-cerveau et l’impact de l’alimentation sur les déséquilibres cutanés.
Trois visions complémentaires pour mieux comprendre comment notre microbiote façonne la santé du corps tout entier.
On réduit souvent le microbiote à une affaire d’intestin. Or, il s’agit d’un véritable réseau biologique : on parle aujourd’hui de microbiotes au pluriel : intestinal, buccal, vaginal, pulmonaire, cutané.
Chacun de ces écosystèmes est interconnecté : un déséquilibre intestinal peut fragiliser la peau. Une altération du microbiote vaginal peut ouvrir la voie à des infections urinaires ou des candidoses. Et tout cela dépend aussi de ce qu’on mange, de notre environnement, ou même… de notre partenaire de vie.
Le microbiote vaginal est dominé par les lactobacilles, ces bonnes bactéries qui produisent de l’acide lactique et maintiennent un pH protecteur. Leur présence dépend fortement des œstrogènes, ce qui explique les variations à la puberté, pendant le cycle ou à la ménopause.
Mais quand ces lactobacilles disparaissent, d’autres germes s’installent : Gardnerella, Candida, E. coli… Résultat ? Vaginose bactérienne, mycose, cystite. Chez les femmes ménopausées, une raréfaction des lactobacilles augmente fortement le risque d'infections. Étude de 2024 : Corrélats du microbiote intestinal des infections urinaires récurrentes : une étude longitudinale et multicentrique
Malheureusement, la réponse médicale est souvent un antibiotique… sans correction du terrain vaginal. Or, c’est justement là qu’intervient Symp : en identifiant le profil microbien, on peut agir de façon plus ciblée.
Le microbiote cutané et le microbiote intestinal communiquent. Dans le cas du psoriasis, par exemple, on retrouve souvent une perméabilité intestinale, des troubles digestifs, ou une intolérance au gluten.
Un déséquilibre du microbiote intestinal entraîne une activation du système immunitaire. Des bactéries pro-inflammatoires migrent, perturbent l’axe intestin-peau, et peuvent se manifester sous forme de plaques, démangeaisons, voire pathologies auto-immunes cutanées. Étude de 2024 : Modulation du microbiome cutané et intestinal par le traitement du psoriasis : une revue systématique complète.
C’est pourquoi certains patients, en arrêtant le gluten ou en rééquilibrant leur flore, constatent une amélioration nette de leurs symptômes dermatologiques.
Si l’alimentation transforme le microbiote, les pesticides le détruisent. Plusieurs études montrent une chute des bactéries bénéfiques (comme Faecalibacterium prausnitzii) après ingestion de résidus de pesticides : Étude 2024 : Pesticides : impact involontaire sur le monde caché du microbiote intestinal. Metabolites.
Les végétaux moins amers sont souvent plus attaqués… donc plus traités. Résultat : des aliments hybridés, dénaturés, moins riches en fibres et en bactéries naturelles. Une pomme bio contient deux fois plus de diversité microbienne qu’une pomme conventionnelle.
Or, sans prébiotiques, les bonnes bactéries meurent… et grignotent notre mucus intestinal. Ce cercle vicieux peut générer inflammations, troubles digestifs ou cutanés.
Face à ces déséquilibres, la réponse commence souvent par une analyse fonctionnelle du microbiote. C’est le cœur de l’approche Symp : détecter les bactéries présentes, leur équilibre, leur activité, puis proposer un plan d’action personnalisé.
Symp propose des tests de microbiote à domicile, accessibles sans prescription. À partir de vos résultats, une équipe spécialisée peut identifier si vous souffrez d’une candidose intestinale, d’un déséquilibre vaginal ou d’une inflammation systémique.
Des recommandations alimentaires et des compléments ciblés sont ensuite proposés, avec un suivi évolutif.
L'analyse du microbiote peut se réaliser à domicile et permet de comprendre vos déséquilibres, identifier une candidose ou une inflammation, et commencer un plan de rééquilibrage personnalisé.
En savoir plus sur l'analyse du microbiote
Quel est le lien entre microbiote vaginal et infections urinaires ?
Un microbiote vaginal pauvre en lactobacilles favorise les germes opportunistes comme E. coli, responsables de cystites. Le test vaginal Symp permet de détecter ce déséquilibre.
Comment les pesticides affectent-ils notre microbiote ?
Les pesticides réduisent la diversité bactérienne, altèrent le mucus intestinal, et favorisent l’inflammation. Des études récentes ont montré une baisse significative des bactéries bénéfiques après ingestion de pesticides.
Le microbiote peut-il influencer les problèmes de peau ?
Oui. Un microbiote intestinal déséquilibré peut favoriser l’inflammation systémique et des pathologies cutanées comme le psoriasis. Symp propose une analyse ciblée pour identifier ce lien.
(0:09 - 1:00)
On dit toujours qu'on constitue notre microbiote tout petit, c'est lié déjà au mode
d'accouchement, au microbiote de la maman, les premières années de la vie, si on prend des
antibiotiques, etc. Ça peut influencer notre microbiote, mais aussi on sait très bien, et ça on le
sait avec les enfants déjà, c'est que notre microbiote intestinal est terriblement influencé par
tout ce que l'on va côtoyer au niveau de l'environnement. On sait d'ailleurs, à ce niveau-là, que
le microbiote des enfants qui vivent à la campagne, des enfants qui vivent avec des animaux,
etc., ont un microbiote plus diversifié, plus riche et sont moins sujets à développer des allergies,
de l'asthme, que les enfants par exemple qui vivent en ville et en particulier dans un milieu très
stérile, comme justement les Japonais.
(1:00 - 1:58)
On a constaté que les Japonais qui pourtant ont un mode d'alimentation extraordinaire et ont
quand même une prévention santé globale nettement supérieure à la nôtre, à différents
niveaux de santé, que ce soit cardiovasculaire, cancer, etc., mais par contre, on voit que ça
influence clairement ce microbiote. Autre chose à ce niveau-là, une étude très intéressante
aussi, qui a été faite sur des couples qui vivent ensemble depuis longtemps, et bien on a
constaté que ces couples qui vivent ensemble depuis pas mal d'années ont finalement un
microbiote intestinal assez similaire. Alors on s'est dit oui, mais c'est parce qu'ils mangent la
même chose, mais en fait non, ils ont fait aussi une étude avec justement des alimentations un
peu différentes pour voir ce qui se passait et on constate que malgré tout, il y a vraiment un
impact de notre environnement, tout ce qu'on touche, le milieu dans lequel on est, qu'on vive
près de la végétation, qu'on touche la terre, et la qualité évidemment de l'alimentation.
(1:58 - 9:00)
Oui, et que l'alimentation aujourd'hui, pour beaucoup de personnes et dans beaucoup de pays,
n'est plus du tout assez riche en fibres, et que du coup, non seulement on ne nourrit pas de
bonnes bactéries, mais en plus de ça, vu qu'on ne les nourrit pas, elles détruisent notre mucus,
et ça explique certains phénomènes comme le passage de ces bactéries dans d'autres endroits,
notamment les problèmes pulmonaires. Disons que ça explique surtout, oui, ce qui se passe
c'est que quand on ne nourrit pas le fait de ces bonnes bactéries, il se passe ce qu'on vient de
dire, et en plus de ça, avec une alimentation genre, vous allez prendre un McDo, ou un, je ne
parle pas de la marque, mais peu importe, un burger frite on va dire, et bien vous allez avoir
quoi là-dedans ? Vous allez avoir des graisses saturées, des protéines, de l'amidon pur, il n'y a
absolument rien en termes de prébiotiques, oui il y a une feuille de salade pour décorer, mais
qui n'est pas riche en prébiotiques, et donc non seulement ça ne va rien apporter de bénéfique,
mais en plus, on sait qu'en excès, quand on mange trop de protéines, trop de graisse animaleen excès, que ça n'est pas équilibré, pas compensé, et bien ça va favoriser le développement
d'autres bactéries, qui sont justement des protéobactéries, qu'on les appelle plutôt à tendance
pro-inflammatoire et problématique, et lorsque celles-ci vont entrer en contact avec le système
immunitaire intestinal, et bien ça va favoriser la libération de messagers qui vont aller à gauche
à droite enflammer le corps, ça peut être les poumons, la peau, le cerveau, etc. Maintenant
c'est obligé d'intégrer le microbiote quand on regarde le corps dans son ensemble, et que c'est
un incontournable, quand tu regardes le problème pulmonaire, à la base, tu ne penserais pas
aller voir ce qui se passe au niveau du microbiote, et il parlait aussi au niveau de cet équilibre,
du fait que lorsque tu ne nourris plus tes bactéries, elles vont elles-mêmes se nourrir du... Tout
à fait, alors c'est justement, ça c'est un élément très important, c'est-à-dire que le fait de
manger, je parle justement de ces prébiotiques, ça peut être des pommes, ça peut être des
salades de pommes de terre froide, ça peut être des pois chiches, des choux, toutes sortes de
légumes et de fruits en fait aussi, du flocon d'avoine, enfin bon, tout ce que l'on sait, il suffit
d'aller sur internet, sur une liste, voir les aliments riches en prébiotiques, puis vous aurez vu ce
qu'il en est.
Et bien, le fait que tous ces aliments vont nourrir toute une population de ce qu'on va appeler
des « bonnes bactéries », et qui vont avoir ce signe intéressant, c'est qu'elles vont d'une part
stimuler pour certaines la production de ce mucus qui protège la paroi de l'interaction avec les
mauvaises, et effectivement, quand on ne nourrit pas certaines de ces bactéries, en particulier,
on sait que c'est le cas pour certaines bactéroïdes justement, qui peuvent être à la fois, si elles
ne sont pas nourries, elles vont aller se nourrir du mucus, justement, et vont de ce fait abîmer
la protection du mucus. Donc, c'est très important de nourrir correctement ces bactéries.
L'altération de notre type d'alimentation et du type d'industrialisation alimentaire, avec les
impacts que ça va avoir sur nos microbiotes, va nous tuer plus rapidement que le
réchauffement climatique.
Ce n'est pas impossible. Donc, voilà. Il y a encore une chose que je voulais dire sur les
pesticides, c'est que justement, ils ont fait aussi des études en se disant « tiens, que se passe-t-il
? », parce qu'on sait que les pesticides vont altérer les bactéries, évidemment, et c'est un peu le
but d'ailleurs, qui se trouve autour des végétaux.
Enfin, c'est le but de certaines choses, et là, ça en tue d'autres que ça ne devrait pas tuer. Mais,
on constate aussi que ça tue notre microbiote. Et en fait, que ces pesticides que nous ingérons
vont avoir un impact sur nos bactéries, dans notre intestin.
Et donc, il y a effectivement ces études qui ont été faites, qui ont montré la diminution de
bactéries très intéressantes, comme le Fecalibacterium, etc. Je ne vais pas entrer dans les
détails, mais suite à l'ingestion de pesticides. Et je trouvais qu'il y avait un exemple qu'elle avait
donné en termes d'uniformisation des cultures, c'était que les... Donc, on sait, on parlait des
prébiotiques.
Un type d'aliments qui est prébiotique sont ce qu'on appelle les crucifères, dans lesquels on varetrouver les choux et autres. Et ils expliquent que les choux étaient trop amers au goût des
consommateurs. Et donc, ils les ont un petit peu transformés pour les rendre moins amers.
Et que du coup, ils étaient plus vulnérables face aux insectes. Et que du coup, ils ont dû rajouter
des pesticides dessus. Et que du coup, ils n'étaient... Ils n'avaient plus les vertus qu'ils étaient
supposés avoir.
Là, je trouvais un exemple assez exceptionnel de la transformation de l'aliment, de la culture.
Donc, ce n'est même pas ce qu'on appelle le manger transformé. Ça, c'est encore autre chose.
C'est vraiment la transformation de la culture à la base qui crée des aliments qui ne sont plus
les mêmes. Quand on prend une pomme, une pomme qui est sans pesticides, pas d'élevage,
enfin de culture industrielle, par rapport à une pomme bio, eh bien la pomme non bio va avoir
une diversité bactérienne d'une moitié. Donc, il faut savoir qu'effectivement, quand on mange...
Ils disent qu'il va y avoir le même nombre d'organismes dans la pomme, mais que la diversité
des organismes va être différente.
Absolument. Donc, ça, c'est très, très important. Et c'est comme ça pour énormément
d'aliments.
C'est valable pour des légumes, pour des céréales, pour les fruits, etc. Il y a une telle intensivité
de la culture avec ce qu'on appelle... Ils font des hybridations, donc des sélections pour avoir
des espèces qui sont plus ceci ou plus cela. Ils utilisent des pesticides de façon... Bon,
maintenant, en Europe, ça va mieux.
Ce n'est pas le cas dans d'autres pays dans le monde, entre autres en Amérique du Sud, où
d'ailleurs, on va ramener beaucoup de produits avec les nouveaux accords qui ont été créés.
Donc, ça, c'est absolument magnifique. Et donc, effectivement, ce qu'il faut se rendre compte,
c'est qu'avec ces pesticides, il y a deux problèmes qui se posent.
Un, c'est une perte de la diversité bactérienne ou une perte, comme tu dis, on est plutôt dans
des modifications géniques de l'aliment. C'est donc une perte de qualité intrinsèque de
l'aliment qui ont disparu, ou alors le fait d'avoir des quantités de pesticides importantes qui
modifient la diversité bactérienne de l'aliment, outre ses qualités nutritionnelles. Ça, c'est une
chose.
(9:00 - 14:32)
Et puis, une deuxième chose, ce sont les pesticides eux-mêmes. Donc, il faut savoir que les
pesticides eux-mêmes sont clairement toxiques pour nous. Il faut qu'on arrête de dire qu'on ne
sait pas bien, que peut-être que non, on sait très bien que ça ne va pas du tout.
Et d'ailleurs, il y a un très simple exemple pour savoir ça, c'est qu'on sait maintenant, en tout
cas, un certain nombre de pesticides qui étaient utilisés avant et qui, heureusement, ont été
retirés du marché européen. Ça ne veut pas dire que ce qu'on achète en Europe ne le trouvepas. Ils ont déclenché des maladies de Parkinson, donc ça c'est très très connu, et même des
pesticides comme le Roundup a un impact aussi là-dessus, a un impact sur le système
dopaminergique, a un impact sur le système GABA qui joue sur l'anxiété, a un impact sur le
système entérique qui joue sur la motricité intestinale.
Et donc, ce n'est pas pour rien que les maladies de Parkinson, chez les agriculteurs et chez les
gens qui sont professionnellement exposés aux pesticides, est considérée comme une maladie
professionnelle. Donc, ça, ça veut tout dire. Ça veut bien dire que c'est reconnu, de la même
manière qu'un certain nombre de cancers sont reconnus comme maladies professionnelles
chez les gens qui sont exposés aux pesticides.
Donc, c'est quand même quelque chose de terrible. Alors, on peut, on pouvait en tout cas se
rassurer en sachant quand même qu'au niveau européen, on a mis beaucoup plus d'exigences
auprès des agriculteurs par rapport à ça. Mais si on importe massivement des produits moins
chers de pays où on fait moins attention à ça, c'est forcément... D'abord, ce n'est pas bon pour
les agriculteurs ici, et en plus, ce n'est pas bon pour nous.
Donc, gros problème. Oui, et ça en fait, parce que c'est vrai que parfois, allez, on a envie de
manger bio parce qu'on sait que c'est bien. Mais là, quand on entend ça, on comprend mieux
l'impact direct que ça, de ne pas manger bio, parce que quand on ne mange pas bio, ça veut
dire qu'il y a des pesticides, je veux dire de manière générale.
Ça n'existe pas des aliments qui ne sont pas bio où il n'y a pas de pesticides. Parfois, c'est un
peu ça. On a l'impression que le bio, c'est le surlux, c'est le surbien.
Mais en fait, c'est juste tout ce qui est en dessous de bio, c'est pas bon, dans le sens où ça...
Voilà, comme j'expliquais, il y a des éléments qui n'ont pas le label bio, mais qui sont quand
même, qu'on appelle soit en transition, soit en agriculture raisonnée, etc., qui sont aussi très
intéressants. Et donc, je trouve que ça, c'est interpellant de se dire qu'une femme sur deux
d'origine caucasienne va avoir un microbiote vaginal qui est moins protecteur. Qu'est-ce que
c'est que le microbiote vaginal et pourquoi est-ce que c'est si crucial pour la santé féminine ? Le
microbiote vaginal, il est beaucoup moins diversifié que le microbiote intestinal.
Il y a beaucoup moins de bactéries, mais on est quand même à 100 millions à 1 milliard de
bactéries par millilitre de sécrétion vaginale. En fait, il a été décrit déjà il y a très très longtemps.
Donc, il y avait ce fameux gynécologue, le docteur Doderlein, qui, je pense, en 1892, a décrit
cette fameuse flore lactobacillaire.
Donc, c'est une lactobacille qui a très longtemps. Et donc, ça a été pendant longtemps appelé la
flore de Doderlein. Et puis, ça a été bien sûr, suite aux premières recherches sur le microbiote
intestinal, de manière générale, des spécialistes comme Jacques Ravel se sont intéressés, bien
sûr, d'autres équipes au microbiote vaginal.
Des premières études sont sorties, des grosses études sont sorties en 2010. Donc, il n'y aquand même pas si longtemps. Donc, le microbiote vaginal, il est représenté par 60 à 80 % de
lactobacilles.
Et puis, il y a d'autres espèces bactériennes, donc des bactéries qu'on appelle anaerobies
essentiellement, et puis des germes aérobies. Un aérobie qui ne pousse pas au contact de l'air.
Voilà, exactement.
C'est un microbiote qui est dynamique et résilient. Dynamique puisque finalement, il évolue
quand même au fil du temps chez la femme, puisqu'il est essentiellement sous l'influence des
œstrogènes. En fait, les œstrogènes qui, bien sûr, vont commencer à être produits par la
femme au moment de la puberté, vont en faire enrichir l'épithélium vaginal en glycogène, qui
est le substrat énergétique pour les lactobacilles.
Donc, c'est vraiment au moment de la puberté que les lactobacilles vont se développer et que
finalement, on passe d'une diversité plus importante à une diversité moins importante à ce
moment-là. Et puis, bien sûr, à la ménopause, vu le climat à ce moment-là de la femme avec
une raréfaction des œstrogènes, on va avoir... Alors, je ne sais pas chez toutes les femmes, il y a
des études qui montrent qu'il y a 50 % des femmes qui vont quand même continuer à avoir des
lactobacilles. Bien sûr, il y a aussi des femmes qui prennent un traitement hormonal, que ce
soit perrose ou transdermique ou même en intravaginale, mais le fait de maintenir quand
même un climat œstrogénique va de toute façon quand même avoir un effet favorable,
puisqu'on le sait et ça s'est connu depuis longtemps que les femmes ménopausées sont plus
sensibles à des cystites récidivantes, entre autres liées à l'atrophie du vagin et à la perte de ces
lactobacilles.
(14:32 - 25:55)
Et puis, cette atrophie vaginale est associée à une raréfaction des lactobacilles. Il y a eu des
études sur les femmes ménopausées où les femmes ménopausées qui n'avaient plus ou très
peu de lactobacilles avaient plus de symptômes d'atrophie, de vulvodynie, de douleur pendant
les rapports, et donc plus d'infections urinaires que celles qui avaient un microbiote vaginal
avec une certaine encore prédominance de lactobacilles. Comme on le dit, la nature n'aime pas
le vide, donc dès qu'il y a une raréfaction des lactobacilles, qui sont vraiment, alors pas pour
tous, on reviendra en plus tard, mais il y a certains lactobacilles qui sont protecteurs et dès que
ces lactobacilles disparaissent ou se raréfient, on va voir des germes qui vont venir se
développer entre autres des bactéries anaerobiques et la patiente va passer d'un état de
dysbiose à éventuellement une vaginose, par exemple bactérienne, va être à risque d'infection
opportuniste comme la fameuse candidose vaginale et clairement, on le sait, les études le
monde, va être plus à risque d'infections sexuellement transmissibles et d'autres aussi
complications.
Dans la vaginose bactérienne, on a tendance à, c'est vrai, comme tu dis clairement, on tape
avec des antibiotiques, mais on ne réfléchit pas forcément à ce qui pourrait être corrigé et sur
quoi d'autre on pourrait agir. Donc bien sûr, si on donne des antibiotiques, on va donnertoujours des probiotiques, même par voie orale, on sait que les lactobacilles, étant donné que
de toute façon, le réservoir naturel des lactobacilles, c'est le rectum, même si on les donne par
voie orale, ça aura aussi un effet au niveau vaginal, mais il faut, quand on est face à une
patiente qui a une cystite ou une vaginose répétitive, passer aussi à essayer de voir quel est le
facteur de risque. Peut-être qu'elle fume, elle ne s'alimente pas très bien, peut-être qu'elle a un
comportement sexuel un peu inadéquat.
Il y a tous ces facteurs de risque dont il faut prendre en charge et ne pas se dire 10 bios égale
antibiotérapie, parce que ça malheureusement, ce n'est pas une approche globale comme il
faudrait avoir. Quels sont les facteurs qui peuvent déséquilibrer ce microbiote vaginal ? Des
facteurs, il y en a plein. Bien sûr, la prise de médicaments, on pense tout de suite aux
antibiotiques et puis à d'autres médicaments aussi.
Le tabac, l'alimentation. Il y a eu une grosse étude en Belgique qui s'appelle l'étude ISALA, où ils
ont en effet à nouveau mis en évidence que les femmes qui consommaient plus de poissons,
plus de fibres, avaient un microbiote différent. Donc l'alimentation, le comportement sexuel, la
fréquence des rapports, le nombre de partenaires, l'hygiène aussi et la surhygiène.
Il faut savoir que le vagin est auto-nettoyant et que se laver trois fois par jour, faire des douches
intravaginales, utiliser peut-être de l'isobétadine, des parfums, des gels, des savons qui ne sont
pas appropriés, ce n'est pas bon du tout. L'épilation aussi, en fait, on estime qu'il y a un
spécialiste français, le docteur Bobotte, qui est andrologue, qui lui dit que pour lui, les poils
permettent au lactobacille du rectum de voyager comme sur un tapis roulant vers le vagin,
puisque, je ne l'ai pas dit, mais le réservoir des lactobacilles, entre autres, vient aussi du rectum.
Et donc il y a bien sûr une influence assez importante du microbiote intestinal sur le microbiote
vaginal.
Ce microbiote vaginal est interconnecté, il est au carrefour de plusieurs microbiotes, le
microbiote intestinal, le microbiote périnéal, le microbiote de l'endomètre vésical. Donc bien
sûr que des perturbations de ces autres microbiotes peuvent aussi venir perturber le
microbiote vaginal. Il faut en prendre soin et que ça peut avoir un impact sur la santé de la
femme de manière générale, la protéger contre les infections et aussi avoir un impact positif
sur sa fertilité.
Je pense que c'est quand même un point important de la vie d'une femme. Une maladie du foie,
une maladie du pancréas, une maladie de l'intestin. Donc ça, c'est également très important de
se dire, utilisons tous les signes que nous donne la peau, mais également tous les signes que
nous donne l'interrogatoire général du patient et l'examen clinique complet.
Bien sûr, on ne peut pas se passer d'un examen clinique complet pour aller voir ce que cette
maladie de peau nous dit de l'intérieur. Parfois, il est beaucoup plus important de traiter la
pathologie interne que la pathologie externe. Souvent, quand on traite la pathologie interne, la
pathologie externe va guérir par elle-même.C'est ainsi que, par exemple, dans le psoriasis, on s'est aperçu que le gluten joue un rôle très
important. Si vous traitez une maladie psoriasique sans avoir évalué l'hypothèse qu'il y a une
intolérance au gluten, vous avez peu de chances d'avoir de très bons résultats. Donc, l'axe
cerveau intestin-peau est bien entendu au cœur de toutes les consultations, parce que le
questionnement va commencer du haut jusqu'en bas.
Est-ce que vous avez mal à la tête ? Est-ce que vous avez des problèmes de vue ? Est-ce qu'il y a
des problèmes dans la bouche ? Des affres ? Des choses comme ça. Et petit à petit, vous
réunissez des éléments que vous réunissez autour du tube digestif, autour du cerveau et
autour de la peau. Ma méthode, ça a été de dire, ce qui m'intéresse, ce n'est pas la maladie de
la personne, c'est de quoi souffre cette personne en général.
Elle vient pour un psoriasis, mais est-ce qu'il y a une souffrance morale, une dépression ? Est-ce
qu'il y a des troubles digestifs, des ballonnements, des gaz, de la diarrhée, des constipations,
des douleurs ? Est-ce qu'il y a des troubles neurologiques ? Et quand on met tout ça autour de
la maladie psoriasique, on va s'apercevoir qu'il y a des pistes d'action intéressantes qui vont
améliorer le psoriasisme. J'ai pu repérer très tôt en 2016, environ, qu'on pouvait déceler les
personnes qui avaient un liquide, un intestin poreux perméable. Ce sont des personnes qui
sont hyperlaxes, qui font soit des entorses, qui ont eu soit des hernies, hernie discale, hernie
inguinale, ou qui sont hyperlaxes, je fais voir cela en essayant d'approcher le pouce de l'avant-
bras.
Il y a des personnes qui touchent vraiment leur avant-bras ou qui sont très parallèles. Ces
personnes-là sont à coup sûr porteurs d'un liquigut et c'est ce liquigut qui va faire le lit de
l'intolérance au lait de vache et au gluten. Et puis en 2010, je vous l'ai dit, arrive le gluten
transformé sur le marché.
En 2015, un médecin, docteur Benjamin Lebol, écrit un article en disant, écoutez, je vais dire
quelque chose qui va peut-être fâcher tout le monde, mais il y a la maladie céliaque qui touche,
je crois, une personne sur 100 due au gluten, maladie très sévère si on ne supprime pas le
gluten. Et il y a aussi une maladie qui est liée au gluten mais qui n'est pas la maladie céliaque, je
vais l'appeler la maladie non céliaque. Et bien entendu, il a eu très peu d'écho parce que
personne ne veut y croire.
On a des habitudes dans le monde gastro-anthéologique pour penser que le gluten, s'il n'y a
pas d'anticorps, s'il n'y a pas ceci, cela, il ne joue pas de rôle défavorable. Donc on a vu des
médecins qui ont contredit ce médecin en disant, maintenant on regarde, les anticorps sont
négatifs, pourquoi dis-tu ça ? Mais lui, il avait une attitude pragmatique, il a dit, j'arrête le
gluten et je vois ce que deviennent les gens. Et quand on arrête le gluten, les personnes allaient
beaucoup mieux.
Donc c'était évident que le gluten jouait un rôle. J'ai pu, grâce à l'observation que j'ai faite de
tous ces malades, découvrir qu'ils avaient, toutes les personnes sensibles au gluten, avaient en
regard des coudes, la peau très rèche, en regard des genoux, une peau épaisse, striée, trèsrueuse et que l'on voyait même sur le face antérieure des cuisses, des petits points que
j'appelle la keratose folliculaire et qui sont les signes de cette intolérance au gluten. Et donc ça
m'a fait progresser énormément parce que je peux l'affirmer en examinant quelqu'un qui vient
pour quelques symptômes que ce soit, dire attention, vous êtes intolérant au gluten.
Oui, qui de plus, comme vous dites, est un poison qui a apparu par la suite dû à sa
transformation. Est-ce que vous vous observez du coup dans votre pratique ou dans les
discussions que vous avez avec vos confrères, une augmentation des cas de problèmes de peau
depuis l'apparition du coup de ce nouveau gluten ? Bien sûr, parce qu'on sait aujourd'hui que le
gluten va être impliqué dans un grand nombre de cas de maladies psoriasiques. C'est un même
facteur causal important.
Le gluten va être impliqué dans pas mal de pathologies, même auto-immunes. Prenez une
personne qui a une pinfigoïde, une personne âgée qui a une maladie bulleuse, des bulles sur la
peau, des cloques sur la peau dues à des anticorps, on s'aperçoit que cette auto-immunité peut
être favorisée par le gluten. Et donc, dans toutes les circonstances de pathologie de la peau, il
faut envisager l'hypothèse du rôle délétère du gluten.
Et beaucoup de personnes qui sont en échec thérapeutique, qui ont pourtant des bons
traitements, des immunomodulateurs, etc., mais qui ne guérissent pas, sont des personnes
chez qui l'arrêt du gluten va être déterminant. Oui, et au final, c'est comme vous disiez avec le
lait, c'est quelque chose d'assez facile de faire le test au final. Oui, c'est facile.
On dit à la personne vous arrêtez pendant un mois et vous voyez les résultats. Et cette
intolérance, je considère qu'on peut espérer qu'elle disparaisse au bout d'un an. C'est-à-dire
qu'au bout d'un an, sans gluten, sans lait de vache, la testa va se réparer.
Et donc, on va redevenir tout neuf au bout d'un an et on pourra remanger quasiment
normalement, en faisant quand même attention à limiter énormément les quantités de gluten
et de lait de vache. Mais on pourra reprendre un petit morceau de fromage de vache, on pourra
reprendre un petit morceau de gâteau, très certainement au bout d'un an. Et donc, ce n'est pas
à vie, cette intolérance n'est pas à vie.
(25:55 - 27:10)
Mais on ne peut pas faire autrement aujourd'hui que d'espérer la guérison de l'intestin
simplement en supprimant le gluten et lait de vache. S'il y avait un médicament pour le faire, on
le privilégierait, mais il n'existe pas. Est-il possible de privilégier certaines farines plus
anciennes, qui ne vont pas contenir cette transformation ? Ou est-ce que même dans ce qu'on
appelle aujourd'hui farine plus à l'ancienne ou méthode maison ou autre, est-ce qu'au final
c'est devenu la norme dans l'agroalimentaire ? Est-ce que c'est quelque chose que l'on sait ou
on ne sait pas trop ? Vous avez raison.
Effectivement, les blés anciens sont moins riches en gluten et le gluten n'est pas transformé etdonc ils sont tout à fait souhaitables. Simplement, comme il faut dans un premier temps arrêter
tout gluten que ce soit, on va arrêter tout gluten et on remplacera par une petite épaule
d'autres farines qui n'ont pas beaucoup de gluten. Mais dès qu'on pourra reprendre au bout
d'un an, oui, on pourra conseiller les blés anciens, tout ce qu'on aurait pu espérer que ces
sociétés qui vendent le gluten et les farines aux boulangers aient contacté.
(27:10 - 29:31)
On aurait aimé qu'ils ne fassent pas leur propre marque de blé et de gluten parce que celle-ci
est également produite avec des pesticides, vous le savez très bien, pour tuer les pucerons et
tout ce qui pourrait gêner la pousse du blé. C'est une question économique, on nous a dit qu'il
fallait pour nourrir la planète et on n'avait pas le choix, il fallait faire comme cela. Néanmoins,
on a un blé qui n'est pas des plus satisfaisants pour notre intestin.
Vous m'avez tendu la perche avec le cerveau tout à l'heure, il faut dire qu'effectivement la
souffrance morale, la dépression jouent un rôle très important et là encore on avait une femme
qui a fait, à 65 ans, une éruption très grave qui laisse penser qu'elle avait une maladie de
Hodgkin. En questionnant sur sa vie, elle se met à pleurer, elle nous dit qu'il s'est passé quelque
chose de très grave quand j'avais 14 ans et votre mari est au courant ? Non. Ma fille, votre fille
est au courant ? Non.
Elle est psychiatre ? Non, j'ai rien dit. Elle arrive à nous avouer que son propre père l'avait
emmené à Paris pour visiter la tour Eiffel et qu'en fait il l'avait emmené dans un hôtel et il l'avait
abusé. Et cette femme de 65 ans, toute sa vie, a gardé ce choc du viol qu'elle a subi de son père
et elle continue à voir son père, elle continue à lui parler parce qu'elle me dit « cesse, je ne veux
pas qu'il me déshérisse, c'est un drame quotidien ». Eh bien on a fait prendre en charge cette
douleur morale, cette souffrance morale par l'équipe du CAVASEM, centre d'aide aux victimes
d'agressions sexuelles dans les hôpitaux, par le mari, par la fille.
Eh bien en 15 jours, la malade a vu disparaître sa maladie considérée comme un lymphome.
Rendez-vous compte. Bien entendu, ça ne veut pas dire que tous les lymphomes soient liés à
ça, mais on doit s'occuper de tous les éléments extérieurs quand on a une maladie et pas cibler
seulement la maladie.
Oui, c'est sûr qu'on peut se comprendre de plus en plus les mécanismes via lesquels le cerveau
va jouer sur l'intestin et inversement l'intestin va aussi jouer sur le cerveau. Je pense que c'est
quelque chose qui est bidirectionnel et dont il est parfois compliqué de trouver la cause,
comme dans l'exemple que vous donnez ici. Oui, et il faut du temps.
Il faut du temps et de la passion et ça je pense que la passion les médecins l'auront et le temps
il faut leur donner.