Vidéo disponible le 16 Novembre 2025
L'alimentation moderne traverse une crise majeure. Entre ultra-transformation industrielle, impact écologique catastrophique et carences nutritionnelles généralisées, comment retrouver une nutrition qui serve à la fois notre santé et celle de la planète ? Cette question cruciale touche aujourd'hui des millions de personnes soucieuses de mieux manger sans pour autant sacrifier leur bien-être ou leurs convictions environnementales.
Anthony Berthou, expert reconnu en micronutrition et auteur du "Traité de la pleine santé par l'alimentation durable", révolutionne notre approche de la nutrition en proposant une méthode qui réconcilie besoins physiologiques individuels et respect des limites planétaires. Après dix années de recherche approfondie, il démontre qu'il est possible de concilier optimisation nutritionnelle et durabilité écologique à travers une approche systémique innovante.
Cette révolution nutritionnelle tombe à point nommé alors que 98% de la population française présente des carences en oméga-3 et que notre système alimentaire contribue massivement au dépassement de six des neuf limites planétaires. L'enjeu dépasse largement la simple question diététique pour toucher aux fondements même de notre survie collective.
Découvrez votre profil nutritionnel unique Identifiez vos carences spécifiques et optimisez votre alimentation grâce à des analyses biologiques ciblées selon vos inconforts personnels.
Anthony Berthou incarne une nouvelle génération d'experts en nutrition qui refusent les approches cloisonnées. Son parcours illustre parfaitement l'évolution nécessaire de la discipline nutritionnelle vers une vision plus holistique et responsable.
Formé initialement dans une approche universitaire classique de la nutrition, Anthony Berthou a rapidement pris conscience des limites de cette vision traditionnelle. "J'ai commencé avec une vision, j'ai envie de dire consensuelle, universitaire de la nutrition parce que je sortais de mes études et en fait on a cette vision très diététique, macronutritionnelle", explique-t-il en évoquant ses débuts au début des années 2000.
Son expertise en micronutrition, développée dès 2003, lui a permis de comprendre l'importance cruciale des micronutriments dans l'équilibre physiologique. Cependant, son enseignement à l'EPFL marque un tournant décisif dans sa carrière, qu'il qualifie de "virage à 180 degrés". Cette période l'amène à questionner les fondements mêmes de la micronutrition traditionnelle.
"Le problème de la micronutrition à mon sens, c'est que c'est parfois devenu, ce que j'appelle de manière un peu provocatrice, l'allopathie de la nutrition". Cette prise de conscience le conduit à développer une approche inédite qui intègre trois piliers fondamentaux : l'aspect nutritionnel, toxicologique et écologique.
Son ouvrage "Traité de la pleine santé par l'alimentation durable" représente l'aboutissement de dix années de recherches approfondies. Cette démarche scientifique rigoureuse lui a permis de développer une vision transversale unique, capable de relier nutrition individuelle et enjeux planétaires dans une approche cohérente et applicable.
L'approche micronutritionnelle classique, malgré ses apports indéniables, présente des lacunes fondamentales que révèle l'expertise d'Anthony Berthou. La focalisation excessive sur les nutriments isolés occulte des dimensions essentielles de l'alimentation moderne.
"Le simple fait de regarder la composition en micronutriments d'un aliment ou d'un complément alimentaire ne suffit pas à caractériser la qualité de l'aliment en tant que tel", souligne l'expert. Cette observation met en lumière une problématique majeure : l'importance cruciale de la matrice alimentaire dans la biodisponibilité des nutriments.
Les recherches récentes démontrent que l'organisation structurelle de l'aliment influence directement l'assimilation des micronutriments. Les interactions complexes entre les différents composés, qu'elles soient synergiques ou antagonistes, modifient l'efficacité nutritionnelle d'un aliment. Cette réalité scientifique remet en question l'approche réductionniste qui domine encore largement la micronutrition conventionnelle.
Dans le contexte actuel où les enjeux dépassent largement la seule dimension nutritionnelle l'impact écologique, la toxicologie alimentaire et les considérations éthiques s'imposent comme des paramètres incontournables d'une nutrition moderne responsable.
L'intégration des paramètres écologiques dans les recommandations nutritionnelles marque une révolution conceptuelle majeure, mais génère également de nouvelles problématiques psychologiques que découvre Anthony Berthou dans sa pratique.
"Quand j'ai commencé à intégrer les paramètres écologiques dans les recommandations alimentaires, j'ai connu l'éco-anxiété", confie l'expert, témoignant d'une réalité vécue par de nombreux professionnels et particuliers soucieux de cohérence. Cette éco-anxiété, désormais reconnue par le dernier rapport du GIEC comme un élément important à considérer, illustre la complexité de la transition nutritionnelle contemporaine.
Le défi consiste à dépasser ce constat anxiogène pour identifier les leviers d'action concrets. Anthony Berthou développe une approche constructive centrée sur trois piliers fondamentaux qu'il qualifie de "trépied vraiment important sur les recommandations alimentaires" : la partie toxicologique, nutritionnelle et écologique.
Cette convergence entre conscience écologique et expertise nutritionnelle ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques. Les recommandations alimentaires ne se limitent plus à l'optimisation des apports nutritionnels mais intègrent systématiquement l'impact environnemental et la minimisation de l'exposition toxique.
L'approche d'Anthony Berthou démontre qu'il est possible de transformer l'éco-anxiété en moteur d'innovation nutritionnelle. Cette transformation nécessite cependant une méthodologie rigoureuse et des outils pratiques permettant aux individus de faire des choix éclairés sans sacrifice de leur santé.
La question des protéines cristallise parfaitement les enjeux de l'alimentation durable. Anthony Berthou propose une révision fondamentale de nos approches, basée sur des données scientifiques précises et des objectifs environnementaux mesurables.
Les recommandations officielles actuelles, fixées à 0,8 gramme de protéines par kilo de poids corporel, s'avèrent inadaptées aux réalités physiologiques modernes. "C'est plus un besoin vital et qui n'est pas forcément très cohérent avec notre mode de consommation actuel", analyse l'expert, soulignant les limites de ces références théoriques.
La pratique clinique démontre la nécessité d'adapter ces recommandations. "Très souvent, on est plutôt sur la recommandation minimale de à 2 grammes de protéines par kilo de poids corporel", précise Anthony Berthou, tenant compte des réalités de dénaturation protéique liées aux modes de cuisson et de la qualité variable des aminogrammes alimentaires.
Cette révision à la hausse des besoins individuels pourrait sembler contradictoire avec les objectifs écologiques. Pourtant, l'expertise d'Anthony Berthou révèle une solution élégante : la modification du ratio protéines animales sur protéines végétales. "À l'échelle moyenne, on est à deux fois plus de protéines animales que de protéines végétales. On a un rapport, ce qu'on appelle PA sur PV, de 2, là où un rapport, un ratio de 1, c'est-à-dire autant de protéines végétales que de protéines animales, est tout à fait compatible avec une bonne santé."
Cette optimisation du ratio protéique génère des bénéfices environnementaux significatifs. "On estime qu'on aurait un gain sur le critère des émissions de gaz à effet de serre, parce qu'en fait, il y a neuf limites planétaires qui ont été définies au-delà du réchauffement climatique, des émissions de gaz à effet de serre. Mais je vais rester sur ce critère-là. On estime qu'on aura une économie entre 12 et 20% en fonction des modèles."
Au-delà de la simple réduction quantitative, Anthony Berthou prône une révolution qualitative de nos sources protéiques animales. L'élevage extensif émerge comme une solution doublement bénéfique, optimisant simultanément la qualité nutritionnelle et l'impact environnemental.
"Réviser le modèle d'élevage, c'est-à-dire qu'entre un modèle d'élevage intensif où vous allez donner à l'animal des tourteaux de soja, de maïs, si on parle du soja, qui peut être outre-Atlantique, donc finalement avec un impact en termes d'empreintes carbone qui est très important, d'empreintes hydriques également qui va être important", détaille l'expert, exposant les incohérences du système actuel.
L'alternative de l'élevage extensif présente des avantages nutritionnels documentés. "Des bovins nourris à l'herbe, où on sait que déjà le profil en oméga-3, en longues chaînes et en acidérogéniques ne sera pas du tout le même en fonction de l'alimentation de l'animal." Cette optimisation du profil lipidique répond directement aux carences massives en oméga-3 observées dans la population française.
La dimension économique s'avère également favorable aux consommateurs conscients. Anthony Berthou partage une observation surprenante : "Je me suis amusé, entre guillemets, sur Internet à comparer le prix de steak pour ceux qui, encore une fois, mangent de la viande sur une filière courte d'origine biologique versus des steaks que vous achetez en agriculture conventionnelle en grande surface. Parfois, vous avez des produits qui sont moins chers et qui sont de bien meilleure qualité."
Cette révolution de l'élevage nécessite un changement des circuits d'approvisionnement. "Aujourd'hui, grâce à Internet, grâce au développement des réseaux, c'est beaucoup plus facile d'aller trouver un agriculteur près de chez soi qui va faire du bon travail et à qui vous pouvez acheter sa production", encourage l'expert, soulignant l'accessibilité croissante de ces solutions alternatives.
La question de la capacité alimentaire mondiale dans un modèle durable préoccupe légitimement consommateurs et professionnels. Anthony Berthou apporte des éléments de réponse basés sur les données scientifiques les plus récentes et une analyse systémique des enjeux.
"Aujourd'hui, on sait qu'en termes de biocapacité, on est tout à fait à même de nourrir toute la planète au sens des humains", affirme l'expert avec conviction. Cette affirmation s'appuie sur les travaux du rapport EATLANDSAT et les recherches d'experts comme Springman, malgré les biais potentiels liés aux positionnements idéologiques des chercheurs.
Le véritable problème ne réside pas dans la production mais dans la répartition. "Il faut savoir que la problématique est une problématique de répartition plus que d'une problématique de production", précise Anthony Berthou, s'appuyant sur des statistiques éclairantes : "On a à peu près 850 millions de personnes qui sont en état de dénutrition dans le monde. On a 2,2 milliards de personnes qui sont en état de carence nutritionnelle et on a à peu près les mêmes chiffres avec l'obésité et le surpoids."
Cette analyse révèle l'absurdité du système actuel où coexistent carences et excès à l'échelle planétaire. La solution ne passe pas par une augmentation de la production mais par une optimisation de la distribution et une révision des modèles de consommation.
Les limites planétaires constituent cependant un défi majeur. "On a dépassé 6 des 9 limites planétaires. C'est-à-dire qu'on est en dette sur 6 limites, sur 6 critères parmi 9, et 3 de ces critères ont été dépassés il y a quelques années", alerte Anthony Berthou, soulignant l'urgence de la transition.
La transition vers une alimentation durable ne relève pas de l'utopie mais de l'application de principes concrets et accessibles. Anthony Berthou détaille des stratégies pratiques immédiatement applicables par les consommateurs soucieux de cohérence.
La saisonnalité et les circuits courts constituent les fondements de cette approche. "Un discours très généraliste, très générique de dire de manger des produits bruts, des produits de saison par des filières courtes avec le moins d'intrants chimiques", synthétise l'expert, assumant la simplicité apparente de ces recommandations fondamentales.
Le choix des oléagineux illustre parfaitement cette philosophie. "Plutôt que d'aller acheter des amandes californiennes, aller acheter plutôt des amandes européennes, pareil pour les noix du Brésil, de Macadamia ou de Pékin", détaille Anthony Berthou, démontrant l'impact cumulé de choix apparemment mineurs.
Cette approche s'étend aux produits exotiques traditionnellement considérés comme sains. "C'est de manger en conscience des aliments qui mériteraient d'être là de manière occasionnelle, comme je parlais du café, du cacao", nuance l'expert, proposant une consommation réfléchie plutôt qu'un bannissement total.
L'aspect économique constitue souvent un frein psychologique à cette transition. Anthony Berthou déconstruit cette croyance : "Le fait d'aller vers des produits bruts, on a parfois jusqu'à 20% d'économies sur le prix d'un panier moyen par rapport à des produits ultra transformés", révélant les bénéfices financiers insoupçonnés de cette approche.
Anthony Berthou développe un concept de jardinage comme intervention thérapeutique globale. Cette approche holistique dépasse largement la simple production alimentaire pour englober de multiples dimensions du bien-être.
"Moi, je dis souvent que le potager, c'est le premier médicament", affirme l'expert, justifiant cette position par une analyse multifactorielle des bénéfices. L'activité physique régulière inhérente au jardinage répond aux recommandations sanitaires contemporaines dans un cadre naturel et motivant.
La synthèse de vitamine D constitue un bénéfice majeur souvent négligé. "Vous allez avoir une synthèse de vitamine D, puisqu'on sait qu'aujourd'hui, c'est une problématique chez beaucoup de personnes", souligne Anthony Berthou, abordant une carence massive dans la population française.
La dimension nutritionnelle s'optimise naturellement : "Vous allez avoir des légumes avec peu d'intrants, donc avec plus de polyphénol". Cette richesse en composés bioactifs découle directement du stress bénéfique subi par les végétaux dans un environnement moins artificialisé.
L'impact psychologique du jardinage mérite une attention particulière. "Vous allez mettre les mains dans la terre, vous allez penser à autre chose", observe l'expert, identifiant un mécanisme naturel de gestion du stress et de reconnection à l'environnement.
Cette approche présente une dimension sociale et intergénérationnelle significative. "Pour des personnes âgées ou autres, c'est un bon moyen, effectivement, de leur permettre de bouger", note Anthony Berthou, soulignant l'adaptabilité de cette intervention à différents profils et besoins.
L'abondance d'informations nutritionnelles contradictoires nécessite le développement d'un esprit critique affûté. Anthony Berthou partage sa méthodologie pour naviguer dans cette complexité informationnelle croissante.
"Je n'aurai jamais la prétention d'avoir la vérité absolue sur ça, mais j'ai envie de dire déjà, c'est l'humilité", pose l'expert comme principe fondamental. Cette humilité intellectuelle s'impose face à l'évolution constante des connaissances scientifiques.
L'acceptation de l'incertitude devient une force. "C'est-à-dire qu'on peut effectivement être dans le juste aujourd'hui, et demain, en fonction de l'évolution de la science, on aura des données qui seront remises en question", explique Anthony Berthou, valorisant l'adaptabilité intellectuelle.
La formation de l'esprit critique passe par la confrontation d'expertise multiples. "Remettez en question mes propres conseils ou mes propres données, parce que c'est en développant son esprit critique que justement on va se forger son propre raisonnement", encourage l'expert, prônant l'autonomie intellectuelle.
Cette démarche nécessite du temps et de la patience. "Vous allez peut-être écouter un expert, et puis un deuxième, et puis un troisième, et vous verrez peut-être des incohérences qui se développeront, et à l'inverse, des convergences. Et ça, c'est par le temps qu'on acquiert aussi cette capacité d'analyse", détaille Anthony Berthou.
L'analyse critique des sources constitue une compétence fondamentale. "Quand vous avez des discours d'experts, etc., en qui vous avez confiance, il ne s'agit pas de remettre en question la confiance, mais de ne pas prendre, encore une fois, pour acquis ces données-là, c'est-à-dire d'aller chercher les études qui sont citées en référence", recommande l'expert.
L'abondance d'informations nutritionnelles contradictoires nécessite le développement d'un esprit critique affûté. Anthony Berthou partage sa méthodologie pour naviguer dans cette complexité informationnelle croissante.
"Je n'aurai jamais la prétention d'avoir la vérité absolue sur ça, mais j'ai envie de dire déjà, c'est l'humilité", pose l'expert comme principe fondamental. Cette humilité intellectuelle s'impose face à l'évolution constante des connaissances scientifiques.
L'acceptation de l'incertitude devient une force. "C'est-à-dire qu'on peut effectivement être dans le juste aujourd'hui, et demain, en fonction de l'évolution de la science, on aura des données qui seront remises en question", explique Anthony Berthou, valorisant l'adaptabilité intellectuelle.
La formation de l'esprit critique passe par la confrontation d'expertise multiples. "Remettez en question mes propres conseils ou mes propres données, parce que c'est en développant son esprit critique que justement on va se forger son propre raisonnement", encourage l'expert, prônant l'autonomie intellectuelle.
Cette démarche nécessite du temps et de la patience. "Vous allez peut-être écouter un expert, et puis un deuxième, et puis un troisième, et vous verrez peut-être des incohérences qui se développeront, et à l'inverse, des convergences. Et ça, c'est par le temps qu'on acquiert aussi cette capacité d'analyse", détaille Anthony Berthou.
L'analyse critique des sources constitue une compétence fondamentale. "Quand vous avez des discours d'experts, etc., en qui vous avez confiance, il ne s'agit pas de remettre en question la confiance, mais de ne pas prendre, encore une fois, pour acquis ces données-là, c'est-à-dire d'aller chercher les études qui sont citées en référence", recommande l'expert.
Les recherches scientifiques contemporaines valident les intuitions anciennes concernant la supériorité nutritionnelle de l'agriculture biologique. Anthony Berthou analyse ces données avec la rigueur d'un expert formé à l'analyse critique de la littérature scientifique.
"Quand on regarde les méta-analyses aujourd'hui, le critère commun qui ressort systématiquement, en termes de différence entre le bio et le conventionnel, c'est que les fruits et les légumes bio ont beaucoup plus de polyphénols", expose l'expert, s'appuyant sur les données les plus robustes disponibles.
Le mécanisme biologique expliquant cette richesse s'avère fascinant. "Ce sont des composés qui répondent à ce qu'on appelle des stress biotiques, c'est-à-dire des stress comme la sécheresse, comme la chaleur, comme la lutte contre les infections", détaille Anthony Berthou, révélant la logique adaptative derrière cette optimisation nutritionnelle.
Cette adaptation forcée génère des bénéfices quantifiables. "Le végétal, il doit se débrouiller tout seul. Il doit apprendre à se défendre. Et par voie de conséquence, il a beaucoup plus de polyphénols", explique l'expert, démontrant la corrélation directe entre stress environnemental et richesse phytochimique.
Les différences observées dépassent largement les variations habituelles. "Ça peut être de 40-50% d'être des teneurs sur certains polyphénols, à 300-400% plus importantes dans des produits avec une agriculture qui est plus cohérente", quantifie Anthony Berthou, illustrant l'ampleur de l'optimisation nutritionnelle possible.
Cette convergence entre bénéfices nutritionnels et environnementaux valide l'approche systémique. "On a une réponse écologique d'un côté, on a aussi une réponse nutritionnelle. Et c'est ça qui est très rassurant", conclut l'expert, démontrant la cohérence de sa méthodologie intégrative.
Ressources mentionnées :
Cette approche révolutionnaire de la nutrition durable démontre qu'il est possible de réconcilier santé individuelle et respect planétaire. Les solutions existent, documentées scientifiquement et applicables immédiatement. Il ne manque que la volonté collective de les adopter massivement.
Comment mieux manger ? Mieux manger pour soi, pour sa santé, pour son équilibre de base mais aujourd'hui ça me permet de rebondir un petit peu sur
le deuxième chapitre que je voulais aborder avec vous pour notre planète parce qu'on sait
aujourd'hui que ce qu'on met dans notre assiette a énormément d'impact sur la planète vu que
c'est quand même quelque chose qu'on fait deux ou trois fois par jour en fonction des
personnes tous les jours. Donc ce petit acte quotidien il a un impact à plus grande échelle et
vous en parlez du coup énormément dans votre livre, vous avez fait tout un livre sur le sujet qui
s'appelle « Traité de la pleine santé par l'alimentation durable ». C'est un livre que vous l'avez
dit un petit peu déjà au début, j'ai été un peu regarder, qui est très très bien documenté.
Avant de rentrer peut-être dans ce sujet là, est-ce que vous pouvez expliquer le process par
lequel vous avez dû passer pour écrire ce livre ? Parce que j'imagine que ça a vraiment dû être
un travail de longue haleine. Oui, c'est là où je parlais tout à l'heure, notamment mon
enseignement à l'EPFL qui a été pour moi un virage à 180 degrés, c'est-à-dire que j'ai
commencé avec une vision, j'ai envie de dire consensuelle, universitaire de la nutrition parce
que je sortais de mes études et en fait on a cette vision très diététique, macronutritionnelle,
donc je resitue là tout début des années 2000. Après je me suis intéressé énormément à la
micronutrition.
Mon premier début sur le sujet date de 2003 également, donc ça fait une vingtaine d'années là
où c'était quand même assez marginal à l'époque. Et le problème de la micronutrition à mon
sens, c'est que c'est parfois devenu, ce que j'appelle de manière un peu provocatrice,
l'allopathie de la nutrition, c'est-à-dire qu'on va se focaliser sur le micronutriment et on a
tendance à oublier un certain nombre de facteurs qui peuvent être essentiels et notamment
l'importance de la matrice alimentaire. Donc ça c'est un autre aspect, mais aujourd'hui on a
quand même de plus de documentations au niveau scientifique qui montrent l'impact de
l'organisation structurelle de l'aliment sur la biodisponibilité des nutriments et puis sur les
interactions qui peuvent exister, soit par des antagonismes, soit par des agonismes.Donc en fait le simple fait de regarder la composition en micronutriments d'un aliment ou d'un
complément alimentaire ne suffit pas à caractériser la qualité de l'aliment en tant que tel. Et
c'est vrai qu'en micronutrition on a tendance à se focaliser, on est tombé un peu dans le même
travers que celui qu'on reprochait à la diététique encore une fois à la fin des années 90. Donc
c'est vrai que j'avais pris un peu de hauteur par rapport à ça et je ne vois pas la micronutrition
comme quelque chose de négatif, bien au contraire, la supplémentation peut être très utile, elle
a vraiment son intérêt dans le cadre d'une consultation, d'un rapport, mais il ne s'agit pas du
tout d'occulter le bénéfice du complément mais juste de le resituer dans une réflexion
beaucoup plus globale et je parle souvent de ma troisième révolution qui a été cette approche
un peu plus systémique où effectivement, quand j'ai commencé à intégrer les paramètres
écologiques dans les recommandations alimentaires, j'ai connu l'éco-anxiété qu'on évoque
pour beaucoup, d'ailleurs le dernier rapport du GIEC considère l'éco-anxiété comme un
élément important à considérer au-delà des impacts sur la biodiversité, etc.
(4:26 - 5:58)
Et puis une fois qu'on sort un peu de ce constat-là, c'est dire quels leviers on peut actionner
pour faire en sorte d'améliorer la situation et de mon côté c'est vrai que la recommandation
nutritionnelle c'est pour moi mon coeur d'activité en tant que tel, donc c'était venir intégrer ces
données-là, la partie toxicologique également, j'en parlais tout à l'heure, pour moi le trépied
vraiment important sur les recommandations alimentaires, c'est la partie toxicologique, la
partie nutritionnelle et la partie écologique. Il y a d'autres aspects qui interviennent, mais je ne
vais pas dire que c'est les seuls, mais en tout cas c'est pour moi les prioritaires aujourd'hui et
c'est vrai que quand j'ai commencé ce livre, je ne savais pas si j'allais commencer par, si j'allais
faire un livre de quelques centaines de pages pour des professionnels ou du grand public et en
fait c'est à me plonger dans la littérature que je me suis perdu aussi beaucoup, au sens où je
suis rentré dans des mécanismes extrêmement subtils, extrêmement complexes et puis un
mécanisme amène à comprendre un autre mécanisme qui amène à comprendre un autre etc
et c'est comme ça que j'en ai eu pour dix ans de recherche et d'écriture et à un moment donné
il faut bien s'arrêter parce que sinon j'y serais encore. Il y aura une autre édition probablement
dans quelques temps, mais c'est long dix ans.
C'est très très long. Surtout que je me dis qu'il y a des choses qui ont dû évoluer aussi pendant
l'écriture du livre. Quand vous avez commencé, quand vous avez terminé.
(5:58 - 7:40)
C'est ça, entre ce que j'ai commencé à écrire et puis à la fin, il y avait déjà effectivement des
évolutions, mais en fait pour répondre à votre question, c'est le fait de vraiment plonger
complètement dans la littérature de manière la plus précise possible sur tous les critères qui
m'a permis de développer cette vision-là et puis surtout comment relier les éléments entre eux,
c'est-à-dire quelles recommandations on peut en faire au final, comment créer des ponts dans
tout ça parce qu'effectivement on peut devenir un expert en toxicologie, un expert en écologie,un expert en nutrition, mais ce qui va être à mon sens pertinent, c'est qu'on va être capable de
manière transverse d'intégrer toutes ces données pour en émettre quelque chose qui soit utile
pour le patient, pour la plupart. Et dans le livre, vous en parlez, quels sont les grands pièges
aujourd'hui, les pièges actuels à notre pleine santé que vous écrivez ? Déjà, sur ce que je viens
d'évoquer, c'est-à-dire de se focaliser sur un des trois axes, soit que le versant écologique, et
c'est là où c'est parfois fortement critiqué, au sens où vous avez des recommandations
écologiques qui ne sont pas compatibles avec le statut nutritionnel de beaucoup de personnes,
sans rentrer dans le végétalisme, le véganisme, etc. C'est un autre sujet, on l'abordera si vous le
souhaitez, mais c'est parce qu'on en entend beaucoup parler à ce niveau, de la même façon au
niveau nutritionnel, si on en est à recommander de l'avocat en grande quantité, parce que c'est
un aliment qui, nutritionnellement, est très intéressant.
(7:40 - 8:31)
Si on va conseiller du saumon, parce qu'il y a beaucoup d'oméga-3, et 98% de la population
française manque d'oméga-3 à longue chaîne. Mais on peut aussi extrapoler cette
problématique aux sardines, aux macros, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, on parle beaucoup des
petits poissons grains, moi le premier, et c'est très bien, sauf que si on regarde la partie
nutritionnelle, on peut se dire que consommer des sardines tous les jours est quelque chose de
plutôt très cohérent, sauf qu'en termes d'écologie, de biodiversité, on aurait des impacts à
l'échelle de la collectivité qui ne seraient pas du tout cohérents à ce niveau-là. On peut rajouter
la partie éthique sociale, c'est-à-dire qu'on a aujourd'hui des aliments qui sont
nutritionnellement très intéressants, comme le cacao, comme le café, on peut parler des noix
de cajou, etc.
(8:32 - 9:01)
Sauf que quand on regarde les conditions de culture, les conditions de récolte, etc. C'est des
conditions qui ne sont pas forcément là aussi très cohérentes d'un point de vue éthique. Oui, et
on reviendra après sur tout l'ensemble, mais là, c'est juste pour rentrer peut-être un petit peu
dans le détail sur ce fameux équilibre à trouver au niveau protéines, parce qu'on a besoin de
protéines pour démarrer la journée, pour ceux qui mangent le matin.
(9:02 - 10:12)
Personnellement, je ne mange pas le matin. Je vous ai entendu parler aussi du gel
intermédiaire, on ne va peut-être pas en rentrer concrètement là-dedans, mais en tout cas, on
sait que je ne parle pas d'excès protéique, mais l'apport en protéines, on entend ça de plus en
plus, à quel point c'est important d'avoir au moins un apport correct en protéines. Vous pouvez
peut-être juste resituer ce que c'est un apport correct, mais ma question, c'est surtout
comment est-ce qu'on trouve un équilibre justement dans cet apport de protéines, en sachant
qu'il y a certaines contraintes environnementales qu'il faut respecter aujourd'hui ? Oui, alors
c'est une très bonne question, mais qui amène à plein de développements, mais déjà pour
resituer sur les besoins en protéines, on a cette recommandation en tête d'à peu près 0,8grammes de protéines par kilo de poids corporel, qui est plus un besoin vital et qui n'est pas
forcément très cohérent avec notre mode de consommation actuel, parce qu'effectivement, ça
sous-entendrait d'avoir un aminogramme, donc un profil en acides aminés qui soit excellent au
niveau de notre alimentation, d'avoir très peu de dénaturation protéique, notamment par
rapport au mode de cuisson.
(10:13 - 10:35)
C'est pour ça que très souvent, on est plutôt sur la recommandation minimale de 1 gramme à 1
gramme 2 de protéines par kilo de poids corporel. On parle des sportifs, là, on va être plutôt
sur 1 gramme 3, 1 gramme 5 à peu près. Après, c'est un sujet qui est intéressant parce que si
on se place à l'échelle de la santé, on peut tout à fait conseiller à quelqu'un de manger 1
gramme 6, 1 gramme 5 de protéines par kilo.
(10:35 - 10:52)
Il n'y a pas de problématique délétère, il n'y a pas d'effet délétère au sens où on ne mange pas
trop de protéines à cette quantité-là. Par contre, est-ce que de la recommander à l'échelle de
toute la population, c'est effectivement compatible avec d'autres enjeux ? Oui et non. Alors, 1
gramme 5, non, très clairement.
(10:53 - 11:10)
Mais on voit que sur des apports à 1 gramme, 1 gramme 2, oui, c'est tout à fait possible à
condition de revoir le modèle. Je vais en parler après. Mais spontanément, en France,
aujourd'hui, la moyenne, elle est plutôt 1 gramme 3, 1 gramme 4. Après, c'est une moyenne, ce
n'est pas une médiane.
(11:12 - 11:36)
Vous avez des gens qui mangent beaucoup plus de protéines que ces quantités-là, et beaucoup
de personnes qui en manquent. C'est pour ça que ça peut être un terrain glissant quand on
parle de moyenne, et notamment sur le sujet des protéines, parce qu'on voit des disparités qui
sont fortes. Si on dit que tous les Français mangent des quantités suffisantes en protéines, on
peut tomber dans un constat qui est faux.
(11:36 - 12:01)
C'est vraiment à recontextualiser en fonction de la personne et pas rester à l'échelle des
statistiques de population. Mais là, pareil, à l'échelle moyenne, on est à deux fois plus de
protéines animales que de protéines végétales. On a un rapport, ce qu'on appelle PA sur PV, de
2, là où un rapport, un ratio de 1, c'est-à-dire autant de protéines végétales que de protéines
animales, est tout à fait compatible avec une bonne santé.
(12:01 - 12:36)Donc, en fait, si déjà on réduisait à peu près un gramme, un gramme deux, les apports en
protéines, qu'on révisait le ratio protéines animales sur protéines végétales, on estime qu'on
aurait un gain sur le critère des émissions de gaz à effet de serre, parce qu'en fait, il y a neuf
limites planétaires qui ont été définies au-delà du réchauffement climatique, des émissions de
gaz à effet de serre. Mais je vais rester sur ce critère-là. On estime qu'on aura une économie
entre 12 et 20 % en fonction des modèles, ce qui est, sur la part protéiques, ce qui est bien sûr
très important.
(12:36 - 12:52)
Donc, déjà, de favoriser la réintégration des protéines végétales, c'est-à-dire des légumineuses,
des produits céréaliers, des oléagineux. Alors après, on peut parler d'oxalate, on peut parler de
facteurs antinutritionnels. C'est un autre sujet qu'on pourra, je le mets de côté volontairement,
si on ne va pas se perdre.
(12:52 - 13:36)
On en a à la fin de l'épisode pour ceux qui veulent aller voir son autre chaîne. OK, je vais mettre
de côté ce critère, non pas qu'il ne soit pas important, mais parce que, juste pour aller jusqu'au
bout de ce raisonnement à ce niveau-là, étant entendu qu'on a des précautions à prendre. Mais
on peut réduire effectivement la part animale par ailleurs et puis surtout réviser le modèle
d'élevage, c'est-à-dire qu'entre un modèle d'élevage intensif où vous allez donner à l'animal des
tourteaux de soja, de maïs, si on parle du soja, qui peut être outre-Atlantique, donc finalement
avec un impact en termes d'empreintes carbone qui est très important, d'empreintes hydriques
également qui va être important.
(13:37 - 14:12)
On ne peut pas comparer du tout ce modèle-là avec des produits issus d'élevages extensifs,
avec des bovins nourris à l'herbe, où on sait que déjà le profil en oméga-3, en longues chaînes
et en acidérogéniques ne sera pas du tout le même en fonction de l'alimentation de l'animal.
L'impact écologique ne va pas être le même du tout. Donc en fait, en revoyant ce modèle, on a
la possibilité d'avoir un impact écologique beaucoup moins important, d'avoir une meilleure
qualité nutritionnelle, c'est ce qui est intéressant, et donc de revoir effectivement le calibrage
entre protéines animales et protéines végétales.
(14:13 - 14:26)
Et c'est un levier qui est majeur. Je ne sais pas si je réponds à la question sur les protéines. Mais
en fait, c'est un peu toujours une question que j'ai et un débat que je peux avoir avec les
personnes autour de moi, notamment avec mon épouse.
(14:27 - 14:55)
Est-ce que c'est possible de nourrir toute la planète dans ce modèle-là ? Parce que oui, en effet,si moi je réduis ma production de viande et que je vais acheter chez un agriculteur local ou des
magasins aujourd'hui qui travaillent plus à échelle locale. En effet, mon impact à moi, il est
réduit. Je vais peut-être payer un peu plus cher ma viande, mais au final, vu que je la diminue
par deux, ça revient au même.
(14:55 - 15:09)
Ça peut fonctionner. Mais est-ce que ce modèle-là peut fonctionner à plus grande échelle ? Ce
pourquoi on arrivait vers l'elfage intensif, c'était il faut nourrir plus de personnes. Du coup, on
change un peu le modèle.
(15:09 - 15:16)
Maintenant, on se rend compte qu'il faut revenir vers un modèle plus traditionnel. Et c'est
vraiment une question que je me pose. Il n'y a pas de piège dans la question.
(15:17 - 15:31)
Je ne sais pas si on a des données là-dessus. Quel est votre ressenti aussi ? Je trouve que c'est
une question que je me pose souvent et qui vient souvent lors de débats. Oui, mais c'est une
bonne question.
(15:31 - 15:43)
Oui, des données, on en a beaucoup. Alors, on a le rapport EATLANDSAT qui commence à dater
puisque c'est un consensus d'une cinquantaine d'experts qui a été publié en 2019, qui a été
révisé. Donc là, on a des données un petit peu nouvelles.
(15:43 - 16:04)
Il y a déjà eu une republication intermédiaire et on a une nouvelle qui arrive. Mais on a des
auteurs comme Springman, par exemple, qui a beaucoup publié sur le sujet, alors qu'il lui est
très défenseur de l'alimentation végétale. Donc, il y a parfois des biais aussi par rapport au
propre positionnement des experts sur le sujet.
(16:04 - 16:23)
Mais aujourd'hui, on sait qu'en termes de biocapacité, on est tout à fait à même de nourrir
toute la planète au sens des humains. Il faut savoir que la problématique est une
problématique de répartition plus que d'une problématique de production. On a à peu près 850
millions de personnes qui sont en état de dénutrition dans le monde.
(16:23 - 16:48)
On a 2,2 milliards de personnes qui sont en état de carence nutritionnelle et on a à peu près les
mêmes chiffres avec l'obésité et le surpoids. Donc, on voit qu'il y a des courbes qui sont assezparallèles l'une par rapport à l'autre, avec des excès d'un côté et des déficits de l'autre. Donc,
déjà, la question, c'est la notion de l'accès à l'alimentation, avant de parler de la capacité de la
planète à produire suffisamment de calories.
(16:48 - 17:15)
Et effectivement, si on reste sur un modèle d'alimentation ultra transformé, de modèle intensif
à consommer des produits de l'autre bout du monde, sous prétexte qu'ils sont bio, qu'ils vont
être sous cellophane quand ils vont arriver en supermarché pour les distinguer de l'équivalent
en agriculture conventionnelle, etc. Là, on va vite voir les limites et c'est pour ça qu'on ne peut
pas regarder les choses avec un angle. Il faut vraiment voir l'ensemble.
(17:16 - 17:42)
Et sur des modèles de filière courte, avec des modèles plutôt extensifs, on peut parler
d'agroécologie ou autre. Là aussi, on sait que nutritionnellement, ça a des impacts qui sont
positifs, notamment sur les densités en polyphénol pour les végétaux. Donc, d'effectivement
accepter qu'on n'a pas forcément besoin de consommer 10 cafés par jour, de manger une
tablette de chocolat, de manger de la mangue, je caricature, bien sûr, je provoque quand je dis
ça.
(17:43 - 18:16)
Mais en fait, on a besoin de réformer certains choix alimentaires qui sont tout à fait cohérents
nutritionnels pour permettre d'avoir quelque chose de cohérent à l'échelle planétaire. Mais sur
la question protéique, actuellement et dans les projections 2050, même si c'est aujourd'hui une
dimension qui est assez galvaudée, oui, c'est possible. Par contre, ça demande de revoir
rapidement, en profondeur et de manière collective, un certain nombre de facteurs, ce qu'on
ne fait pas.
(18:16 - 18:44)
Et malheureusement, on parle beaucoup du réchauffement climatique, des émissions de gaz à
effet de serre, mais on peut parler de l'eutrophisation des sols, on peut parler de la disponibilité
en phosphore, en azote, de l'empreinte hydrique. Encore une fois, dans les limites en termes de
biocapacité, on a dépassé 6 des 9 limites planétaires. C'est-à-dire qu'on est en dette sur 6
limites, sur 6 critères parmi 9, et 3 de ces critères ont été dépassés il y a quelques années.
(18:44 - 19:08)
Donc, en fait, on voit une sorte d'accélération du système. Et donc, on a un certain nombre de
modèles résilients qui peuvent être mis en place. La difficulté, c'est qu'on ne le fait pas, on ne le
fait pas à l'échelle collective.
Donc, on accentue encore la difficulté à pouvoir y répondre dans les décennies. Mais oui, on atout à fait des possibilités. Après, c'est pour ça que ça demanderait du développement.
(19:08 - 19:23)
Je suis peut-être un peu abstrait, mais je réponds à ça. Vous parlez d'action alimentaire de
terrain, je pense, dans le livre. Est-ce que, justement, vous avez quelques-uns de ces leviers
pour changer les habitudes collectives ? Ça permettra d'être peut-être un peu plus concret.
(19:23 - 19:56)
Alors déjà, on a vu la question des protéines avec le fait d'avoir plutôt des modèles d'élevage
extensifs au niveau du choix des produits animaux pour ceux qui en consomment, d'aller vers
des filières courtes. Aujourd'hui, grâce à Internet, grâce au développement des réseaux, c'est
beaucoup plus facile d'aller trouver un agriculteur près de chez soi qui va faire du bon travail et
à qui vous pouvez acheter sa production. Ce qui fait que lui, ça va lui garantir aussi un revenu
qui sera plus important puisqu'il y aura moins de marge.
(19:56 - 20:28)
Vous allez manger en fonction de la saisonnalité et vous regardez des... Je me suis amusé, entre
guillemets, sur Internet à comparer le prix de steak pour ceux qui, encore une fois, mangent de
la viande sur une filière courte d'origine biologique versus des steaks que vous achetez en
agriculture conventionnelle en grande surface. Parfois, vous avez des produits qui sont moins
chers et qui sont de bien meilleure qualité. C'est sûr que ça demande un effort de revoir le
circuit d'achat.
(20:28 - 20:47)
Après, une fois que cet effort est fait, on tombe aussi dans une sorte de routine. On a ces
repères qui fait que ça devient quelque chose de beaucoup plus simple. Mais un discours très
généraliste, très générique de dire de manger des produits bruts, des produits de saison par
des filières courtes avec le moins d'intrants chimiques.
(20:48 - 21:08)
Encore une fois, c'est très basique quand je dis ça, mais c'est pourtant des clés qui sont
essentielles et c'est de manger en conscience des aliments qui mériteraient d'être là de
manière occasionnelle, comme je parlais du café, du cacao. Alors on peut parler du cagnum,
etc. Voilà, c'est des portes ouvertes sur plein d'autres sujets.
(21:08 - 21:25)
Mais là, je reste sur le côté écologique. Je parlais des noix de cajou, de l'avocat, etc. Des
amandes, plutôt que d'aller acheter des amandes européennes, des amandes californiennes,
aller acheter plutôt des amandes européennes, plutôt que de manger des noix du Brésil, de
Macadamia ou de Pékin.(21:25 - 21:49)
Effectivement, manger des noisettes locales, des noix du Périgord, manger des amandes
européennes, etc. C'est plein de petits changements mis de bout à bout, mais qui ont des
impacts qui sont très positifs pour le coup. Et je parlais des légumineuses, par exemple, c'est
vrai que c'est des apports protéiques qui sont intéressants, qui peuvent être tout à fait
complémentaires à des apports animaux que j'ai indiqués.
(21:50 - 22:03)
Donc oui, en fait, on a plein de leviers sur lesquels agir. La difficulté, c'est le changement. Et on
est dans une société, aujourd'hui, on a vraiment créé la facilité c'est-à-dire qu'on a accès à tout,
tout de suite et tout le temps.
(22:05 - 22:23)
Et donc, ça a beaucoup de pratiques, ça a plein d'avantages en soi. Mais c'est aussi, finalement,
des produits qui ne sont pas forcément cohérents avec les enjeux qu'on évoque ici. Donc, de
revaloriser les filières agricoles, notamment autour de chez soi.
(22:23 - 22:34)
Bien sûr, ça dépend de la zone dans laquelle on s'y utilise. Il y aurait plein de nuances à
apporter. Mais on voit que c'est des leviers qui sont quand même fortement actionnables.
(22:34 - 23:01)
Et même au niveau économique, là où on considère que ça coûte plus cher. On n'a pas des
publications, parce que scientifiquement, en fait, on ne va pas regarder cette notion
économique d'aspect prix. Mais sur des associations consommateurs, etc., on a beaucoup de
données qui montrent que le fait d'aller vers des produits bruts, on a parfois jusqu'à 20%
d'économies sur le prix d'un panier moyen par rapport à des produits ultra transformés.
(23:01 - 23:18)
Et en limitant ces produits ultra transformés, on va avoir un impact positif sur ce qu'on a
évoqué, mais aussi sur la matrice alimentaire, puisqu'en fait, ce sont des aliments qui sont
complètement déstructurés. Et c'est ça qui est très rassurant. C'est qu'en fait, les réponses
convergent vers quelque chose de bon sens.
(23:18 - 23:42)
C'est pour ça qu'un livre s'appelle « Du bon sens dans notre assiette ». C'est-à-dire de revenir à
des éléments qui peuvent paraître très simples, mais qui ont finalement beaucoup de sens
actuellement. Et on parle des oméga-3 en revalorisant... Alors, il y a l'exemple de Bleu
Blanqueur, où effectivement, on voit que sur ce modèle, on a une économie, si je n'ai pas debêtises, sur les émissions de gaz à effet de serre de l'ordre de 18%. Donc, c'est quand même
moins d'être négligeable.
(23:43 - 23:56)
On a un ratio oméga-3 sur oméga-6 qui est beaucoup plus intéressant. Donc, on répond aussi à
une problématique d'ordre nutritionnel. On peut parler des polyphénols avec l'alimentation bio
versus l'alimentation conventionnelle.
(23:56 - 24:24)
Quand on regarde les méta-analyses aujourd'hui, le critère commun qui ressort
systématiquement, en termes de différence entre le bio et le conventionnel, c'est que les fruits
et les légumes bio ont beaucoup plus de polyphénols, puisque ce sont des composés qui
répondent à ce qu'on appelle des stress biotiques, c'est-à-dire des stress comme la sécheresse,
comme la chaleur, comme la lutte contre les infections. Donc, en fait, le végétal, il doit se
débrouiller tout seul. Il doit apprendre à se défendre.
(24:24 - 24:42)
Et par voie de conséquence, il a beaucoup plus de polyphénols. Donc, quand vous allez
favoriser une agriculture qui est locale, avec peu d'intrants et des végétaux qui ont été soumis
justement à ces stress, vous avez une quantité de polyphénols. Alors, on estime, c'est très
variable en fonction des types de végétaux, des types de sols, etc.
(24:42 - 25:02)
Mais ça peut être de 40-50% d'être des teneurs sur certains polyphénols, à 300-400% plus
importantes dans des produits avec une agriculture qui est plus cohérente. Donc, on a une
réponse écologique d'un côté, on a aussi une réponse nutritionnelle. Et c'est ça qui est très
rassurant.
(25:02 - 25:17)
Et donc, on voit que donner des conseils de bon sens, finalement, peuvent avoir des effets bien
plus positifs que ce qu'on pourrait imaginer. Et parfois, il n'y a pas besoin d'aller chercher des
modèles très extrêmes. Oui, c'est sûr.
(25:18 - 25:28)
Au final, ça va être en cascade. Quand on va essayer d'aller chercher quelque chose chez un
producteur local, il se fait que forcément, il va falloir transformer soi-même. Ce ne sera pas déjà
transformé.
(25:29 - 25:39)Et donc, tout ça fonctionne un peu main dans la main. Je vous coupe, mais juste pour conclure
dans ce que vous dites. Moi, je dis souvent que le potager, c'est le premier médicament.
(25:39 - 25:53)
Si on a un potager chez soi, on va devoir bouger. Alors, on n'a pas parlé de l'importance de
bouger, on a juste évoqué le critère microbiote, mais là aussi, c'est un long sujet. On va avoir
une synthèse de vitamine D, puisqu'on sait qu'aujourd'hui, c'est une problématique chez
beaucoup de personnes.
(25:54 - 26:06)
Vous allez avoir des légumes avec peu d'intrants, donc avec plus de polyphénol. Vous allez
mettre les mains dans la terre, vous allez penser à autre chose. Pour des personnes âgées ou
autres, c'est un bon moyen, effectivement, de leur permettre de bouger.
(26:06 - 26:40)
Donc, en fait, avec quelque chose de tout simple, qui est la mise en place même d'un mini
potager, on voit qu'on actionne plein de leviers qui sont positifs. Et je trouve que ça mériterait
d'être davantage médiatisé, même si ce n'est pas un modèle qui paraît miraculeux et entre
guillemets, qui fait rêver de prime abord. Et je pense qu'en plus de ça, c'est quelque chose qui
peut être un outil à l'enseignement aussi, puisqu'on sait que dans les grands leviers, il y a
évidemment aussi l'enseignement, être éduqué sur le sujet quand on est jeune.
(26:41 - 27:11)
Je crois que les potagers, je ne sais pas si c'est quelque chose dont vous avez parlé dans le livre
ou un des exemples de modèles qui fonctionnent, de venir inclure ça dans l'enseignement
aussi. Personnellement, j'ai un ami qui était sur un projet à l'époque où il venait mettre des
potagers dans les écoles. Oui, mais quand vous voyez que la plupart des enfants ne savent pas
reconnaître aujourd'hui des légumes ou des fruits au sens d'une betterave, d'une courgette,
etc.
(27:11 - 27:37)
Et encore, là, je cite les légumes les plus courants, mais on a effectivement un besoin plus que
prioritaire, qui est aussi un autre sujet, qui est la notion d'éducation nutritionnelle et en
particulier des enfants. Donc, je vous rejoins complètement sur l'impact du fameux potager.
Peut-être une dernière question avant de vous laisser, parce que dans le livre, vous dénoncez
aussi pas mal les discours extrêmes.
(27:37 - 27:47)
Et comme on disait en début d'épisode, on entend parler de tout et de son contraire. Et ce n'est
pas forcément avec une intention qui est négative. C'est juste que les choses évoluentbeaucoup.
(27:47 - 27:54)
On ne sait pas toujours tout sur tout. On n'est pas au courant de tout, même au niveau de la
science. La science est encore évoluée, elle est encore en train d'évoluer.
(27:54 - 28:35)
Et donc, je voulais vous demander un petit peu, pour ceux qui nous écoutent, quelques clés que
vous donneriez pour réussir à créer son parcours, son propre chemin, sa nutrition
personnalisée, mais tout en étant capable d'évaluer un peu la fiabilité d'un conseil ou comment
un peu discerner le vrai du faux, et ce qu'il faut écouter et ce qu'il ne faut pas écouter. Je n'aurai
jamais la prétention d'avoir la vérité absolue sur ça, mais j'ai envie de dire déjà, c'est l'humilité.
Et ça, je le redis souvent, être très humble par rapport à un constat du moment.
(28:35 - 28:57)
C'est-à-dire qu'on peut effectivement être dans le juste aujourd'hui, et demain, en fonction de
l'évolution de la science, on aura des données qui seront remises en question. Et c'est très bien,
puisque c'est synonyme justement d'évolution. Et ça, pour moi, c'est encore une fois très positif
de jamais prendre comme acquis des éléments.
(28:58 - 29:36)
J'ai un organisme de formation dont je vous parlais, j'enseigne aujourd'hui énormément, et je le
dis tout le temps, remettez en question mes propres conseils ou mes propres données, parce
que c'est en développant son esprit critique que justement on va se forger son propre
raisonnement. Et vous allez peut-être écouter un expert, et puis un deuxième, et puis un
troisième, et vous verrez peut-être des incohérences qui se développeront, et à l'inverse, des
convergences. Et ça, c'est par le temps qu'on acquiert aussi cette capacité d'analyse.
(29:37 - 30:13)
Effectivement, je ne suis pas contre un modèle en soi. Par contre, j'amène souvent à la
prudence vis-à-vis des modèles extrêmes, parce que plus on a quelque chose de miraculeux, de
court terme, et plus on a envie d'y croire, et plus on va vers ce type de recommandations, alors
que quand on regarde les choses, en général, ce n'est pas forcément la direction la plus
pertinente. Donc effectivement, faire attention à tous ces modèles extrêmes, essayer de
discerner au maximum les dogmes, les croyances, parce qu'il y en a beaucoup dans ce monde-
là.
(30:14 - 31:02)
Effectivement, de regarder quelles sont les sources qui sont données par un professionnel. Et
là, je parle peut-être au professionnel vraiment, d'ailleurs à ce niveau, mais quand vous avezdes discours d'experts, etc., en qui vous avez confiance, il ne s'agit pas de remettre en question
la confiance, mais de ne pas prendre, encore une fois, pour acquis ces données-là, c'est-à-dire
d'aller chercher les études qui sont citées en référence et de voir effectivement quel est le
design de cette étude, qu'est-ce qu'elle dit réellement, parce que souvent, il y a des décalages
entre ce qu'on entend de la part d'un enseignant et ce qui est dit réellement. Et ça, ça sous-
entend une lacune, à mon sens, qui est la capacité d'analyse de la littérature scientifique.
(31:02 - 31:27)
C'est-à-dire que dans la plupart des professions de santé, les parcours de formation des
professions de santé, on a un petit peu de littérature scientifique, de lecture de littérature, mais
finalement, pas assez. En tout cas, il y a besoin de se former beaucoup plus. Et en fait, le
premier conseil que je donne toujours à ce niveau-là, c'est de lire, de lire, de lire et encore de
lire.
(31:27 - 31:58)
En fait, c'est vraiment l'expérience de la lecture, et là, je parle en particulier des publications,
qui va permettre de mieux comprendre le design, c'est-à-dire la façon dont a été menée l'étude,
d'aller regarder s'il y a des conflits d'intérêts. Est-ce qu'on parle d'une étude observationnelle
ou d'une méta-analyse d'essais cliniques randomisés ? Donc, on n'a pas du tout la même valeur
scientifique. Et souvent, dans les médias, ou par certains experts, on va dire, oui, telle
publication a dit tel élément, sauf que quand vous regardez l'étude en soi, c'est une étude qui a
très peu de valeur.
(31:58 - 32:19)
Donc, ce n'est pas parce qu'on cite une étude que c'est un gage de fiabilité. Donc, vraiment,
aller lire ces publications et ne pas se cantonner des abstracts, c'est-à-dire des synthèses qui
sont disponibles sur PubMed ou sur les différents moteurs de recherche qui sont disponibles.
Mais vraiment, aller regarder l'étude, ça demande du temps, ça demande des efforts.
(32:20 - 32:28)
C'est comme l'histoire des filières dont on parlait tout à l'heure. Il faut sortir de sa zone de
confort. Au début, c'est dur, c'est le principe d'Hormès, aussi, là.
(32:28 - 32:50)
Mais plus on s'y habitue, plus ça devient facile, plus ça devient des automatismes. Et là, je parle
vraiment peut-être plus aux professionnels, parce qu'il y a ce bagage, en fait, pour aller
chercher l'information. Mais moi, j'incite vraiment à vérifier les sources et ne pas simplement
croire sur la base de la citation d'une source que la donnée qui est fournie est juste, en fait.
(32:50 - 32:55)Super. Écoutez, Anthony, merci beaucoup. Je pense que c'était un bon mot de la fin.
(32:55 - 33:00)
Je remercie. Je remercie aussi à tous ceux qui nous ont écoutés jusqu'ici. N'hésitez pas à vous
abonner à la chaîne.
(33:01 - 33:06)
C'est toujours important pour nous. Je crois qu'il y a beaucoup. On avait regardé la fois passée,
il y a énormément de nos auditeurs qui nous écoutent et qui ne sont pas encore abonnés à la
chaîne.
(33:08 - 33:23)
Donc, voilà, profitez-en pour vous abonner à la chaîne. Partagez aussi cet épisode à d'autres
personnes qui pourraient bénéficier de son contenu. Et aussi, n'hésitez pas à aller regarder les
liens qu'on mettra en commentaire, notamment les livres qu'on a cités avec Anthony.
(33:23 - 33:33)
On mettra aussi peut-être les formations. Si on arrive à les retrouver, peut-être des études
qu'on a citées dans cet épisode, allez les lire. Et voilà, Anthony, encore un grand merci.
(33:33 - 33:46)
Merci beaucoup pour l'invitation. J'espère que... Parce qu'on a abordé des sujets un peu
abstraits parfois, qui leur sortira quand même des éléments concrets pour la plupart. On fera
peut-être un deuxième épisode un jour, si on nous le demande et que vous avez le temps.
(33:46 - 33:48)
Avec plaisir. Super, je vous remercie.