À l'heure où une personne sur quatre en France et en Belgique a recours aux anxiolytiques ou antidépresseurs, la science révèle un acteur inattendu dans la gestion de notre santé mentale : notre microbiote intestinal. Cette découverte bouleverse notre compréhension du lien entre intestins et cerveau, ouvrant de nouvelles perspectives thérapeutiques pour les personnes souffrant d'anxiété.
Les dernières découvertes scientifiques révèlent les mécanismes précis par lesquels notre microbiote intestinal influence notre anxiété et notre humeur. Le Dr. Balon-Perin, spécialiste du microbiote, explique ces liens fascinants entre nos intestins et notre cerveau.
Points Clés :
- Le microbiote influence directement nos neurotransmetteurs
- Des études scientifiques prouvent le lien microbiote-anxiété
- Une approche personnalisée est essentielle
Les chercheurs ont récemment réalisé une expérience spectaculaire qui démontre l'influence du microbiote sur notre cerveau. En transférant le microbiote de patients atteints d'Alzheimer à des souris saines, ils ont observé un phénomène remarquable : les souris ont développé des symptômes de la maladie, avec une sévérité correspondant exactement au degré d'atteinte du donneur.
Cette découverte ne se limite pas à Alzheimer. Des résultats similaires ont été observés pour l'anxiété et la dépression, confirmant le rôle central de notre microbiote dans notre équilibre mental.
Notre cerveau, composé de 100 000 milliards de cellules nerveuses, communique constamment avec nos intestins à travers plusieurs voies :
Le GABA joue un rôle crucial dans la régulation de notre anxiété. Ce neurotransmetteur agit comme un modulateur naturel, calmant l'hypérexcitabilité nerveuse. Les anxiolytiques fonctionnent d'ailleurs en augmentant la sensibilité des récepteurs au GABA.
Comment le microbiote intervient-il ?
La sérotonine, souvent appelée "hormone du bonheur", illustre parfaitement la complexité de la relation intestin-cerveau :
À savoir :
Le stress chronique déclenche une cascade d'événements dans notre organisme :
Cette séquence crée un véritable cercle vicieux : plus nous sommes stressés, plus notre microbiote se déséquilibre, ce qui augmente à son tour notre niveau de stress et d'anxiété.
Chaque microbiote est unique, et les déséquilibres peuvent prendre plusieurs formes :
La correction des déséquilibres nécessite une stratégie adaptée qui combine différents éléments :
Les fibres spécifiques qui nourrissent les bonnes bactéries doivent être adaptées au profil de chacun. Certaines personnes en ont besoin en grande quantité, d'autres doivent les limiter en cas de SIBO.
Les psychobiotiques représentent une nouvelle classe de probiotiques spécifiquement sélectionnés pour leur impact sur la santé mentale. Le choix des souches doit être personnalisé selon le profil microbien.
Ces composés bioactifs se trouvent dans :
Utilisés de manière ciblée pour réguler la surprolifération de certaines bactéries, ils doivent être prescrits selon le profil microbien spécifique.
Q : Combien de temps faut-il pour rééquilibrer son microbiote ? R : En moyenne quatre mois, avec un suivi régulier pour maintenir les résultats.
Q : Tous les probiotiques sont-ils bénéfiques ? R : Non, chaque personne nécessite des souches spécifiques selon son profil microbien.
Q : Le stress peut-il vraiment impacter mon microbiote ? R : Oui, le stress chronique dégrade le mucus protecteur intestinal et perturbe l'équilibre du microbiote.
La compréhension du lien microbiote-anxiété ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques prometteuses. Cependant, l'efficacité de toute intervention repose sur une analyse précise du microbiote et une approche personnalisée.
Bénéficiez de 10% de réduction sur l’analyse du microbiote intestinal avec le code PODCAST10.
Y a-t-il un sujet lié aux inconforts chroniques que vous aimeriez que nous abordions ? Envoyez-nous un courriel à l'adresse hello@symp.be et nous ferons de notre mieux pour le traiter.
Suivez Symp sur Instagram : https://instagram.com/symp_be
Bienvenue pour un nouvel épisode sur la chaîne Symp. On va de nouveau parler du microbiote,
mais cette fois-ci avec un angle un petit peu différent. On va rentrer vraiment sur le lien, parce
que tu me parlais de toutes les études qu'il y a maintenant vraiment sur le lien entre le
microbiote et l'anxiété.
(2:20 - 3:01)
Donc essayer de comprendre un petit peu ce qui se passe à ce niveau-là. Mais avant de parler
du microbiote, je pense qu'il y a certaines choses de quelles il faut parler, notamment les
messagers du cerveau. Et donc, je pense qu'on va peut-être commencer par une question assez
générale, qui est quels sont les neuromédiateurs, les messagers du cerveau, qui sont impliqués
dans l'anxiété et la dépression ? Alors, pour essayer de mettre un peu un cadre au cerveau, si je
puis dire, on sait que le cerveau c'est un organe absolument fascinant, dont on connaît pas mal
de choses, mais encore, dont on ignore énormément de choses.
(3:01 - 3:30)
Mais en tout cas, ce qu'on sait, c'est que c'est un organe électrique, où finalement on a plus de
100 millions de neurones. Non, qu'est-ce que je dis 100 millions ? 100 000 milliards, pardon. 100
000 milliards de cellules nerveuses, et on considère même 150 000 milliards de connexions
synaptiques, donc ces fameuses connexions entre les neurones, là où justement sont produits
ces fameux neurotransmetteurs ou neuromédiateurs, peu importe comment on les appelle.
(3:31 - 4:04)
Et alors, bon, les 150 000 milliards de connexions, elles sont pas toutes, je dirais, destinées à
l'émotion. On sait qu'il y a différentes parties dans le cerveau, il y a trois grands cerveaux, entre
guillemets, à ce niveau-là, et il y a une partie du cerveau qu'on appelle le système limbique,
hippocampique, enfin bref, qui est une zone plutôt dédiée à l'émotion. Et à ce niveau, au niveau
de ces neurotransmetteurs, il y a plusieurs neurotransmetteurs qui ont été impliqués dans
l'anxiété et l'humeur.
(4:05 - 5:01)
Alors on ne va pas tout citer, mais pour citer les principaux, il y en a deux qui reviennent
souvent et qui sont fondamentaux, c'est le système GABA par rapport à l'anxiété et le système
sérotoninérgique par rapport à l'humeur. Et donc, en fait, si vous voulez, pour essayer d'un peu
comprendre ce qu'il en est, et c'est quoi un antidépresseur aussi, parce que finalement on parlebeaucoup d'antidépresseurs, les gens, quand on revoit les statistiques, sont assez
phénoménales là-dessus, le nombre de personnes qui ont pris un anxiolytique ou un
antidépresseur sur les douze derniers mois en France, par exemple, c'est au moins une
personne sur quatre. Et je dirais que c'est la manière dont ça fonctionne finalement, ce sont des
substances qui vont améliorer soit l'affinité du récepteur pour le neurotransmetteur, soit qui
vont faire que la molécule va rester plus longtemps en contact avec le récepteur.
(5:03 - 7:12)
Pour avoir un peu une vision, je pensais au bilboquet, mais il y a plein de gens qui ne savent pas
ce que c'est le bilboquet, donc on va plutôt parler d'autre chose, c'est que si vous prenez un
chargeur de smartphone, ça c'est plus simple, quand vous mettez votre chargeur dans le
smartphone, vous allez avoir une connexion qui va se passer, c'est un peu la même histoire,
c'est-à-dire que vous avez le chargeur que vous mettez dans le smartphone, et il faut imaginer
qu'on n'est non pas un courant électrique, mais on a besoin de molécules qui passent de la
partie chargeur à la partie téléphone pour que l'action puisse avoir lieu. Et en fait, quand il y a
un contact entre le chargeur et son récepteur, le récepteur c'est là où on met le chargeur
dedans, il faut qu'il y ait une affinité, avec un téléphone c'est facile, mais il faudrait imaginer
que dans le corps humain l'affinité n'est pas toujours aussi simple, et donc il faut que la
molécule puisse bien se lier au récepteur, et puis on constate aussi qu'il faut que cette molécule
reste un certain temps en lien avec le récepteur pour que de cette union il y ait un courant
électrique qui puisse partir de là et continuer à transmettre l'info, en l'occurrence l'info
antidépressive ou anxiolytique qui est transmise. Et donc là-dedans, pour citer les
neurotransmetteurs, il y a la sérotonine, dont tu as parlé, qui est responsable de quoi ? La
sérotonine c'est un neurotransmetteur qui est plutôt impliqué dans tout ce qui est humeur,
mais plutôt comme diront, alors il y a toutes sortes de classifications, je laisse ça aux
psychiatres ou psychologues, mais on va plutôt dire que c'est plutôt humeur et anxiété quand
même, donc ce sont des dépressions anxieuses dans les manques de sérotonine, c'est aussi
une perturbation du sommeil, dans l'hyperfagie, ça joue aussi par rapport à la contrôle de
l'appétit, donc ce sont tous des éléments qui impliquent la sérotonine.
(7:13 - 8:05)
Par exemple la dopamine, ce sont plutôt des dépressions atoniques, on sait que la dopamine
est plutôt nécessaire pour entamer les mouvements, pour l'envie, le dynamisme
psychologique, là c'est plutôt la dopamine qui intervient, mais on ne va pas passer en revue
tous les neurotransmetteurs, mais le concept c'est plutôt ça. Et puis après tu as parlé du coup
du GABA. Oui, alors le GABA ça c'est vraiment, on sait que les récepteurs au GABA, donc
effectivement vont transmettre à l'inverse, vont calmer l'influx anxieux, donc ce sont des
molécules qui vont calmer l'hypérexcitabilité nerveuse, et donc quand il faut qu'il y ait
suffisamment de ce GABA qui vienne se fixer sur le récepteur pour moduler, c'est un petit peu
un modulateur de l'hypérexcitabilité et donc de ce fait agissent contre l'anxiété.(8:06 - 8:54)
Et on parle souvent du coup, quand on parle du GABA, on parle souvent du glutamate aussi.
Donc en fait le glutamate est le précurseur du GABA, et donc il existe, et ça c'est terriblement
important de comprendre, c'est que pour que ce glutamate puisse être transformé en GABA, eh
bien il y a une enzyme qui s'appelle la glutamate des carboxylases, qui est une enzyme qui va
permettre justement de transformer ce glutamate en GABA, et cette enzyme précisément, et
c'est ça qui est très important à comprendre, pour qu'elle fonctionne bien, eh bien il y a
plusieurs éléments indispensables. Premièrement c'est d'avoir assez de magnésium et assez de
vitamine B6, donc ceci est aussi un des liens de ce besoin en magnésium et en B6 contre le
stress dont on parle souvent, c'est par ce mécanisme là.
(8:55 - 10:04)
Et ce qu'on sait aussi maintenant, c'est que le microbiote, et en particulier on y reviendra, il y a
une bactérie qui était bien identifiée là-dedans, qui est le lactobacillus plantarum, eh bien avec
une souche spécifique en l'occurrence dans l'étude, mais soit le lactobacillus plantarum, qui a
cette capacité d'augmenter l'activité de la glutamate des carboxylases pour produire du GABA.
Donc là on a montré déjà pas mal dans le détail, mais on a parlé surtout de ces
neuromédiateurs qui sont utilisés dans les mécanismes de l'anxiété. Oui, alors je te coupe, il y a
juste une chose que j'ai quand même oublié de dire qui était importante, c'est les
benzodiazépines là-dedans, avec le GABA, parce qu'on parle tous les anxiolytiques, qu'on ne
présente plus, donc on sait que les anxiolytiques agissent sur le système GABA essentiellement,
les antidépresseurs, ça dépend lesquels, mais un grand nombre d'antidépresseurs agissent sur
le système sérotonine énergique, eh bien les anxiolytiques, en fait ce qu'ils font, c'est qu'ils
augmentent la sensibilité du récepteur GABA au GABA.
(10:05 - 10:40)
C'est ça leur mode d'action en fait. Et les antidépresseurs sérotonine énergiques, on les appelle
comme par exemple, pour prendre un exemple classique connu, qui est la fluoxétine, donc le
Prozac, eh bien on sait que c'est une catégorie de médicaments qu'on appelle SSRI, donc ça
veut dire qu'ils vont inhiber la recapture de la sérotonine quand celle-ci est fixée sur son
récepteur. Donc il faut produire cette sérotonine, il faut qu'elle arrive sur son récepteur, qu'elle
se fixe à son récepteur, et ensuite qu'elle reste fixée un certain temps à ce récepteur, et c'est
comme ça qu'agissent ces antidépresseurs.
(10:41 - 11:33)
Alors on verra et on comprendra pourquoi ces antidépresseurs n'agissent pas toujours aussi
bien qu'on voudrait, parce qu'il y a un tas d'autres facteurs, et justement c'est là où c'est très
intéressant d'utiliser ces connaissances en médecine fonctionnelle pour essayer justement
d'optimiser l'activité des antidépresseurs. Pour résumer, on a parlé de deux choses, on a parlé
de la dépression et de l'anxiété. La dépression, si plus directement liée à ce système de laproduction de la sérotonine, qu'on va parfois aider à être correctement recapturée avec les
antidépresseurs, et puis on a parlé plutôt de la partie anxieuse avec la production et la
circulation du GABA qui lui va aider à calmer l'excitation nerveuse et pour lequel on donne
parfois des anxiolytiques pour améliorer le fonctionnement du GABA pour des anxiolytiques
qui réduisent l'anxiété.
(11:33 - 11:55)
Donc là il y a un peu ces deux mécanismes maintenant qu'on comprend mieux au niveau
chimique, dans le cerveau, les deux principaux mécanismes. Après j'imagine qu'il y en a plein
d'autres, mais ça ce serait plutôt plus des discussions comme tu disais avec un psychologue ou
psychiatre. Mais donc on peut clairement dire qu'un des équilibres dans ces
neurotransmetteurs peut être à l'origine de troubles anxieux ou dépressifs.
(11:57 - 12:48)
Maintenant du coup, c'est là que ça devient intéressant et un peu le sujet de l'épisode, c'est est-
ce qu'aujourd'hui il y a des preuves scientifiques, solides, qui viennent établir un lien entre le
microbiote et du coup l'anxiété et la dépression, probablement liés à ces deux mécanismes
dont on a parlé ici. Voilà, exactement. Ça fait déjà un moment, depuis qu'on s'intéresse aux
microbiotes, début des années 2000, qu'on a fait des études sur les souris et on a montré que
quand on transférait le microbiote d'une souris, donc on stresse une souris, et puis ensuite, une
fois qu'elle est bien stressée, hop, on prend son microbiote, qu'on transfère à une souris pas
stressée et alors on soumet ces souris à des épreuves et on va constater que la souris qui
n'était pas stressée au départ et à qui on a transféré le microbiote d'une souris stressée va se
comporter comme une souris stressée.
(12:48 - 13:16)
Donc bref, elle est stressée. Alors, quelles sont ces épreuves justement ? Je veux dire un mot
puisque finalement on en reparlera après, parce que comment est-ce qu'on peut dire qu'une
souris est stressée et qu'elle n'est pas stressée, si ce n'est qu'on l'a soumise à un stress, mais
après, comment est-ce qu'on vérifie qu'elle est stressée ? Alors, il y a plusieurs épreuves, je ne
vais pas revenir sur tout ça, mais forcément, on ne fait pas un questionnaire de feeling chez la
souris, ça c'est plutôt des études chez l'homme. Et à l'inverse, l'homme, lui, on ne va pas le
soumettre aux épreuves auxquelles on soumet les pauvres souris.
(13:17 - 13:50)
Et donc, en fait, les épreuves auxquelles on les soumet, deux épreuves qui sont des grands
classiques et qui ne sont pas des épreuves qui sont trop traumatisantes pour la souris
justement. La première, c'est qu'on analyse comment une souris bouge et en fait, on constate
qu'une souris stressée va très peu bouger, elle va devenir très immobile et si on la met au
centre d'un espace, elle va plutôt rester au centre, elle ne va pas tellement aller explorer lapériphérie. À l'inverse, une souris qui n'est pas stressée, elle va bouger dans tous les sens, elle
va tout explorer.
(13:52 - 14:18)
Idem, il y a les épreuves de nage, on met les souris dans une cage en plexi qui fait 25
centimètres de haut avec 10 centimètres d'eau et alors il y a une sortie et donc les souris qui ne
sont pas stressées sont beaucoup plus capables de nager, de trouver la sortie que les autres.
Enfin voilà, ce sont les fameuses épreuves classiques qui permettent d'évaluer la situation. Bref,
pour en revenir à la question, je ne sais plus où j'en suis avec tout ça.
(14:18 - 14:34)
Je me demandais si aujourd'hui, est-ce qu'il y a des études qui montrent un peu le lien entre
l'anxiété, la dépression et le microbiote. Oui, comme je disais, il y a ces études qu'on a pu faire il
y a déjà longtemps. Alors maintenant, ça va plus loin.
(14:34 - 15:01)
Il y a d'ailleurs une étude très intéressante qui est parue il y a quelques années où là, on fait la
même chose. On stresse une souris, hop, on transfère son microbiote à une souris pas stressée
et alors ce que l'on constate, c'est que la souris devient stressée, mais là, on est un petit peu
plus loin. On a constaté aussi que non seulement elle était stressée, mais qu'il y avait ce qu'on
appelle une neurogenèse diminuée.
(15:02 - 15:47)
Donc ça, c'est un autre facteur. On sait aussi que, ça c'est un élément intéressant, c'est que
quand on donne par exemple un antidépresseur à une souris, eh bien on a un effet
effectivement antidépresseur, une souris stressée, mais on va aussi réaugmenter la synthèse
de tissus nerveux et on peut augmenter même considérablement la synthèse de tissus
nerveux. C'est un des éléments qui est aussi évoqué sur l'impact des antidépresseurs, c'est que
ça permettrait d'avoir cet effet, comme j'expliquais, d'augmenter plutôt le contact d'une
neurotransmetteur avec son récepteur et donc diminuer la récapture, mais aussi ça aura un
impact pour augmenter la portion de tissu nerveux qui est impliquée dans cette activité.
(15:48 - 16:27)
C'est comme si tu lances une balle qui doit arriver sur un scratch, le scratch devient plus grand,
donc tu as plus de chances que la balle tape dessus. Ça aussi, mais il y a aussi plutôt plus de
cellules qui ont cet effet au niveau mental, on va dire plus exactement. Et donc dans cette
fameuse étude, ce qu'on a constaté, c'est que quand on allait donner, et c'est pour ça que j'en
parle, parce que moi ça montre non seulement ce qui se passe, mais aussi le mécanisme, eh
bien quand on a donné du 5-hydroxytryptophan, alors le 5-hydroxytryptophan, c'est une
molécule qui est en fait une étape déjà de transformation du tryptophan.(16:27 - 16:46)
Donc le tryptophan, c'est l'acide aminé qu'on va trouver dans l'alimentation, qui va servir de
précurseur justement à la sérotonine. On en trouve particulièrement pas mal dans les bananes,
on a un peu parlé de ça, le good mood fruit, parce qu'il y a beaucoup de tryptophan dedans. Ça
qui aide à produire du coup la sérotonine.
(16:46 - 17:10)
Qui va aider à produire la sérotonine. Eh bien en fait, ce tryptophan est ensuite transformé
dans le cerveau, en 5-hydroxytryptophan, qui va être transformé dans la sérotonine, etc. Et
quand on redonne du 5-hydroxytryptophan aux souris, eh bien on a constaté que on retrouvait
de nouveau un effet bénéfique au niveau de l'humeur et sur la neurogenèse.
(17:10 - 17:42)
Ce qui veut donc dire que l'impact qu'il y a eu de ce stress et de cette perturbation est
vraisemblablement lié au système sérotoninergique. Et alors c'est là où ça va effectivement plus
loin. C'est qu'on a constaté que en donnant, dans des expériences sur des souris par exemple,
en donnant certaines bactéries comme le bifidobacterium brevet ou l'actovacule dysplantarum,
eh bien on allait améliorer l'humeur des souris qu'on avait stressées et rendues dépressives.
(17:43 - 18:03)
Mais on allait aussi constater que on avait moins de... Alors là ça devient plus compliqué à
expliquer. Comment dire ça simplement ? On avait moins de... On avait une meilleure preuve
que la sérotonine était mieux utilisée. Alors pour ça il aurait fallu que je parle d'autre chose
avant.
(18:03 - 18:07)
C'est pour ça que j'en parlerai après. Sinon plus personne rien comprend. Oui c'est ça.
(18:07 - 18:26)
Du coup je te demandais juste s'il y avait des preuves des preuves qu'il y avait un lien entre le
microbiote et l'anxiété. Voilà. Donc en fait c'est-à-dire qu'on sait que oui, on sait qu'il y a
effectivement, quand on donne le microbiote d'une souris stressée à une microbiote d'une
souris non stressée, elle devient stressée.
(18:26 - 18:51)
Donc ça c'est évidemment un argument phénoménal. Mais ce qu'on sait maintenant en plus de
ça, c'est qu'effectivement la raison pour laquelle le fait de transférer ce microbiote stresse la
souris, c'est sans doute parce que ce microbiote a un impact sur le système sérotoninergique.
Et du coup ça pose cette question, comment est-ce que ces bactéries font pour influencer ducoup la production au niveau sérotoninergique ? Voilà.
(18:51 - 19:22)
Alors il y a plusieurs voies qui ont été, il y a quatre grandes voies qui sont évoquées. Alors il y a
une voie qui est de dire que en fait par rapport à ces bactéries-là, prenons en exemple
l'actobacillus pantharum, eh bien on sait que cette bactérie va augmenter la quantité de la
fameuse glutamate décarboxylase qui va permettre de produire plus de GABA. Qui avait ce rôle
anti-excitateur.
(19:22 - 19:27)
Voilà, exactement. Donc qui réduit l'anxiété. Donc ça c'est vraiment un lien qui a été reconnu.
(19:28 - 19:54)
Et d'ailleurs ils ont fait une expérience avec ce produit-là et ils ont montré que quand on met
une vitro, donc en solution, on met du glutamate et on rajoute ce lactobacillus pantharum, eh
bien on va produire après X heures, X jours, une quantité importante de GABA. Et si on met le
même glutamate en présence d'autres bactéries, on ne va rien voir du tout. Donc c'est comme
ça qu'on fait pour définir qu'une bactérie spécifique a un impact sur la production.
(19:54 - 20:17)
Exactement. Et puis alors il y a les études sur les souris dont vous parlez, où on a constaté qu'en
donnant un probiotique qui justement, ces fameux psychobiotiques dont on parle, qui contient
ce lactobacillus et ces bifidos, eh bien chez les souris, on voit qu'ils avaient des meilleures
épreuves au niveau mobilité, au niveau nage, etc. Donc ça avait clairement un effet.
(20:18 - 20:47)
Et quand on dit qu'une bactérie en fait a un effet en tant que tel, ou que cette bactérie aide à
produire du coup ce qu'il faut pour produire, ce qu'il faut pour produire le GABA, c'est toujours
un peu une réaction en chaîne de quelque chose qui produit quelque chose, qui produit
quelque chose. C'est pareil au niveau des bactéries ? Tout à fait, c'est indirect. C'est-à-dire que
c'est beaucoup plus complexe que de dire tiens voilà, vous avez une bactérie qui produit du
GABA, une bactérie qui produit de la sérotonine, comme on a dit à l'époque, c'est pas comme
ça.
(20:48 - 21:07)
C'est effectivement, il y a une bactérie qui produit, qui favorise la synthèse d'une enzyme, qui
favorise la synthèse d'un neurotransmetteur, ça c'est une voie. Mais il y a d'autres, il y a
d'autres mécanismes. Il y a aussi par exemple, on sait que certaines bactéries ou les acides
grains à chaîne courte, par exemple, qui sont produits par des bonnes bactéries du microbiote.(21:07 - 21:43)
Parce que les bactéries, quand elles mangent, comment ça fonctionne ? Qu'est-ce qu'elles font
en fait ces bactéries dans l'intestin ? Voilà, et ça, ça fait partie d'un autre mécanisme. C'est-à-
dire que, donc comme j'expliquais, il y en a qui vont augmenter la production de certaines
enzymes qui vont augmenter la production de la substance en question. Il y en a d'autres qui
vont augmenter l'incorporation du tryptophan, donc en fait, qui est cet acide aminé qu'on
trouve dans l'alimentation, qui va être absorbé au niveau intestinal et qui va augmenter aussi la
production de sérotonine au niveau des cellules intestinales qui la produisent.
(21:43 - 22:06)
Donc, on a une augmentation de l'absorption et de la production de sérotonine grâce à
certaines bonnes bactéries du microbiote. À l'inverse, certaines mauvaises bactéries du
microbiote, j'en avais déjà parlé précédemment, donc les alistipes, là c'est une bactérie qui, on
le sait, produit une enzyme qui dégrade le tryptophan. Et d'ailleurs, ça en revient, c'est pour ça
que je me suis arrêté dans mon explication tantôt parce que ça aurait été incompréhensible.
(22:07 - 22:59)
Eh bien, ça fait partie des études qui ont été faites, c'est qu'on a constaté que en donnant
certaines bactéries, non seulement on avait des effets bénéfiques sur les épreuves chez les
souris, mais aussi, on constatait aussi que la quantité de métabolites produits par une
dégradation excessive du tryptophan dans l'intestin diminuait. Donc ça veut dire qu'il y avait
moins de dégradation parce que l'équilibre du microbiote était différent. Donc, il y a à la fois
des bactéries qui vont produire directement quelque chose qui va aider à produire la
substance, il y a des bactéries qui, elles, vont aider à ce que la substance se synthétise mieux et
ait un effet qui fonctionne mieux, et d'autres bactéries qui, à l'inverse, vont avoir un effet
justement antiproduction qui vont faire en sorte que la substance que tu veux produire
fonctionne moins bien.
(22:59 - 24:16)
Exactement, et c'est pour ça que, d'une part, bien entendu, des psychobiotiques qui sont des
produits qui contiennent des bactéries qui semblent intéressantes avec, justement, j'en ai parlé
tout à l'heure, le lactobacillus pantharum ou le bifidobactérium brevet, par exemple, c'est une
chose intéressante, mais pas que. On voit qu'il est, pour être optimal, il faut avoir une meilleure
correction du microbiote, c'est-à-dire de s'assurer de diminuer l'excès de ces bactéries qui vont,
justement, empêcher l'absorption de précurseurs de ces neurotransmetteurs, favoriser,
justement, d'autres bactéries qui vont stimuler l'incorporation et la production de ces
précurseurs de neurotransmetteurs, et donc, c'est sûr que équilibrer le microbiote au sens
large va être, bien entendu, très intéressant. On va peut-être parler après, du coup, de
comment on équilibre le microbiote, mais juste, donc, du coup, il y a ces trois mécanismes-là
qui font que le microbiote, les bactéries du microbiote vont avoir un impact, ici, sur ce qui sepasse au niveau cerveau, donc on comprend mieux c'est quoi la voie par laquelle les bactéries
ont cet effet.
(24:16 - 25:35)
Mais je veux juste revenir sur la production de la sérotonine, donc tu parlais qu'elle se faisait au
niveau de l'intestin, parce que c'est quelque chose qu'on imagine plutôt au niveau cérébral,
mais tu disais tout à l'heure que, voilà, il y avait de la... C'est-à-dire que, les deux, c'est-à-dire
que, à la fois, il y a ce qu'on appelle l'incorporation du tryptophan alimentaire qui va être
absorbée, et qui va peut-être, via voie sanguine, va arriver jusqu'à la barrière hémato-
encéphalique, on appelle ça, donc il y a un endroit où il y a l'échange entre le sang et le cerveau,
et il y a encore beaucoup de choses à dire là-dessus d'ailleurs, mais bon, l'échange là-dessus, et
puis ce tryptophan va être absorbé à cet endroit-là dans le cerveau, il va passer cette barrière
hémato-encéphalique, et alors ensuite, il y a une troisième... C'est à ce moment-là qu'il va servir
à produire la sérotonine dans le cerveau. Et donc, il y a différents mécanismes pour arriver
finalement du tryptophan à la sérotonine. Ensuite, cette sérotonine va être libérée dans cette
fameuse communication synaptique, ces fameuses jonctions dont je disais au début qu'il y en a
150 000 milliards dans le cerveau, et puis elle va agir sur son récepteur.
(25:35 - 26:04)
Donc ça, c'est toute la voie de ce tryptophan-là. Et alors, on a dans le cerveau des récepteurs à
la sérotonine qui ne sont pas les mêmes que ceux dans l'intestin. On les appelle les 5HT1, 5HT2,
et dans l'intestin, c'est les HT3, 5HT3, Et puis alors, il y a toute une synthèse de sérotonine dans
l'intestin aussi, mais qui, elle, est plutôt destinée à tout ce qui est mobilité, sensibilité au niveau
intestinal.
(26:04 - 26:27)
Donc, il y a deux... Donc, il y a deux... Parce qu'on dit souvent, on entend souvent, oui, 90 % de
la sérotonine est produite au niveau intestinal. Qu'est-ce que ça veut dire, ça ? Ça veut dire
qu'en fait, le système intestinal comprend 95 % de la sérotonine et le cerveau, 5 %. Mais... Mais
elle n'est pas utilisée de la même manière. Ce n'est pas pour ça que les 5 % du cerveau ne sont
pas aussi importants que les 95 % de l'intestin.
(26:27 - 26:43)
OK. Et du coup, si la production au niveau intestinal est perturbée, est-ce que ça va se voir au
niveau de la production plus cérébrale qui va dans la fente synaptique ? Non, c'est un petit peu
différent. C'est surtout... Enfin, ça joue un peu.
(26:43 - 27:14)
On a constaté le fait que certains équilibres intéressants du microbiote allaient augmenter la
production de sérotonine intestinale qui allait pouvoir être aussi passé dans le flux sanguin,mais on parle aussi évidemment beaucoup de l'absorption de la sérotonine, enfin du
tryptophan alimentaire, quoi. C'est ça, Donc, au final, c'est plus la synthèse du tryptophan qui
va être intéressante. Voilà.
(27:14 - 27:31)
Il y a un peu les deux, mais non, tout ça n'est pas encore ultra clair. Mais on sait que, voilà, il y a
certaines bactéries au niveau intestinal qui vont favoriser le fait que on ait une bonne
production de cette sérotonine au niveau cérébral. Voilà, parce que c'est encore un autre volet
sur lequel je dois parler.
(27:31 - 28:22)
Donc, effectivement, dans ces bactéries pour la sérotonine, dont l'important va être, certaines
vont effectivement améliorer l'absorption du tryptophan, apparemment certaines vont
améliorer la synthèse du tryptophan au niveau des cellules intestinales, dont une partie, quand
même, va améliorer le cerveau. Éviter les mauvaises bactéries qui vont détruire le tryptophan.
Et puis, alors, aussi, chose très importante, dans les voies de communication entre le
microbiote et le cerveau, quand on a un microbiote qui est plutôt inflammatoire, on en a déjà
parlé dans des épisodes précédents, et donc, quand on n'a pas assez de bonnes bactéries qui
protègent la paroi, trop de mauvaises bactéries qui peuvent, si elles atteignent la paroi, alors
être en contact avec le système immunitaire intestinal, et celui-ci va produire des messagers de
l'inflammation.
(28:22 - 28:58)
Et ces messagers de l'inflammation vont pouvoir arriver jusqu'au cerveau. Et c'est là où, au
cerveau, ils vont affecter la production de sérotonine à partir du tryptophan. Et donc, en fait,
quand je disais que le tryptophan, il va d'abord être absorbé, puis il va migrer, il va passer la
barrière hémato-encéphalique, il va arriver dans le cerveau, et là, il va servir à produire la
sérotonine, mais là, l'enzyme, il y a une enzyme qui dégrade le tryptophan vers une autre voie,
on appelle ça la voie d'équine urénine, eh bien, cette enzyme-là peut être suractivée par ces
fameux messagers de l'inflammation.
(28:59 - 29:36)
Et d'ailleurs, il y a une étude chez les souris qui l'a montré aussi. On a constaté que chez des
souris où on avait optimalisé leurs microbiotes, avec certaines bactéries, etc., eh bien, elles
avaient des comportements moins dépressifs, donc on avait un effet clinique, mais aussi la
quantité d'équine urénine était moindre, donc sans doute qu'il y avait moins d'inflammation qui
avait généré ça. Donc en fait, le microbiote, il va avoir, même au niveau du tryptophan, il va
avoir un effet à deux endroits, déjà dans la synthèse au niveau intestinal, mais puis même par
une autre voie, il va aussi aller empêcher qu'elle fonctionne correctement s'il y a justement
cette inflammation intestinale.(29:37 - 30:17)
Absolument. C'est quoi une inflammation intestinale ? On en a déjà un peu parlé dans un autre
podcast, mais il y a plusieurs voies à la création d'un microbiote inflammatoire, dont une, dont
on a déjà parlé dans un autre épisode, liée au stress directement. Donc, c'est là où on parle
souvent un peu de ces cercles, du coup, pas des cercles virtueux, mais... C'est le contraire, Et
comment est-ce que, du coup, à l'inverse, on sait que le stress peut générer... Enfin, ou peut-
être, explique-nous un peu les différentes façons dont on peut avoir un microbiote
inflammatoire.
(30:18 - 31:32)
Alors, en fait, il y a deux grandes façons dans l'équilibre, en tout cas, du microbiote. La
première, c'est d'avoir un excès de bactéries qui, on le sait, lorsqu'elles sont en contact avec le
système immunitaire, vont favoriser la production de messagers inflammatoires. Ça veut dire
que le système immunitaire se dit qu'en étant en contact avec ces bactéries-là, enfin, en tout
cas, avec ce qu'on appelle les pathogènes, les éléments pathogènes de la bactérie qui vont
impacter le système immunitaire, eh bien, elle va se dire « Oh là là, il y a quelque chose qui ne
va pas ici, et ils vont produire des cytokines inflammatoires.
» À l'inverse, d'autres bactéries vont stimuler la production d'autres messages qui sont des
messages quand le système immunitaire reçoit des messages – on appelle ça des PAMS, enfin,
peu importe ce message, cette information – eh bien, il va plutôt produire des messagers qui
vont dire « Écoutez, tout va bien ici, on se calme, on ne va pas s'enflammer. » Il y a vraiment
tout un équilibre entre les deux. C'est pour ça qu'on parle parfois de la veille immunitaire liée
au microbiote, c'est d'avoir quand même à être un peu sur le qui-vive, comme ça, pour savoir
réagir.
(31:33 - 32:07)
Mais il faut que ce soit dans un bon équilibre. Et pour ce faire, eh bien, il faut qu'il y ait d'une
part un bon équilibre entre les deux types de bactéries et, d'autre part, que, justement, cette
quantité suffisante de bonnes bactéries permette aussi de stimuler la production d'un mucus
qui protège la paroi intestinale, qui permet de ne pas avoir… Au niveau du grêle, c'est différent.
Au niveau de l'intestin grêle, on a les bactéries, en général, si tout va bien, elles traversent assez
vite et donc, il n'y a pas de contact important.
(32:07 - 32:26)
Mais, par contre, au niveau du côlon, là où il y a beaucoup de bactéries qui stagnent, eh bien, il
est important d'avoir une double couche de mucus. C'est une fameuse couche qui permet
d'éviter d'avoir ce contact. Et, justement, c'est là où on peut faire le lien entre, d'une part, des
mauvaises bactéries qui ont tendance à détruire ce mucus parce que ça existe aussi.
(32:26 - 33:23)Il y a des bactéries… Par exemple, les bactéries qui produisent du soufre sont des bactéries qui
vont détruire ce mucus. On sait aussi, entre parenthèses, que certaines bonnes bactéries – on
en a beaucoup parlé, cette fameuse Ackermansia quand on sait qu'on avait, en tout cas, associé
le déficit avec un risque plus grand d'obésité ou de diabète – eh bien, on sait maintenant aussi
qu'un excès des gens qui ont, au lieu d'avoir entre 1% et 4%, par exemple, de cette bactérie
dans leur microbiote qui se retrouve avec 15%, 20%, c'est très mauvais. Ça a été associé à des
maladies auto-immunes au niveau rénal, entre autres, parce qu'on sait que c'était une bactérie
intéressante parce qu'elle stimule le fait de resserrer les jonctions entre les cellules, donc
d'éviter le passage de molécules qui ne devraient pas traverser, mais en excès, ça mange le
mucus et donc ça détruit le mucus protecteur.
(33:24 - 33:36)
Et j'en reviens finalement à la question et le stress dans tout ça. Peut-être, juste avant ça, parce
que je trouve ça intéressant de faire un petit point d'arrêt là-dessus. Donc, je t'explique ce que
c'est qu'un microbiote inflammatoire.
(33:37 - 33:48)
Tu parles que toute cette bataille, en fait, se passe au niveau du côlon. C'est pour ça qu'on
parlait avant du côlon irritable, ce côlon qui était irrité par ces bactéries d'inflammation.
Maintenant, on appelle ça plutôt le syndrome de l'intestin irritable.
(33:50 - 34:11)
Et donc, ce syndrome de l'intestin irritable est souvent associé à beaucoup d'anxiété chez les
personnes. Je pense, d'une part, par rapport aux symptômes que ça génère. Souvent, ça
complique la vie pour plein de raisons parce qu'on doit courir pour aller aux toilettes, on ne se
sent pas à l'aise de sortir, on a mal au ventre, plein de symptômes peut-être même élaborés là-
dessus, même si ce n'est pas le sujet.
(34:11 - 34:37)
Mais aussi, du coup, en fait, ça pourrait expliquer que ces personnes qui ont un microbiote plus
inflammatoire qu'ont le syndrome de l'intestin irritable vont avoir, du coup, cette voie qui laisse
passer ces cytokines inflammatoires qui empêchent que la sérotonine fonctionne correctement
au niveau du cerveau. Exactement. C'est le fameux gut-brain axis dont on parle toujours, l'axe
intestin-cerveau, où on sait qu'il y a beaucoup plus de voies d'ailleurs qui vont de l'intestin vers
le cerveau que l'inverse au niveau anatomique.
(34:37 - 35:37)
Mais non, ce n'est pas pour ça que ça veut tout dire. Mais il est clair que d'une part, comme je
l'ai expliqué tout à l'heure, quelqu'un qui a un microbiote inflammatoire à déficit dans ses
bonnes bactéries dont on parle, pour différentes raisons dont on a un peu parlé, ça va avoir deseffets néfastes sur son système GABA, sur son système sérotonergique, ça va le mettre en état
d'anxiété et dépression. Et c'est là où c'est un cercle vicieux, en effet, parce que si la personne
est plus stressée, plus de stress, on sait aussi que ça va générer une production d'adrénaline
plus importante et cette adrénaline va stimuler la glande surrénale qui va produire du cortisol
et on sait que justement cette production-là va avoir un impact néfaste au niveau intestinal
parce que ça va, entre autres, stimuler la production de ce qu'on appelle une sérine prothéase
qui est une enzyme produite par les cellules intestinales qui va dégrader le mucus.
(35:38 - 36:03)
Et donc, en fait, quelqu'un de stressé va dégrader son mucus et donc ça va favoriser le contact
des mauvaises bactéries avec son système immunitaire. Et ça va aussi, quand la muqueuse est
plus à nu, parce qu'il n'y a plus ce mucus pour la protéger, ça va être aussi une muqueuse plus
irritable par un tas d'irritants. Ça peut être la bile, ça peut être les piments, ça peut être les
acides, etc.
(36:04 - 36:12)
Oui, le blé, le vin, les tannins. les tannins du vin rouge, etc. Et donc, on voit qu'il y a vraiment ce
lien entre les deux.
(36:12 - 36:49)
De surcroît, avec le stress, on sait aussi que dans la phase, pour ceux qui ont suivi le profil du
cortisol, C'est ça, donc ici, peut-être, on vous renvoie vers la vidéo qui va apparaître ici sur le
lien sur toute cette production du cortisol et le stress chronique. Parce que ce n'est pas comme
on peut lire parfois que le cortisol n'est pas bon, qu'il est en produit, qu'il cause des dégâts.
Non, c'est l'hyperproduction de manière chronique, sans arrêt, qui peut générer ce genre de
mécanisme.
(36:49 - 37:20)
Il y a toute une vidéo qu'on a fait ensemble là-dessus. Mais donc, c'est ce mécanisme qu'on
voulait vous parler. C'est ça, c'est-à-dire que les gens qui ont un stress chronique et qu'on en
est au stade à un moment donné où il y a plus ce fameux contrôle feedback par le cerveau sur
la production de cortisol et qu'ils sont en hypercorticisme, eh bien, on sait que l'augmentation
par exemple du cocorticoïde au niveau cérébral va précisément diminuer la neurogenèse, à
l'inverse de ce que font les antidépresseurs comme, par exemple, la fluoxétine.
(37:22 - 38:12)
Et justement, enfin, je parlerai après, mais concernant les expériences faites avec les
psychobiotiques, ce qui est très intéressant, c'est qu'il y a une expérience qui a été faite avec un
nouveau psychobiotique qui va sortir qui contient justement le lactobacillus plantarum, le
bifidobactérium brevet et encore d'autres choses dont on ne parle pas dans ces détails. Mais lesexpériences, ils ont constaté qu'en donnant ce psychobiotique chez des souris stressées, ils ont
comparé des souris stressées, des souris pas stressées forcément, les souris stressées, les
souris stressées à qui on donne de la fluoxétine, donc du Prozac, et des souris stressées à qui
on donne ce psychobiotique et dans les épreuves justement de mobilité, de nage, etc., ils ont
retrouvé quasiment les mêmes résultats avec le psychobiotique qu'avec la fluoxétine. Et c'est
assez impressionnant.
(38:13 - 38:28)
Du coup, ça peut avoir un effet. Oui. Du coup, est-ce qu'on pourrait imaginer un jour qu'on peut
diagnostiquer la vulnérabilité à l'anxiété en analysant le microbiote ? En fait, oui.
(38:29 - 38:38)
Alors, il faut être précis. C'est un peu touchy comme question, c'est-à-dire que oui et non. Ça ne
répond pas à tout.
(38:38 - 39:08)
Quelqu'un qu'on met dans une situation de stress majeur, qu'on analyse, qu'on corrige son
microbiote, bon, c'est bien, mais ça ne va bien sûr pas tout régler. Tout est plus complexe que
ça. Mais en tout cas, ce qu'on peut dire, c'est qu'il est évident, ça semble évident maintenant,
que le microbiote a un impact sur le système nerveux, sur l'anxiété, sur la dépression et
qu'effectivement, de corriger cet élément-là est un élément fondamental à corriger pour
essayer d'optimaliser la situation.
(39:09 - 39:35)
De la même manière qu'on sait aussi, par exemple, que les oméga-3, c'était démontré depuis
longtemps, et que le déficit en oméga-3 a été mauvais. Il y a beaucoup d'études qui ont été
faites sur la dépression et l'oméga-3 parce que, précisément, les oméga-3 améliorent la
plasticité des récepteurs aux neurotransmetteurs. Donc, c'est aussi un élément intéressant.
(39:36 - 40:10)
Et donc, c'est certain que quelqu'un qui a un mauvais microbiote, une cadence d'oméga-3, ce
sont deux éléments très, très néfastes au niveau psychique et c'est important, je pense, que les
psychologues, les psychiatres soient au courant de ça et puissent essayer d'optimaliser ces
patients en même temps qu'ils vont les traiter avec des médications parce que, bon, il ne faut
pas non plus être naïf. Oui, c'est un ensemble de choses. Il y a des situations psychologiques où
ce n'est pas en améliorant le microbiote dans les oméga-3 que ça va suffire, bien sûr.
(40:10 - 40:22)
Mais il est évident que je pense que c'est un élément à considérer sérieusement et à prendre en
charge en même temps que le traitement psychiatrique classique. Qui se fait en complément.Exactement.
(40:23 - 40:55)
Donc, du coup, comment... Là, tu as donné un peu certains exemples de certaines bactéries, tu
as parlé de certaines bactéries qui ont un effet positif et un effet négatif. Comment est-ce qu'on
peut un peu reprogrammer son microbiote pour réduire l'anxiété ou savoir comment démarrer
? Parce que tu parlais de la carmencia où pendant tout un moment, on a dit, oui, prenez ça,
vous allez perdre du poids et on s'est rendu compte qu'en fait, ce n'était pas le cas. Et tu as
justement dit, voilà, chez certaines personnes, ils en manquent cruellement, chez d'autres
personnes, ils en ont trop.
(40:56 - 41:47)
Je veux dire, comment est-ce qu'on fait en fait ? Bon, en plus des conseils un peu généraux, on
sait que généralement, c'est bien de manger brut, donc ne pas manger des aliments
transformés, manger moins de sucre, manger des aliments riche en fibres, c'est un peu des
conseils qu'on peut lire un peu partout et qui sont très bons. Autre que ça, comment est-ce
qu'on fait ? Alors, c'est sûr que d'avoir d'une manière générale, d'avoir une alimentation plus
riche en fibres, donc en prébiotiques et en ce qu'on appelle en cobiotiques qui sont genre des
polyphénols qu'on va retrouver dans les fruits, les légumes, le café, le chocolat, enfin encore
d'autres choses, le thé, et manger moins, éviter un excès de protéines et de graisses animales,
à peu près dans tous les cas, ça va être bien. Mais c'est plus compliqué que ça.
(41:48 - 43:39)
C'est beaucoup plus compliqué que ça. Vous allez avoir des personnes qui vont avoir un
microbiote excessivement fermentatif, par exemple, ce qu'on appelle dans le SIBO, par
exemple, donc ce qu'on appelle le Small Intestine Bacterial Overgrowth, c'est des gens qui
représentent quand même un nombre considérable de patients qui souffrent de l'intestin
irritable, et bien c'est pas mal de ces patients. S'ils consomment excessivement de fibres, ça ne
va pas bien se passer du tout, ça va augmenter la prolifération de ces bactéries, et entre autres,
dans les bactéries du grêle, il y a pas mal de bactéries inflammatoires qui sont capables de se
nourrir de choses qui sont plutôt bonnes pour la santé, et comme en plus l'intestin grêle n'est
pas bien protégé par cette double couche de mucus, en cas de SIBO, on n'a plus ce passage
rapide des bactéries à travers l'intestin, et donc on a un contact avec la muqueuse et on peut
avoir, effectivement, ça peut créer des perturbations de la paroi intestinale, le passage de
cytokines inflammatoires, etc.
Donc c'est certain que dans ce cas-là, c'est pas du tout ces conseils simples ne suffiront pas.
Oui, c'est compliqué, parce qu'on va leur dire manger plus d'aliments riches en prébiotiques, de
fibres, mais pas tous ces aliments-là qu'on vienne et qu'on se retrouve souvent dans le temps.
Et puis vous avez des gens qui ont, par exemple, des microbiotes avec beaucoup de bactéries
sulfidogènes, c'est ce qu'on appelle maintenant les ISO, intestinal sulfide overgrowth, eh bien,ces gens-là, il faut absolument éviter l'excès de soufre dans l'alimentation, et leur donner
parallèlement d'autres choses pour améliorer, favoriser la croissance d'autres bactéries pour
équilibrer les choses, etc.
(43:39 - 45:04)
Là je vous ai donné deux exemples, mais tout ça pour dire que, de fait, le fait de connaître le
microbiote permet d'être beaucoup plus pointu sur est-ce qu'il faut donner des prébiotiques,
oui, non... Oui, c'est ça, parce qu'il y a aussi le cas des personnes qui n'ont pas assez de ces
bactéries qui protègent le cellule Q. Et alors il y a certaines personnes, on va se rendre compte
qu'elles ont un déficit énorme en prébiotiques, et c'est plutôt ça qu'il faut donner, d'autres ce
sera plutôt en probiotiques. Et quand on sait comment rééquilibrer, imaginons qu'on fasse ce
qu'il faut faire pour, de manière adaptée au microbiote, généralement, un microbiote, est-ce
que ça se rééquilibre, ou est-ce que ça se déséquilibre vite, est-ce que ça bouge rapidement ?
Ça se rééquilibre pas très vite, ça met quand même certainement quatre mois si on veut
évaluer un effet d'un traitement sur le microbiote, et ça se déséquilibre, évidemment. Moi j'ai
eu le cas, il n'y a pas longtemps, en consultation, un patient, j'avais rééquilibré son microbiote,
et d'ailleurs il avait une amélioration clinique, et puis je le revois deux ans plus tard, où tout
était un peu parti en vrille, au niveau des suivis, etc., et son microbiote avait de nouveau revenu
vers l'état initial, pas tout à fait, mais quand même vers l'état initial.
(45:05 - 47:29)
Donc ça met un peu de temps à se rééquilibrer, et puis après, derrière... Si on ne met pas un
certain minimum de suivis, après un certain temps, ça va se rédéséquilibrer aussi. Et du coup,
qu'est-ce qui explique que certaines personnes sont plus sujets à avoir un microbiote perturbé
? Est-ce qu'il y a certaines personnes, est-ce qu'on sait si il y a certaines personnes qui sont plus
sujets à avoir un certain type de déséquilibre de microbiote que d'autres, ou ça c'est des choses
qu'on ne sait pas trop, chacun a des déséquilibres un peu différents ? Voilà, alors effectivement,
chacun a des déséquilibres un peu différents. Alors ce qui est intéressant, quand on analyse
son microbiote, on constate que les gens qui, par exemple, ont un assez bon microbiote, vont
avoir tendance à garder un assez bon microbiote.
Donc, à la limite, on ne doit pas faire 50 fois l'analyse, c'est plutôt rassurant. Par contre, les gens
qui ont un microbiote assez déséquilibré, il faut essayer de mettre en place des choses pour le
rééquilibrer, tout en sachant, bien entendu, que dans ce déséquilibre, il y a pas mal de facteurs.
Un premier facteur, c'est évidemment génétique, vraisemblablement.
Un deuxième facteur, c'est tout ce qui concerne le microbiote de la maman, le mode
d'accouchement, l'allaitement, le pas allaitement, le fait d'avoir pris beaucoup d'antibiotiques
pour des raisons XY ou d'IPP, des antiacides, et puis alors le contact, tout ce qu'on a vécu
comme contact avec le milieu extérieur, son alimentation, bref, tout ça pour dire qu'il y a
énormément de facteurs, et quand parfois les gens me demandent, tiens, mais pourquoi j'ai un
microbiote comme ça, je dis, c'est difficile à dire, il y a énormément d'éléments qui ont fait queil est comme ça maintenant. Et pourquoi est-ce que certaines personnes, en un coup, tout allait
très bien, et puis en un coup, c'est la cata aussi au niveau digestif, et puis après on se rend
compte qu'il y a un microbiote qui est déséquilibré, mais est-ce que ce microbiote s'est
déséquilibré à ce moment précis-là, ou est-ce que c'est quelque chose qui s'est fait petit à petit
et c'est juste qu'en un coup les symptômes sont remontés à une certaine période ? C'est une
question que je pose la question parce qu'on me l'a déjà posée plusieurs fois et je ne savais pas
répondre. Alors, oui, il y a plusieurs éléments.
(47:31 - 47:58)
C'est sûr que la situation où subitement, sans qu'on ait eu d'intoxication alimentaire, sans qu'on
ait eu vraiment de traitement antibiotique, c'est vrai que vous avez des gens, suite à une
intoxication alimentaire ou un traitement antibiotique, ça se déséquilibre périplement. C'est
clair. Et d'ailleurs, je parlais du SIBO tout à l'heure, on sait que l'intoxication alimentaire, dans
un cas sur neuf, ça peut se transformer en SIBO, donc il devient alors plus problématique.
(47:58 - 50:06)
Mais outre cela, ce qui est fort probable dans ces cas-là, c'est qu'il y ait eu un impact du
psychisme par la voie de destruction du mucus et d'altération du microbiote, en tout cas
d'altération de l'impact du microbiote sur le système immunitaire qui a eu lieu à cause du
stress, et puis il y a autre chose que le microbiote, c'est-à-dire qu'on sait qu'avec le stress, via le
nerve vague, on peut altérer la sensibilité, la motilité intestinale, et donc indépendamment du
microbiote, il y a aussi des transmissions nerveuses qui vont se passer et qui vont jouer sur les
symptômes. Ou les cytokines inflammatoires dont tu parlais qui arrivent pour détruire la Donc il
y a cette voie-là qui fait que le système adrénergique va mener à la synthèse de substances qui
vont détruire le mucus, mais il y a aussi quelque chose qui n'a rien à voir avec le microbiote, qui
est juste l'impact du nerve vague sur le système nerveux intestinal qui va générer des crampes,
des tensions Et ça, ça impacte le microbiote ? Par la suite, est-ce que ça a un impact ? Ça peut
aussi impacter le microbiote, effectivement, mais bon, on ne va pas rentrer dans tout ça
maintenant, mais disons que on sait de fait que le nerve vague via la cétylcholine peut avoir des
effets sur les cytokines inflammatoires etc. Et puis après, il y a d'autres choses comme
l'apparition d'une candidose, on a déjà fait un épisode là-dessus aussi, mais la candidose peut
aussi dérégler le microbiote ou c'est plutôt dans l'autre sens ? Un microbiote déséquilibré peut
générer une candidose ou ça peut être dans les deux sens ? En général, c'est plutôt dans l'autre
sens, c'est un microbiote déséquilibré qui va favoriser le fait que ces candidats vont pouvoir se
multiplier, se transformer et vont pouvoir envahir l'espace.
(50:07 - 50:58)
On connaît bien l'histoire, quand on prend des antibiotiques qui ont un impact, puisque tous les
antibiotiques n'ont pas cet effet-là, mais les antibiotiques qui ont un impact sur le microbiote,
ils ont aussi un impact sur le microbiote intestinal mais aussi vaginal, et c'est souvent bien
connu chez les femmes qui prennent un antibiotique et puis qui vont avoir une mycosevaginale. Pourquoi ? C'est parce que cet antibiotique a détruit les lactobacilles qui sont
fondamentaux dans la flore vaginale et qui fait que d'autres espèces vont pouvoir prendre le
pouvoir et déclencher une infection. Pour tout ce qui est cystites... Par exemple, les candidats,
en l'occurrence, vont pouvoir faire une mycose vaginale, prendre le pouvoir, alors que
normalement, s'il n'y avait pas eu cette destruction des lactobacilles par l'antibiotique, eh bien,
ces champignons ont resté à l'état de levure inoffensif.
(50:58 - 51:41)
Et est-ce qu'on sait s'il y a une différence entre les personnes qui ont un microbiote qui est
assez fragile depuis toujours et qui ont certains symptômes qui apparaissent parce qu'ils n'ont
pas un microbiote très solide, et les personnes qui ont... qui allaient bien, mais qui, en un coup,
ont plutôt une attaque extérieure, si je puis dire, une des voies dont on a parlé. Est-ce qu'il y a
une différence dans la capacité à rééquilibrer le microbiote derrière ? Exactement. C'est
important comme question.
Il y a deux volets. Effectivement, il y a des gens qui ont déjà... qui sont plutôt sur un fil, qui ont
un microbiote qui est plus ou moins équilibré. Il y a peu de choses... Il suffit de peu de choses
pour passer d'un côté à l'autre.
(51:42 - 52:11)
Effectivement. Et puis alors, il y a un autre volet qui est plutôt un volet génétique, c'est-à-dire
que vous pouvez prendre deux personnes avec le même microbiote et puis il y a une personne
qui va avoir quasiment pas de symptômes et, à l'inverse extrême, une autre personne qui va
développer carrément une maladie inflammatoire intestinale, genre maladie de Crohn. Et ça,
c'est lié au système... au groupe HLA, comme on dit, donc du système immunitaire.
(52:12 - 52:26)
Donc ça, c'est vraiment génétique. Et on n'est pas les mêmes. Donc ce sont des prédispositions
génétiques, si vous voulez, qui font que s'il y a un microbiote qui se déséquilibre, les uns vont
pouvoir développer une maladie inflammatoire et les autres pas.
(52:27 - 52:35)
Bonjour. En ce moment, vous pensez sûrement à une personne qui pourrait bénéficier du
contenu de cet épisode. Si c'est le cas, je vous invite à le lui partager.
(52:36 - 52:59)
Je vous remercie pour votre soutien et je vous souhaite une bonne écoute. Est-ce que, du coup,
c'est cette prédisposition génétique qui explique la difficulté qu'on a à adopter cette
transplantation fécale, parce qu'on pourrait se dire, ben voilà, lui, il a un bon microbiote, hop,
on va le donner à toutes les personnes qui n'ont pas un bon microbiote. On en avait un peuparlé dans l'épisode où on faisait un peu une réaction à la série Netflix.
(52:59 - 55:08)
On a parlé de la transplantation fécale parce qu'il touche à ce point-là. Est-ce que c'est du coup
cette prédisposition génétique qui fait qu'on a du mal à amener ça sur le terrain, autre que le
fait que pas tout le monde est prêt à avaler une capsule de sel ? En fait, c'est surtout ce qui fait
peur, c'est de savoir quelles sont les maladies qui pourraient être transmises par le microbiote
du donneur, qui ne sont pas évidentes au moment où il récolte le sel. C'est un peu ça l'idée.
C'est finalement de se dire, OK, il n'a pas ce problème-là, il a l'air en forme, mais est-ce que
finalement il n'y a pas des choses qui vont être transmises ? Et c'est sûr que par rapport à cela,
dans le futur proche, à mon avis, donc il y a, dans ce qu'on fait pour l'instant dans l'analyse du
microbiote, c'est surtout ce qu'on appelle la métagenomique, c'est-à-dire que ça nous permet
d'identifier les différents types de bactéries qu'il y a dans le microbiote du patient. Mais alors
maintenant, on commence à l'utiliser, mais là on est plutôt dans la recherche, même si certains
considèrent encore que la métagenomique, c'est de la recherche, quoique, franchement, on a
quand même tellement d'éléments maintenant et je trouve personnellement avec mon
expérience de pas mal de dix ans quand même dans le domaine, ça me semble, pour moi, c'est
une évidence de l'intérêt clinique de pouvoir utiliser l'analyse métagenomique du microbiote,
même s'il y a beaucoup de choses qu'on ne connaît pas encore, il y a quand même beaucoup
de choses qu'on connaît et certainement on peut aider les patients à pas mal de points de vue,
je trouve. Mais bref, tout simplement dire qu'outre cette métagenomique, il y a ce qu'on
appelle, maintenant, on peut faire de la métabolomique, la métaprothéomique, etc.,
transcriptomique et autre, ce qui est quelque chose de beaucoup plus complexe et ça
permettra sans doute d'évaluer par rapport à un microbiote tout ce qu'il est capable de
produire et de générer à gauche, à droite, y compris comme problème.
(55:09 - 55:54)
Donc, tout ça... Oui, c'est que aujourd'hui, en faisant ce qu'on appelle des analyses de la
métagenomique du microbiote intestinal, comme on fait chez Symp aussi, c'est des analyses où
ça permet de voir les bactéries qu'aujourd'hui on comprend et dont on connaît les effets et on
sait comment agir dessus. Mais plus tard, et c'est un peu une des dernières questions que
j'avais pour toi, quels sont les grands axes de recherche pour les années à venir ? Pour toi, il y
en a sûrement beaucoup, mais pour toi, quels sont les plus grands axes de recherche où ça a le
plus d'intérêt au niveau de la recherche ? Ou du coup, on va utiliser peut-être d'autres types
d'analyses qui sont encore plus... Oui, c'est ça, c'est ce que j'expliquais. Et d'ailleurs, c'est
l'exemple, on en parlait tout à l'heure de cette bactérie, lactobacillus plantarum et la glutamate
des carboxylases.
(55:54 - 57:19)
Justement, par la recherche métaprothéomique, on a pu constater que cette bactérie allaitgénérer des fragments d'acide aminé de cet enzyme en question, et que c'est comme ça qu'est
fait le lien entre telle bactérie et une augmentation de tel enzyme qui va permettre de produire
tel neurotransmetteur. Et à l'inverse de ce qu'on disait à l'époque, c'est pas simplement la
bactérie qui produit le neurotransmetteur comme ça, pouf, c'est plus compliqué que ça. Et
donc, c'est certain que de cette manière, on va pouvoir aller certainement plus loin dans ce que
le microbiote est capable d'apporter, et c'est pour ça que c'est tout à fait exact, il y a
énormément de choses à découvrir, même s'il y avait que le microbiote, tout irait bien en
médecine, il y a beaucoup de choses à découvrir dans beaucoup de domaines, en tout cas, et
c'est là où quand même terminer par ça, je trouve que le fait de pouvoir identifier maintenant
l'absence de bactéries intéressantes pour protéger à la fois la paroi de bactéries pro-
inflammatoires qui vont générer ces fameux cytokines inflammatoires, qui vont avoir un impact
sur ce qu'on appelle la neuroinflammation, qui vont à la fois diminuer la production de
sérotonine, c'est ce dont on parlait aujourd'hui, mais qui vont aussi à la fois favoriser des
maladies neurodégénératives, donc c'est quand même très important.
(57:19 - 57:51)
On n'en a pas parlé au sujet, il y a un autre épisode qu'on a fait là-dessus. Il y a ça aussi. D'avoir
aussi ce bon microbiote qui, on le sait, va favoriser l'incorporation du tryptophan pour la
sérotonine, d'avoir aussi ce bon microbiote qui, via la synthèse d'enzymes comme j'expliquais
déjà, va favoriser la production de GABA, d'avoir de s'assurer qu'on n'a pas un mauvais
microbiote qui, lui, va justement favoriser ces cytokines qu'il y a en plein dans le cerveau, qui va
détruire le précurseur, donc ce tryptophan qui va être précurseur de la sérotonine.
(57:52 - 58:10)
Tout ça, on peut quand même avoir une image de ce qu'il en est. Est-ce qu'on a assez de ceci,
ou trop de cela à terrain ? Ça, on a quand même déjà, en 2025, avec une analyse
métagénomique du microbiome, on a cette image, et donc on peut quand même réagir par
rapport à ça. Voilà.
(58:11 - 59:32)
Toute petite dernière question pour toi, s'il y a une chose à retenir, la chose essentielle que tu
voudrais que les auditeurs retiennent du lien entre le microbiote et l'anxiété, ce serait quoi ?
C'est ce que je viens de dire maintenant. C'est-à-dire que il y a clairement partout tous les
mécanismes dont j'ai parlé, et encore je n'ai pas parlé de tout, parce qu'il y a encore, oui, on va
terminer là-dessus, c'est que il y a, on sait que les fameux acides grachène courte qui sont
produits par des bonnes bactéries ont aussi un impact pour diminuer l'inflammation au niveau
cérébral, et on sait qu'il y a aussi indirectement un impact sur la synthèse de
neurotransmetteurs, et aussi un élément très très important, ce sont les, on sait que les les
acides biliaires secondaires, donc ils sont des éléments liés à l'état du microbiote, sont aussi des
éléments qui vont perturber la barrière hémato-encéphalique, et qui ont aussi un impact sur le
cerveau. Donc il y a vraiment parmi les mécanismes, il y a une multitude de mécanismes qu'oncommence à comprendre maintenant, et qui démontrent ce lien qui est évident depuis
longtemps, parce que c'est certain que si vous transférez le microbiote d'une souris stressée à
une souris pas stressée, et puis cette souris devient stressée, il y a quelque chose qui s'est
passé, quelque chose qui s'est transmis.
(59:33 - 1:00:32)
Et on a à ce niveau des études aussi très intéressantes, quand on a transféré ça c'est encore
plus extraordinaire, on a transféré le microbiote de patients avec Alzheimer à des souris qui
n'avaient rien du tout, et hop on va voir que ces souris vont, dans les mois qui suivent, avoir des
comportements neurodégénératifs, avoir des marqueurs cérébraux d'Alzheimer, etc. Alors
qu'on a juste transféré un microbiote qu'on a ensuite entretenu, c'est-à-dire qu'il y a des
transferts qui sont répétés pour s'assurer d'avoir un microbiote type patient Alzheimer chez la
souris. Et alors chose encore plus extraordinaire, c'est qu'on a aussi transféré des microbiotes
de patients Alzheimer, mais des patients atteints modérément et des patients avec une atteinte
sévère, et on a vu que les souris allaient développer soit une atteinte modérée ou sévère,
proportionnelle au microbiote qu'on leur a inoculé.
(1:00:33 - 1:00:56)
Donc c'est terriblement impressionnant. Le lien entre les deux est majeur, et c'est comme ça.
Pour le stress, l'anxiété, la dépression, et ce qui est neurodégénératif.
Donc il y a les liens, c'est évident. Maintenant ce sont les mécanismes qu'on est en train
d'essayer de comprendre de plus en plus. Et comme j'en ai parlé aujourd'hui, il y en a déjà
quelques-uns qu'on comprend.
(1:00:58 - 1:01:02)
Fascinant. Merci beaucoup pour tout ce savoir partagé. Avec plaisir.
(1:01:03 - 1:01:23)
Merci aussi à vous de nous avoir écoutés. N'hésitez pas à partager cet épisode avec des
personnes qui pourraient être intéressés par son contenu, et de liker l'épisode, de vous
abonner à la chaîne, ça nous aide beaucoup dans cette aventure de podcast. Et je vous dis à la
prochaine pour un prochain épisode.
(1:01:23 - 1:01:30)
Voilà. Bonjour. En ce moment, vous pensez sûrement à une personne qui pourrait bénéficier du
contenu de cet épisode.
(1:01:31 - 1:01:35)
Si c'est le cas, je vous invite à le lui partager. Je vous remercie pour votre soutien.