Vous surveillez votre alimentation, vous comptez vos calories, vous faites attention à vos portions, et pourtant la balance refuse obstinément de bouger. Pire encore, vous prenez du poids sans comprendre pourquoi.
Cette situation frustrante touche des milliers de personnes qui découvrent que le simple comptage des calories ne suffit pas à expliquer leur prise de poids.
La science nous révèle aujourd'hui que la gestion du poids est bien plus complexe qu'une simple équation mathématique entre calories ingérées et calories dépensées. Vos hormones, votre microbiote intestinal et votre métabolisme jouent un rôle déterminant dans votre capacité à perdre ou prendre du poids, souvent de manière totalement indépendante de votre volonté.
Dans cet épisode, Nicholas Balon-Perin reçoit Véronique Liesse, diététicienne nutritionniste et spécialiste du microbiote, pour démystifier les véritables mécanismes de la prise de poids et sortir enfin de la culpabilité qui accompagne souvent cette problématique.
Découvrez pourquoi votre corps ne répond pas comme vous l'espériez et surtout, quelles solutions concrètes existent pour retrouver un équilibre métabolique durable.
Chez Symp, nous réalisons des analyses biologiques ciblées pour identifier les causes réelles de vos inconforts et vous proposer une nutrition personnalisée adaptée à vos besoins uniques.
Véronique Liesse est diététicienne nutritionniste de formation, mais son parcours ne s'arrête pas là. Consciente très tôt des limites d'une approche uniquement basée sur les macronutriments et le comptage calorique, elle s'est formée à travers de nombreux diplômes universitaires en micronutrition, en nutrition du sportif et en microbiote. Ce dernier domaine est devenu sa véritable passion et son expertise principale, tant ce champ de recherche révolutionne notre compréhension de la santé globale.
Aujourd'hui, Véronique Liesse partage son temps entre ses consultations privées, les formations professionnelles qu'elle dispense en ligne, notamment des spécialisations approfondies sur le microbiote destinées aux professionnels de santé, et l'écriture d'ouvrages de référence. Elle assure également le suivi nutritionnel d'une équipe de football de première division.
Son dernier livre, "Un microbiote sur mesure", complète sa "Bible pour perdre du poids sans régime", un ouvrage de 600 pages qui aborde tous les aspects de la gestion du poids au-delà du simple régime restrictif. Comme elle l'explique elle-même : "On a été formé, et on peut le comprendre, à regarder plutôt l'assiette sous l'angle macronutriments et donc calories. Et aujourd'hui, c'est une vision qui me semble, moi, totalement dépassée." Cette prise de conscience précoce l'a conduite à explorer les comportements alimentaires, les pulsions, et surtout à comprendre pourquoi certains patients prenaient du poids malgré une alimentation contrôlée.
Pendant des décennies, la gestion du poids s'est résumée à une équation simpliste : si vous consommez plus de calories que vous n'en dépensez, vous prenez du poids. Cette vision purement comptable ignore totalement la complexité biologique de notre organisme.
Pour Véronique Liesse "Il n'y a vraiment finalement pas de cas où la personne est vraiment à 100% responsable d'une prise de poids qu'elle n'a pas souhaitée." Cette affirmation peut sembler révolutionnaire, mais elle s'appuie sur des années de recherche scientifique démontrant que de nombreux facteurs biologiques échappent totalement à notre contrôle conscient. La restriction calorique, présentée pendant si longtemps comme la solution miracle, peut même avoir des effets délétères sur le long terme. Notre corps est intelligent et s'adapte aux privations en ralentissant son métabolisme, ce qui explique pourquoi tant de personnes perdent quelques kilos pour en reprendre davantage par la suite.
En consultation, Véronique Liesse rencontre des profils très variés, mais certains schémas reviennent régulièrement. Il y a d'abord ces personnes qui sont au régime depuis l'enfance, considérées comme rondes dès leur plus jeune âge. Ces privations précoces influencent le métabolisme et la composition du microbiote, créant des frustrations qui entraînent des compensations alimentaires.
Ensuite viennent les personnes qui enchaînent les régimes et qui étaient parfaitement minces avant de commencer cette spirale infernale. Les régimes favorisent paradoxalement la prise de poids à long terme car le métabolisme s'adapte. Comme l'explique Véronique : "Notre corps est extrêmement intelligent. Et donc, qu'est-ce qu'il fait quand on le restreint ? Il se dit bon, je vais me contenter de ça. Donc, je vais brûler moins et stocker." Ces personnes se retrouvent alors dans un cycle où elles perdent trois kilos pour en reprendre quatre.
Il existe également des personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire, et le microbiote joue un rôle majeur dans la gestion de l'appétit.
Enfin, certaines personnes ont un microbiote déséquilibré qui entraîne davantage d'inflammation et de résistance à l'insuline, favorisant ainsi le stockage des graisses. L'inégalité face au poids est une réalité biologique : "Nous savons qu'il y a des souches dans notre microbiote qui sont associées à la minceur."
La culpabilité face à la prise de poids est omniprésente dans notre société. Véronique Liesse insiste sur l'importance de sortir de cette diabolisation du surpoids et de l'obésité, souvent perçus comme un manque de volonté. Ses patients lui disent fréquemment : "J'ai aucune volonté. Je manque de volonté, c'est terrible." Sa réponse est toujours la même : "Ce n'est pas vous qui manquez de volonté, c'est simplement qu'il y a des dérégulations au niveau du corps ou des mauvaises habitudes qui ont été prises."
Nous ne sommes pas responsables de notre éducation nutritionnelle ni des habitudes que nous avons reçues. Ce sont des comportements qu'il faut désapprendre pour en réapprendre de meilleurs. Cette culpabilité génère une souffrance qui aggrave le stress et conduit à des comportements alimentaires moins adaptés et à des choix nutritionnels délétères. À l'inverse, lorsqu'une personne se sent plus à l'aise et moins coupable, la charge de stress diminue, facilitant la mise en place de nouveaux comportements sains.
Le terme métabolisme désigne l'ensemble des réactions de construction et de dégradation dans notre organisme, ce que les scientifiques appellent l'anabolisme et le catabolisme. Dans le langage courant, et particulièrement sur les réseaux sociaux, le métabolisme est souvent réduit à la capacité de brûler des calories.
Le marketing de la santé a évolué : après avoir compris que les régimes restrictifs ne fonctionnaient pas, l'angle choisi est désormais de ne plus dire "mange moins" mais plutôt "brûle plus". Cette approche, bien que plus pertinente, reste incomplète si elle ne prend pas en compte tous les acteurs impliqués dans notre métabolisme.
Plusieurs partenaires biologiques sont impliqués dans la régulation de notre métabolisme. Le microbiote en fait évidemment partie, mais la thyroïde joue également un rôle central. Cette glande est véritablement notre chaudière métabolique, déterminant ce que nous allons brûler ou stocker.
Les mitochondries constituent un autre acteur fondamental. Ces petites usines énergétiques, présentes par milliers dans nos cellules, transforment la matière première que sont les calories ingérées en énergie utilisable sous forme d'ATP. "Plus vous allez transformer vos calories en ATP et plus vous allez garder la ligne", résume Véronique. Plus cette transformation est efficace, meilleur est votre métabolisme.
Pour optimiser ce système complexe, il est essentiel de chouchouter chacun de ces acteurs métaboliques par une alimentation appropriée et un mode de vie adapté.
L'insuline est la première hormone à laquelle penser quand on parle de prise de poids. Cette hormone permet l'utilisation du glucose par les cellules et possède une fonction anabolisante essentielle. "Parfois, on a l'impression que c'est une hormone affreuse. En réalité, heureusement qu'elle est là, parce qu'on en a bien besoin", précise Véronique Liesse.
Le problème survient lorsque l'insuline est malmenée par notre mode de vie, notre stress ou notre microbiote déséquilibré. Avec le temps, cette hormone devient moins efficace et nos tissus répondent moins bien. Pour compenser, le pancréas produit davantage d'insuline. Or, l'insuline étant l'hormone du stockage, une production excessive se traduit par une accumulation de poids, d'autant plus que le déstockage ne s'effectue pas correctement.
L'alimentation moderne a un caractère trop hyperglycémiant, c'est-à-dire qu'elle élève excessivement la glycémie. Le niveau de transformation des aliments fait qu'ils manquent cruellement de fibres et présentent un assemblage de nutriments qui ne possède plus ce qu'on appelle l'effet matrice des aliments naturels.
Une consommation occasionnelle d'aliments hyperglycémiants ne pose pas de problème majeur, notre corps étant parfaitement capable de gérer ponctuellement ces situations. Mais lorsque cette alimentation devient chronique et constitue la base de l'alimentation quotidienne, les tissus finissent par ne plus répondre correctement et le stockage de graisse s'intensifie.
La thyroïde est véritablement notre chaudière, l'organe qui va décider de ce que nous allons brûler ou stocker. C'est le chef d'orchestre de nos hormones. Cette glande peut être malmenée par de nombreux facteurs : le mode de vie, un microbiote déséquilibré, l'exposition aux polluants environnementaux, mais aussi des déficits nutritionnels.
Pour produire les hormones thyroïdiennes, notre corps a besoin de nutriments spécifiques issus de l'alimentation. "Vous manquez d'iodes, vous manquez de sélénium, vous manquez de zinc, et bien vous allez avoir plus de difficultés à produire ces hormones thyroïdiennes et donc à réguler votre métabolisme." Ces carences nutritionnelles sont malheureusement très répandues et constituent un obstacle majeur à un métabolisme optimal.
Chez la femme, les œstrogènes et la progestérone jouent un rôle important dans la régulation du poids. Autour de la ménopause, la chute de ces hormones entraîne une prise de poids liée à une petite perte de sensibilité à l'insuline et à une thyroïde qui fonctionne moins bien. Cette période de transition hormonale nécessite une vigilance accrue concernant l'alimentation et le mode de vie. Comme le souligne Véronique : "À partir d'un certain âge, ça pardonne encore moins. Donc il faut être encore plus vigilant."
L'axe du stress, avec le cortisol comme hormone principale, constitue un facteur majeur de prise de poids. Lorsqu'on est stressé de façon chronique, on accumule davantage de graisse, notamment au niveau du ventre. Cette graisse abdominale ne facilite pas notre métabolisme et augmente le risque de résistance à l'insuline, créant ainsi un cercle vicieux.
Pour le corps, le stress reste du stress, quelle que soit sa nature. "Si vous avez froid pendant 24 heures, c'est un stress. Si vous avez un voisin qui vous dérange en permanence, c'est un stress. Au travail, c'est du stress. Le froid, le chaud, le bruit." Ce qui complique les choses, c'est que notre corps a tendance à s'habituer et à s'adapter au stress, ce qui peut être une qualité mais aussi un défaut. Nous finissons par ne plus nous rendre compte que nous sommes stressés, incapables de revenir à notre niveau basal de stress.
Cette situation de stress chronique, même léger, impacte directement la composition de notre microbiote. Nous sommes presque tous dans cette situation de stress chronique qui affecte silencieusement notre santé métabolique.
Le microbiote est un sujet vaste et complexe. Il ne se compose pas uniquement de bactéries, mais aussi de virus et de levures. Longtemps associé uniquement à la santé digestive et aux troubles comme les ballonnements, les gaz, la constipation ou les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, le microbiote impacte en réalité l'ensemble de notre organisme. La science parle désormais d'axe intestin-cerveau, intestin-poumon, intestin-rein, intestin-vagin, intestin-peau, et même intestin-mitochondrie.
Le microbiote influence notre système immunitaire, et l'inflammation fait partie des mécanismes de ce système. Cette inflammation est aujourd'hui reconnue comme impliquée dans la prise de poids. "Quand il y a un problème d'inflammation, eh bien, ça va favoriser de l'insulinorésistance qui, elle-même, est pro-inflammatoire. Et donc, très vite, on peut se retrouver dans ce cercle vicieux."
Certaines familles de bactéries, particulièrement les protéobactéries comme Escherichia coli ou Klebsiella pneumoniae, sont des bactéries à Gram négatif porteuses de petits morceaux de membrane appelés lipopolysaccharides ou LPS. Ces LPS, lorsqu'ils sont libérés en excès dans la circulation, stimulent des récepteurs qui influencent négativement notre métabolisme.
Une alimentation déséquilibrée, pauvre en fibres et riche en graisses, en viande industrielle et transformée, favorise le développement des protéobactéries. Ces bactéries libèrent davantage de LPS qui génèrent plus d'inflammation et de résistance à l'insuline. Patrice Cani, chercheur belge, étudie ce mécanisme depuis près de vingt ans, et c'est aujourd'hui l'un des mécanismes les mieux documentés par lequel le microbiote influence les maladies métaboliques.
Le microbiote fabrique de nombreuses molécules favorables à notre santé et notre métabolisme, notamment des acides gras à chaînes courtes. Le butyrate, l'acétate et le propionate doivent être produits dans des proportions appropriées et possèdent généralement des propriétés protectrices.
Le butyrate est particulièrement anti-inflammatoire. Il protège la muqueuse intestinale et stimule la production de mucus. "Quand on a une bonne muqueuse bien protégée, on a tendance à moins faire passer les LPS", créant ainsi un cercle vertueux. Il faut à la fois empêcher la production excessive de LPS par les bactéries pathogènes, mais aussi renforcer la barrière intestinale pour éviter qu'ils ne passent dans la circulation sanguine.
Le microbiote influence directement nos goûts alimentaires, nos envies, nos pulsions, notre appétit et notre sensation de satiété. "C'est assez incroyable. Et donc, notamment le fait de consommer beaucoup de fibres, ça active du GLP-1." Le GLP-1 est cette molécule devenue très populaire dans les médicaments anti-obésité. Le microbiote intervient donc à tous les niveaux : depuis l'envie de manger jusqu'à la façon dont nous métabolisons les aliments, en passant par ce que nous absorbons, ce que nous stockons et ce que nous déstocker.
La recherche a identifié des profils bactériens associés au poids corporel. Il n'existe pas une seule bactérie responsable de tout, mais des souches particulières sont pointées du doigt. Akkermansia muciniphila est particulièrement impliquée : les personnes en situation d'obésité ou atteintes de diabète de type 2 manquent souvent de cette bactérie protectrice.
D'autres souches très anti-inflammatoires comme Faecalibacterium prausnitzii sont également associées, lorsqu'elles sont insuffisamment présentes, à un risque augmenté de surpoids et d'obésité. Les protéobactéries, comme Escherichia coli, sont plutôt associées à des profils à risque.
Dans l'autre sens, certaines souches sont protectrices. "Je pense à Christensenella minuta, par exemple. Si vous en avez un bon paquet, c'est très associé à la minceur. Donc, les gens très minces ont parfois des souches un peu en plus que les autres ou en plus grande quantité."
Un aspect fondamental qui renforce le message selon lequel nous ne sommes pas responsables de notre prise de poids : notre microbiote est largement modulé dans les premières années de vie et même déjà in utero. "On sait que le microbiote de la maman enceinte commence déjà d'une certaine façon à moduler, à influencer la composition du microbiote futur de son enfant."
Le mode de naissance est fondamental. Naître par voie basse ou par césarienne ne produit pas le même microbiote. Même parmi les césariennes, les conséquences diffèrent selon qu'il s'agit d'une césarienne de confort ou d'une césarienne après rupture de la poche des eaux. Dans ce dernier cas, le microbiote de l'enfant sera plus proche de celui d'un enfant né par voie basse.
La façon dont on a été nourri, l'allaitement et sa durée, l'exposition aux antibiotiques de la maman autour de l'accouchement ou du bébé dans les premiers mois de vie ont tous un impact. "On sait que dès la première prise d'antibiotiques, ça va avoir un impact."
On parle des mille premiers jours, un concept appelé DOHaD en anglais pour "developmental origin of health and disease". C'est vraiment une période où l'on se programme à être en bonne santé ou à être malade. Le microbiote continue de se moduler jusqu'à l'âge de quatre ou cinq ans, puis encore un peu mais plus difficilement. À partir de la pré-adolescence, le microbiote atteint une grande stabilité.
"On part avec un potentiel que l'on peut détruire, bien sûr, que l'on peut aussi améliorer par notre mode de vie. Mais le microbiote fait preuve de résilience. Donc, il va plutôt revenir à sa composition qu'il avait auparavant." Cette résilience explique pourquoi certaines personnes peuvent manger n'importe quoi sans prendre de poids tandis que d'autres doivent être extrêmement vigilantes.
Les aliments ultra-transformés élèvent beaucoup plus la glycémie que les aliments naturels. Prenons l'exemple du pain. "Si vous prenez du pain blanc, on sait qu'il va élever particulièrement la glycémie. Et encore une fois, je ne parle pas d'une consommation unique, mais bien d'une consommation quotidienne et fréquente de l'aliment."
Le pain blanc a un impact sur la glycémie bien plus important qu'un pain au levain complet riche en fibres. Ce dernier permet de nourrir le microbiote grâce aux fibres et prébiotiques qu'il contient. C'est précisément ce qui pêche le plus dans l'alimentation moderne : nous ne nourrissons pas notre microbiote avec suffisamment de fibres et de prébiotiques, ce qui l'appauvrit et le fait dysfonctionner.
Il est essentiel de ne pas manger de glucides en plus grande quantité que ses besoins. "Quelqu'un qui est particulièrement sédentaire, ce qui n'est pas une bonne idée, bien sûr, mais qui est particulièrement sédentaire, n'a pas les mêmes besoins que quelqu'un qui est maçon et qui fait un jogging d'une heure le soir."
Le macronutriment qui est le plus à adapter en termes de quantité, ce sont les glucides. Beaucoup de personnes peuvent potentiellement en manger trop. La répartition est également importante : certaines personnes ne mangent pas trop de glucides en quantité totale, mais trop de sucre en proportion. Si 20% de l'alimentation est constituée de sucre, c'est problématique puisqu'on ne devrait pas dépasser dix pour cent, voire moins.
En termes de qualité, il faut vraiment aller vers les lentilles, les pois chiches, le riz rouge, le riz brun, le riz complet, le quinoa, le sarrasin, les céréales non transformées qui sont encore riches en fibres et apportent de quoi nourrir le microbiote. Il faut ajouter les glucides des fruits, des légumes, des noix, tous ces aliments qui apportent de l'énergie accompagnée non seulement de fibres permettant une libération lente de l'énergie, mais aussi de tous les nutriments dont la mitochondrie a besoin pour transformer ces calories en ATP.
Les conseils élémentaires consistent à limiter le pain blanc, les pâtes blanches, le riz blanc, les biscottes et autres produits très transformés et raffinés qui n'ont pas cette capacité d'aller nourrir le microbiote.
Pour la thyroïde, si on n'a pas d'iode, il est très difficile de produire des hormones thyroïdiennes. Beaucoup de personnes manquent d'iode. Il est donc important d'utiliser peut-être du sel enrichi en iode, de manger de temps en temps du poisson, de faire doser son iode par un laboratoire au niveau urinaire et de se faire supplémenter s'il s'avère que l'iode n'est pas apportée à des dosages suffisants.
Ces recommandations relèvent du bon sens et s'appliquent à la plupart des situations. Pour les hormones féminines, œstrogènes et ménopause, c'est évidemment un traitement à discuter avec son médecin, mais les conseils nutritionnels restent du même ordre, sachant qu'à partir d'un certain âge, le corps pardonne moins les écarts.
Les oméga-3 agissent comme des prébiotiques et constituent un véritable anti-inflammatoire. "Ça module le microbiote. Ça peut jouer sur l'appétit. Ça va jouer sur la sensibilité à l'insuline." Beaucoup de personnes manquent d'oméga-3. Si vous n'aimez pas le poisson gras ou n'en mangez pas au moins deux fois par semaine, il faut vraiment envisager une supplémentation pour booster son métabolisme.
Booster son métabolisme, c'est véritablement redonner à manger à son corps, mais de façon qualitative. "Quand je dis à manger, c'est vraiment les bons nutriments, les vitamines, les minéraux." Il faut mettre des fibres, des produits végétaux, plus au menu. Ce n'est évidemment pas tout : il y a aussi la gestion du stress et l'activité physique à prendre en compte.
Véronique Liesse aborde tous ces aspects dans sa "Bible pour perdre du poids sans régime", un ouvrage qui fait 600 pages précisément parce qu'il traite de tous ces éléments complexes. "J'en avais marre de ces trucs : Et manger moins, et se restreindre, et compter les calories, c'est tellement plus compliqué."
Pour commencer dès maintenant, Véronique recommande de manger des produits maison, le moins transformé possible. Il faut surtout consciemment ajouter des fibres à son alimentation quotidienne. La découverte ou redécouverte du plaisir de cuisiner, de végétaliser son assiette, de manger plus de fibres et d'intégrer des oméga-3 constitue déjà une base solide pour améliorer son métabolisme.
Ces changements ne relèvent pas d'une restriction mais bien d'un enrichissement nutritionnel. Il s'agit de donner à votre corps les outils biologiques dont il a besoin pour fonctionner de manière optimale.
Livres de Véronique Liesse :
Formations professionnelles : Véronique Liesse propose des spécialisations en ligne sur le microbiote destinées aux professionnels de santé, avec des conseils pratico-pratiques sur les probiotiques et prébiotiques à choisir selon chaque pathologie.
Chronique radio : Retrouvez Véronique Liesse sur Nutri Radio, disponible en podcast et via l'application dédiée.
Patrice Cani - Chercheur belge spécialisé dans l'étude des lipopolysaccharides (LPS) et leur impact sur le métabolisme depuis près de 20 ans.
Le concept DOHaD - "Developmental Origin of Health and Disease", qui désigne les mille premiers jours de vie comme période critique pour la programmation de la santé future.
Si vous vous reconnaissez dans les profils décrits dans cet épisode, si vous avez l'impression de faire tous les efforts nécessaires sans obtenir de résultats, il est peut-être temps d'explorer les causes biologiques de votre prise de poids. Un déséquilibre hormonal, une résistance à l'insuline ou un microbiote perturbé peuvent expliquer vos difficultés.
Chez Symp, nous réalisons des analyses biologiques ciblées selon vos inconforts spécifiques pour comprendre leurs causes réelles et les soulager avec une nutrition personnalisée adaptée à vos besoins uniques. Notre approche va au-delà du simple comptage calorique pour vous proposer des solutions fondées sur votre biologie individuelle.
Faites l'analyse de votre microbiote et de vos déséquilibres hormonaux via le lien : https://symp.co/
(0:00 - 0:38)
Il n'y a vraiment pas de cas où la personne est à 100% responsable d'une prise de poids qu'elle
n'a pas souhaitée. Et je pense que ce sont des messages très importants à faire passer, parce
que finalement cette culpabilité, c'est de la souffrance, et cette souffrance va elle-même
entraîner du stress et des comportements alimentaires peut-être moins adaptés. Bienvenue
dans le podcast Simp Biologie Santé Nutrition, le podcast où nous discutons avec des experts
de ce que notre corps et notre biologie nous disent à propos de notre santé et nos besoins en
nutrition.
(0:39 - 1:01)
Je suis Nicholas Balon-Perin, le fondateur de Symp, et je serai votre hôte tout au long de ce
podcast. Chez Symp, nous vous permettons de réaliser des analyses biologiques, ciblées selon
vos inconforts, pour comprendre leurs causes et les soulager, avec une nutrition personnalisée
adaptée à vos besoins. Bonjour Véronique, bienvenue dans le podcast Simp.
(1:01 - 1:40)
Merci pour votre participation. Bonjour Nicolas, bonjour tout le monde. Donc aujourd'hui, je voulais qu'on discute un petit peu de nombreux ouvrages que vous avez écrits, et je pense
qu'on va un petit peu essayer de retracer les différents livres que vous avez écrits autour d'un
sujet central, mais d'un sujet qu'on va essayer de dépasser un petit peu, qui est la prise de
poids, essayer de dépasser un petit peu cette notion de prise de poids liée uniquement au
comptage calorique, si je puis dire, en regardant un petit peu la biologie pour rendre cette
notion de prise de poids un petit peu subtile.
(1:40 - 1:51)
Parce qu'aujourd'hui, on sait que les hormones, le stress, le microbiote, tout ça se parle et
parfois se dérègle. Et c'est justement ce dont on va parler avec vous aujourd'hui, Véronique, si
ça vous convient. Parfait.
(1:52 - 2:54)
Alors, peut-être pour nos auditeurs et auditrices qui ne vous connaîtraient pas, est-ce que vous
pouvez vous présenter rapidement qui est Véronique Liès ? Alors, je suis en fait de formation
diététicienne nutritionniste et puis je me suis beaucoup formée à côté dans de nombreux DEU,
que ce soit en micronutrition, en nutrition du sportif, en microbiote, qui est devenue vraiment
une passion et un intérêt majeur tant ce domaine est passionnant et est lié à tellement de
choses dans notre santé. Aujourd'hui, je partage mon temps entre mes consultations, les
formations que je donne en ligne et notamment des spécialisations sur le microbiote pour lesprofessionnels de santé, l'écriture de livres et puis je m'occupe également d'une équipe de
football en première division pour côté nutrition. Donc voilà, ça, c'est un petit peu mon activité
en résumé.
(2:54 - 4:09)
Ça fait un planning bien chargé tout ça, j'imagine. Et qu'est-ce qui vous a amené un petit peu à
vous intéresser à ce lien entre hormones, microbiote, poids, qui, je pense, n'est pas toujours la
direction que prennent toutes les personnes qui ont une formation similaire à la vôtre ? C'est
vrai, j'aime bien la façon dont vous pesez vos mots. Alors, en fait, c'est tout à fait vrai, c'est
qu'on a été formé, et on peut le comprendre, à regarder plutôt l'assiette sous l'angle
macronutriments et donc calories.
Et aujourd'hui, c'est une vision qui me semble, moi, totalement dépassée. J'ai eu ce sentiment
très, très vite. Quand j'ai fini mes études, je me suis dit, il y a un truc qui ne va pas, qui me
manque.
Déjà, dans les comportements alimentaires, dire à quelqu'un de faire quelque chose et puis se
rendre compte qu'il ne le fait pas. Par exemple, un patient qui a des pulsions alimentaires ou
qui fait tout très bien, qui prend du poids, j'ai vite compris que ce comptage de calories n'était
pas du tout ajusté. Et la solution est que restreindre les calories, ce n'est pas toujours
nécessaire.
(4:09 - 4:33)
Ça ne marche pas toujours et ça a souvent des effets délétères. Donc, je me suis intéressée
dans un premier temps, mais je vous parle, il y a des années, à la micronutrition et j'ai essayé
de comprendre comment, justement, fonctionnait la sérotonine, pourquoi on pouvait comme
ça avoir des comportements absolument incontrôlables en termes d'alimentation. Et donc, ça a
été vraiment la porte ouverte, la micronutrition.
(4:33 - 5:08)
Et puis, très, très rapidement, je me suis rendue compte, comme beaucoup d'autres, de
l'importance de la santé digestive et puis de lecture en lecture, de formation en formation,
d'études en études, parce que j'ai le nez, évidemment, comme je donne des cours sur le
microbiote, il faut être évidemment, si possible, à la page. Et ça avance à une vitesse la
littérature scientifique dans ce domaine que ce n'est pas toujours simple de rester à jour. Et
donc, plus j'en apprends et plus j'ai envie d'en savoir.
(5:09 - 5:56)
Et c'est vraiment quelque chose de passionnant qui permet aussi de sortir de cette vision
totalement simpliste de calories in, calories out, qui permet de déculpabiliser vraiment aussi les
patients parce qu'on peut leur expliquer qu'il y a beaucoup de choses qui ne sont pas tant queça sous leur contrôle, mais qu'on va quand même pouvoir faire des choses ensemble et surtout
de leur expliquer comment ça se passe à l'intérieur du corps et d'arrêter de compter
simplement les calories. Donc voilà, ça m'a énormément aidée dans ma pratique de
comprendre un peu comment ce système peut fonctionner. Voilà un petit mélange d'intérêts et
de passions et j'en suis arrivée là.
(5:56 - 6:13)
Oui, c'est vrai que je pense qu'il y a plusieurs choses que vous avez dit que justement, sur
lesquelles j'aimerais revenir. La première chose, c'est l'explosion au niveau de la littérature
scientifique sur le microbiote. C'est vrai qu'à partir déjà depuis 2015, mais surtout depuis 2020,
quand on regarde la courbe du nombre de publications, c'est assez affolant.
(6:13 - 6:44)
Et comment est-ce qu'on fait pour rester à la page? On en reparlera et on rentrera dans le
microbiote un peu plus tard. Mais je pense que d'abord, un point qui est très important, c'est
cette notion de culpabilité face à la prise de poids. Se dire que si je n'y arrive pas à perdre du
poids, c'est parce que je ne fais pas ce qu'il faut.
Ou en tout cas, c'est parce que je n'arrive pas à me discipliner assez ou autre. Alors que pour
certaines personnes, comme vous disiez, ça fonctionne pas exactement comme ça. Et donc, je
pense que c'est un sujet qu'on va peut être commencer avec ce sujet là.
(6:45 - 7:20)
Qu'est ce qui se passe vraiment chez les personnes qui prennent du poids et où c'est un peu
plus complexe que juste cette notion de calories. Mais peut être avant, je pense que c'est
intéressant pour les personnes qui nous écoutent et peut être se retrouvent ou dans ce que
vous dites. Si vous avez quelques exemples de choses que vous entendez souvent en
consultation, un petit peu les cas assez typiques de personnes qui viennent vous trouver, qu'est
ce qu'ils ont déjà fait? Comment ça s'est un peu passé pour eux, pour elles, le parcours? Je
pense que c'est assez intéressant.
(7:22 - 7:49)
On entend beaucoup de choses et c'est pas toujours facile de se retrouver dans les parcours. Je
pense que c'est toujours bien d'entendre ce que d'autres personnes ont vécu et c'est à dire qu'il
y a des solutions dont on va parler juste après. Oui, alors c'est évidemment extrêmement
hétéroclite, mais globalement, vous avez les personnes qui sont au régime depuis qu'ils sont
tout petits, parce que depuis qu'ils sont tout petits, ils sont considérés comme ronds.
(7:50 - 8:01)
Donc, on voit déjà qu'évidemment, il y a quelque chose qui échappe. C'est pas un enfant dedeux ans qui est en surpoids. C'est pas parce qu'il va au McDo quatre fois par semaine.
(8:02 - 8:37)
Donc, c'est clair que c'est pas sous son contrôle. Donc, à partir du moment où il y a des
privations qui sont mises en place, ça peut évidemment largement influencer le métabolisme,
influencer la composition du microbiote. Ça peut entraîner des frustrations qui vont entraîner
des compensations alimentaires.
Donc, ça, c'est un profil type. Après, vous avez les personnes qui enchaînent les régimes, qui
étaient très bien avant, mais qui ont pris du poids parce qu'elles enchaînaient les régimes.
Donc, un régime, c'est vraiment quelque chose qui, à terme, favorise plutôt la prise de poids
parce qu'on sait aujourd'hui que le métabolisme va s'adapter.
(8:38 - 8:46)
Notre corps est extrêmement intelligent. Et donc, qu'est-ce qu'il fait quand on le restreint ? Il se
dit bon, je vais me contenter de ça. Donc, je vais brûler moins et stocker.
(8:46 - 9:12)
Et donc, voilà, tout simplement, ces personnes se mettent à perdre 3, reprendre 4, parce que ça
entraîne des compensations, que ce soit au niveau de la thyroïde ou d'autres systèmes de notre
métabolisme. Vous avez des personnes qui ont des troubles du comportement alimentaire et
on sait aujourd'hui que le microbiote est impliqué dans la gestion de l'appétit. On le voit bien,
notamment avec les médicaments anti-obésité.
(9:13 - 9:23)
Les analogues GLP1, etc. Le but, c'est de booster le GLP1 qui joue évidemment sur l'insuline,
mais qui va aussi jouer sur l'appétit. Ce n'est pas la seule chose.
(9:23 - 9:44)
On a plein de choses, on peut en reparler, qui, par l'intermédiaire du microbiote, vont aller
moduler notre appétit. Donc, qui c'est qui peut tenir, entre guillemets, quand on a très faim ?
Ce n'est pas humain. Donc, c'est normal à un moment donné que ces personnes mangent plus
à partir du moment où leur système de satiété ou d'appétit est dérégulé.
(9:44 - 10:02)
Donc, on a vraiment toute une série de choses. Ça peut être un manque de sérotonine lié au
stress. Et puis, des personnes qui ont un microbiote déséquilibré et qui va entraîner plus
d'inflammation, plus d'insuline aux résistances et donc plus de stockage.
(10:02 - 10:16)Donc, c'est vrai que toutes ces situations montrent que d'une part, on n'est pas égaux, mais ça
clairement pas. On sait qu'il y a des souches dans notre microbiote qui sont associées à la
minceur. Vous ne les avez pas, tant pis pour vous.
(10:17 - 10:36)
Donc, c'est quelque chose que j'enseigne beaucoup. C'est de sortir de ce réflexe, de cette
diabolisation du surpoids et de l'obésité, comme quoi ce serait vraiment lié à un manque de
volonté. Et même le patient, parfois, il dit « j'ai aucune volonté.
(10:36 - 11:39)
Je manque de volonté, c'est terrible ». Mais je leur dis, ce n'est pas vous qui manquez de
volonté, c'est simplement qu'il y a des dérégulations au niveau du corps ou des mauvaises
habitudes qui ont été prises. Nous ne sommes pas non plus responsables de notre éducation
nutritionnelle, des habitudes que nous avons reçues. Donc, c'est des choses qu'il faut
désapprendre et puis en réapprendre de meilleure.
Donc, il n'y a vraiment finalement pas de cas où la personne est vraiment à 100% responsable
d'une prise de poids qu'elle n'a pas souhaitée. Et je pense que ce sont des messages très
importants à faire passer parce que finalement, cette culpabilité, c'est de la souffrance et cette
souffrance, elle va elle-même entraîner du stress et des comportements alimentaires peut-être
moins adaptés, des choix alimentaires moins adaptés. Alors que quand la personne se sent
beaucoup plus à l'aise et moins coupable, ça va faire diminuer cette charge en stress et donc ça
va l'aider finalement à mettre en place de nouveaux comportements.
(11:40 - 11:59)
C'est super intéressant, justement, j'ai envie qu'on rentre un petit peu dans ces hormones et
ces bactéries qui forcément ne sont, face auxquelles on n'est pas tous égaux. Mais peut-être
juste avant, vous avez commencé par parler de personnes avec un métabolisme bloqué. Qu'est-
ce que c'est? On entend de plus en plus, et je pense que c'est une bonne chose.
(11:59 - 12:31)
Oui, il faut relancer votre métabolisme. Je pense que j'entends cette phrase, après je suis bien
ciblé par les réseaux aussi, mais c'est une phrase que j'entends non-stop. Mais peut-être
expliquer déjà c'est quoi le métabolisme et pourquoi est-ce qu'on veut relancer le
métabolisme? Quel est l'intérêt et comment est-ce qu'on fait? Alors, de manière très, on va dire
très générale, le métabolisme, c'est vraiment l'ensemble des réactions de construction et de
dégradation, donc d'anabolisme et de catabolisme, comme on dit, dans le corps.
(12:31 - 12:47)
Donc ça, c'est un peu le terme très global. Aujourd'hui, on entend métabolisme quand on parlede ça, vous l'avez dit dans les réseaux sociaux, etc. L'idée, c'est de dire brûler des calories, en
fait, c'est ça, c'est comment je vais faire pour brûler plus de calories et que mon corps aille
déstocker.
(12:48 - 13:13)
Donc de destruction de calories, parce que vous disiez destruction et construction, donc c'est la
destruction de calories. C'est comment je vais brûler des calories en boostant mon
métabolisme, puisque le but souvent, c'est ça, évidemment, quand on veut perdre du poids.
Donc, le métabolisme en général, c'est un terme très scientifique, mais il est vulgarisé de façon
un peu raccourcie, on va dire, autour de je dois brûler des calories pour m'en débarrasser.
(13:14 - 13:31)
Et donc, évidemment, vous avez bien compris que les régimes, les machins, ça fait longtemps
qu'on a compris que ça ne fonctionne pas. Donc, d'un point de vue marketing, il faut bien
trouver d'autres choses à mettre en place. Donc maintenant, c'est vrai et quelque part, c'est
une réalité.
(13:31 - 13:52)
Donc, je ne critique pas, mais l'angle choisi, c'est pas mange moins, mais c'est brûle plus. Et
donc, c'est un peu ça l'idée. Et donc, aujourd'hui, on sait qu'il y a plusieurs partenaires dans
notre corps qui sont associés à notre métabolisme.
(13:52 - 14:28)
Le microbiote en fait partie, mais c'est vrai aussi pour la thyroïde. C'est vrai aussi pour les
mitochondries, qui sont ces petites usines énergétiques qu'on a par millier dans nos cellules et
qui, finalement, transforment la matière première, que sont les calories ingérées en énergie
utilisable par nos cellules, c'est-à-dire l'ATP. Et donc, évidemment, plus vous allez transformer
vos calories en ATP et plus vous allez garder la ligne, on va le dire comme ça.
(14:28 - 15:36)
Donc, on a aujourd'hui toute une série d'acteurs impliqués dans ce métabolisme et qu'il est vrai
important d'aller chouchouter si on veut garder un bon équilibre. Et du coup, là, vous en avez
cité quelques unes, mais quelles sont, pour parler un petit peu des hormones, parce qu'on
parle souvent maintenant des hormones pour la perte de poids, mais notamment par rapport
aux mécanismes que vous citiez ici, quelles sont les hormones clés qui sont impliquées dans
cette régulation du poids, dans cette capacité de notre corps à transformer les calories en
énergie ? Et je pense que du coup, c'est intéressant, ça va nous mener un peu vers la fatigue et
le stress, parce que vous disiez que si on ne produit pas assez d'énergie, on peut avoir un
déficit de transformation de ces calories en énergie. Donc, on pourrait s'imaginer que si on est
souvent fatigué et qu'il y a une perte de poids, enfin, une difficulté à perte de poids associée, çapeut être relié au même mécanisme.
(15:36 - 15:39)
Je vais vous laisser. Absolument. Oui, oui.
(15:39 - 16:02)
Alors, des hormones, je ne vais pas être exhaustive, parce qu'évidemment, il y en a beaucoup,
mais la première à laquelle on va bien sûr penser, c'est l'insuline, puisque l'insuline, c'est notre
hormone de stockage. Et donc, c'est une hormone qui est très utile, parce que parfois, on dit ça
et on a l'impression que c'est une hormone affreuse. En réalité, heureusement qu'elle est là,
parce qu'on en a bien besoin.
(16:03 - 16:35)
C'est elle qui permet l'utilisation du glucose, notamment par la cellule. Donc, c'est une hormone
anabolisante. Et donc, cette insuline, malheureusement, quand elle est un petit peu malmenée
pour des raisons X ou Y, qui peuvent être liées au mode de vie, qui peuvent être liées au stress
également ou aux microbiotes, eh bien, avec le temps, cette insuline devient moins efficace.
(16:35 - 16:51)
Et donc, nos tissus répondent moins bien. Et alors, pour compenser, dans un premier temps, le
pancréas, qui est l'organe sécréteur, va produire plus d'insuline. Or, l'insuline, je l'ai dit, c'est
l'hormone du stockage.
(16:51 - 17:39)
Donc, évidemment, si vous stockez tout ce que vous mangez et qu'en parallèle, vous ne
déstockez pas ce que vous avez stocké, eh bien, vous aurez compris que ça se traduit par une
accumulation de poids. Et donc, cette insuline, elle est très, très impliquée. Et aujourd'hui, il faut
bien reconnaître que l'alimentation en général a un caractère trop hyperglycémien, c'est-à-dire
que le niveau de transformation des aliments va faire en sorte qu'on va notamment manquer
de fibres et avoir une espèce d'assemblage de nutriments qu'on n'a pas nécessairement dans
un aliment naturel qui va avoir ce qu'on appelle un effet matrice.
(17:40 - 18:28)
C'est ce qui manque aujourd'hui cruellement, c'est quand on mange ces aliments qui ont un
effet matrice, le corps va les métaboliser de façon beaucoup plus facile, tandis que quand on
assemble un peu dans les aliments ultra transformés, tous ces ingrédients, on va dire, c'est
géré, c'est métabolisé de façon différente. Et donc aujourd'hui, on a une alimentation qui a
tendance à trop élever la glycémie. Alors si c'est une fois de temps en temps, on est bien
d'accord que nous sommes tout à fait capables de gérer ça d'un point de vue métabolique,
mais quand c'est chronique et vraiment récurrent et que la base de l'alimentation esthyperglycémiante, à un moment donné, les tissus ne répondent plus correctement et donc on
va stocker du gras.
(18:28 - 18:57)
Donc l'insuline, c'est une hormone qui est vraiment centrale. Après, on a évidemment la
thyroïde qui est notre chaudière, qui est vraiment l'organe qui va décréter, j'ai envie de dire, ce
qu'on va brûler ou stocker et qui est vraiment le chef d'orchestre de nos hormones. Et donc
cette thyroïde, elle peut aussi être malmenée par le mode de vie, par un microbiote
déséquilibré, par des polluants.
(18:58 - 19:19)
Par des déficits nutritionnels, puisque pour les produire, ces hormones, on a besoin de
l'assiette. Vous manquez d'iodes, vous manquez de sélénium, vous manquez de zinc, et bien
vous allez avoir plus de difficultés à produire ces hormones thyroïdiennes et donc à réguler
votre métabolisme. Et donc ça, c'est vraiment, je dirais, deux hormones majeures.
(19:19 - 19:50)
Après, il y a toutes les hormones aussi qui sont liées aux oestrogènes et notamment chez la
femme, autour de la ménopause. On sait très bien que cette chute des oestrogènes et cette
chute de la progestérone, par ailleurs, sont à l'origine d'une prise de poids parce que là aussi,
petite perte de sensibilité à l'insuline, une thyroïde qui fonctionne un petit peu moins bien.
Donc ça, c'est quand même aussi des choses qui sont importantes.
(19:50 - 20:09)
Et puis on a tout l'axe du stress avec évidemment le cortisol. On sait aujourd'hui que quand on
est stressé de façon chronique, eh bien, on peut avoir tendance à accumuler plus de gras,
notamment au niveau du ventre. Et donc, on sait que ce gras au niveau du ventre, eh bien, il ne
facilite pas notre métabolisme.
(20:09 - 20:32)
Et donc, on va aussi avoir un risque augmenté d'insuline de résistance. Donc tout ça se tient un
petit peu. Et en tout cas, c'est absolument évident que d'une part, les hormones sont très
impliquées dans la gestion du poids et que les hormones sont des partenaires proches aussi de
la composition du microbiote qui va donc contribuer à les réguler.
(20:33 - 20:53)
Oui, donc au final, un petit peu toutes ces hormones travaillent également ensemble. Je pense
que quand on a un déséquilibre d'un côté, ça peut mener à des déséquilibres sur les autres
hormones que vous avez citées. Et donc là-dedans, il y a une partie sur laquelle on sait peut-
être facilement agir.(20:54 - 21:09)
Vous parliez de l'insuline et du coup de l'assiette qui va être trop transformée ou trop riche en
aliments glycémiens. Je ne sais pas si vous pouvez peut-être donner quelques grands exemples.
En tout cas, si on pouvait déjà commencer avec ceux-là, ce serait déjà quelque chose de gagné.
(21:10 - 21:32)
Oui, alors de manière générale, les aliments ultra transformés ont une tendance à élever
beaucoup plus la glycémie. Alors on peut démarrer avec un aliment en de base, le pain par
exemple. Aujourd'hui, si vous prenez du pain mis, on sait qu'il va élever particulièrement la
glycémie.
(21:33 - 21:59)
Et encore une fois, je ne parle pas d'une consommation unique, mais bien d'une consommation
quotidienne et fréquente de l'aliment. Donc le pain mis a vraiment un impact sur la glycémie
plus important que si vous consommez un pain au levain complet qui va être très riche en
fibres. Parce qu'on va parler de microbiote beaucoup, donc on ne peut pas s'empêcher de
parler de fibres et de prébiotiques.
(22:00 - 22:19)
Et donc aujourd'hui, c'est vraiment ce qui pêche le plus dans l'alimentation. C'est que
finalement, on ne nourrit pas notre microbiote grâce à ses fibres et ses prébiotiques. Et donc
c'est ça qui va vraiment faire en sorte que notre microbiote s'appauvrit et se met à
dysfonctionner.
(22:19 - 22:40)
Donc l'idée, c'est d'abord de ne pas manger de glucides en plus grande quantité que ses
besoins. Donc quelqu'un qui est particulièrement sédentaire, ce qui n'est pas une bonne idée,
bien sûr, mais qui est particulièrement sédentaire, n'a pas les mêmes besoins que quelqu'un
qui est maçon et qui fait un jogging d'une heure le soir. On est bien d'accord.
(22:40 - 23:01)
Et le macronutriment qui est le plus à adapter en termes de quantité, ce sont les glucides. Donc
il y a beaucoup de gens qui peuvent potentiellement en manger trop. Vous avez aussi dans la
répartition pas mal de choses qui pourraient être améliorées, puisque même on sait que
certaines personnes ne mangent pas trop de glucides, mais trop de sucre.
(23:02 - 23:44)
Donc si 20% de l'alimentation est constituée de sucre, c'est un problème également, puisqu'on
ne devrait pas dépasser 10%, voire moins. Et donc, j'ai parlé de la quantité et puis de la qualité.Et puis pour finir, comme je l'ai dit, en termes de qualité, on devrait vraiment plutôt aller vers
des lentilles, des pois chiches, du riz rouge, du riz brun, du riz complet, du quinoa, du sarrasin,
des céréales non transformées, qui sont encore riches en fibres, qui apportent donc de quoi
nourrir le microbiote.
(23:44 - 24:36)
Et vous ajoutez évidemment les glucides des fruits, les glucides des légumes, des noix, tous ces
aliments qui vont apporter aussi de l'énergie, mais de l'énergie qui est accompagnée non
seulement de fibres qui permettent une libération lente de l'énergie, mais aussi de tous les
nutriments dont, par exemple, la mitochondrie va avoir besoin pour utiliser et transformer ses
calories en ATP. Donc vraiment, ça fait partie des conseils élémentaires, c'est de limiter le pain
blanc, les pâtes blanches, même si on en mange de temps en temps, ce n'est pas du tout un
problème, c'est vraiment le riz blanc, des biscottes, des trucs comme ça très transformés, très
raffinés, qui n'ont pas cette capacité d'aller nourrir le microbiote. Donc ça, c'est pour la partie
insuline.
(24:36 - 25:24)
Après, vous avez parlé de la partie plutôt hormonale, sur laquelle je pense qu'on va plutôt
laisser ça à la consultation, parce qu'ici, ça va être compliqué, je pense, sauf si vous avez des
grands conseils généraux, notamment par rapport à la ménopause pour les femmes qui vont
avoir une chute d'ostrogène ou par rapport à la thyroïde, mais je pense que c'est peut-être un
petit peu un sujet un peu complexe à aborder comme ceci, hors consultation, sauf si vous avez
envie d'ajouter un point là-dessus. Mais de manière générale, j'ai envie de dire que les conseils
vont être les mêmes, puisque l'idée, c'est vraiment d'aller donner une alimentation qui apporte
des micronutriments et une alimentation qui apporte des fibres. Bien sûr, dans certains cas, il y
a des choses plus spécifiques qu'on va pouvoir conseiller.
(25:24 - 25:53)
J'ai parlé de la thyroïde. Comme on a dit, si on n'a pas de diodes et beaucoup de gens
manquent de diodes, c'est très difficile de produire des hormones thyroïdiennes. Donc faire
attention par rapport à ça, d'utiliser peut-être du sel enrichi en iodes, de manger de temps en
temps du poisson cru, de faire doser son iode quand même, de la faire tester par un
laboratoire au niveau urinaire et de se faire supplémenter s'il s'avère que l'iode n'est pas
apportée à des dosages suffisants.
(25:53 - 26:12)
Et donc oui, il y a des choses qu'on peut vraiment conseiller par rapport à la thyroïde
également, mais qui vont être souvent proches des conseils de bon sens. Et après, pour les
hormones féminines, oestrogènes, ménopause, etc. Bien entendu, c'est un traitement à avoir
avec son médecin.(26:12 - 26:23)
Et pour le reste, c'est des conseils du même ordre. Mais ça pardonne moins. On va dire qu'à
partir d'un certain âge, ça pardonne encore moins.
(26:23 - 26:36)
Donc il faut être encore plus vigilant par rapport aux conseils que je viens de donner. Oui, et
travailler aussi sur son microbe, sur lequel on va en briller juste après. Mais je voulais du coup
en profiter pour rebondir sur le dernier point, qui était le cortisol.
(26:36 - 26:58)
Parce que du coup, on sait que le stress a un gros impact également sur la prise de poids. Mais
dans certains livres que vous avez écrits, vous vous parliez parfois, c'est compliqué de faire, que
le corps ne fait pas la différence entre un stress environnemental et plutôt un stress
physiologique. Je ne sais pas comment vous l'aviez écrit.
(26:58 - 27:08)
Non, mais c'est en fait juste dire que pour le corps, le stress, c'est le stress. C'est une
dérégulation. Donc, si vous avez froid pendant 24 heures, c'est un stress.
(27:08 - 27:20)
Si vous avez un voisin qui vous dérange en permanence, c'est un stress. Au travail, c'est du
stress. Le froid, le chaud, le bruit.
(27:21 - 27:32)
Je veux dire, le stress, ce n'est pas juste quelqu'un qui vous agace. Donc voilà, c'est juste que
pour le corps, le stress, c'est le stress. Et on sait que parfois, c'est même des petits stress légers.
(27:33 - 27:45)
Et on sait malheureusement aussi que le corps a tendance à s'habituer. Il s'adapte, ce qui est
une qualité, mais qui peut aussi être un défaut. C'est-à-dire que vous dites, moi, je ne suis pas
stressé, moi, stressé.
(27:45 - 27:58)
Et en réalité, vous l'êtes. C'est juste que vous ne vous en rendez même pas compte. Et on ne
parvient plus, avec le temps, à revenir à son niveau basal, j'ai envie de dire, de stress.
(27:58 - 28:27)
Et ça, c'est un vrai problème parce que nous sommes tous à peu près dans cette situation destress chronique, même léger, qui va avoir un impact aussi sur la composition du microbiote.
Ça, c'est quelque chose qui a été vraiment clairement établi. Oui, et du coup, sur la perte de
poids, notamment sur le fonctionnement de ces cellules énergétiques qui sont les
mitochondries dont vous parliez.
(28:29 - 28:54)
Maintenant, je pense que la pièce manquante du puzzle, j'ai fait que la repousser jusqu'ici, mais
c'est le microbiote. Comment est-ce qu'il intervient dans tout ça ? D'après ce que vous avez dit,
de plusieurs manières. Mais comment est-ce qu'on peut essayer de comprendre le rôle du
microbiote avec cet angle du métabolisme et du poids ? En dehors juste d'être en bonne santé,
bien sûr.
(28:55 - 29:05)
Alors, c'est hyper vaste, c'est vraiment hyper vaste. C'est-à-dire que déjà, il faut comprendre ce
que c'est le microbiote. Mais je pense que les gens qui nous écoutent, ils savent quand même.
(29:05 - 29:19)
Mais rappelez que ce n'est pas que des bactéries, que c'est des archées, c'est des virus, c'est
des levures. Donc le microbiote, c'est quelque chose de très, très vaste. Et qu'on parle
beaucoup de bactéries parce que c'est ça qui est le plus étudié.
(29:20 - 29:41)
Mais qu'on sait aujourd'hui que les bactériophages, notamment les levures, sont également
impliqués dans nos métabolismes. Et le travail de recherche commence, je dirais, un petit peu
pour ces autres partenaires. Et ce microbiote, on l'a très longtemps associé à la santé digestive,
à juste titre, bien évidemment.
(29:41 - 30:02)
Donc tout ce qui est éballonnement en gaz, constipation, diarrhée et maladies inflammatoires
chroniques de l'intestin. Mais aujourd'hui, on sait qu'en fait, il impacte l'ensemble de notre
corps. On parle d'axe intestin cerveau, axe intestin poumon, axe intestin rein, intestin vagin,
intestin peau.
(30:03 - 30:35)
Et même intestin mitochondrie, puisqu'il y a aussi... En fait, comme il impacte tout, on pourrait
donner des axes, évidemment, sur tout. Alors, comment est-ce qu'il est capable d'agir par
plusieurs mécanismes ? D'une part, parce qu'il influence notre système immunitaire et qu'on
sait que, par exemple, l'inflammation, elle fait partie, c'est un des mécanismes qui fait partie de
notre système immunitaire. Et donc, cette inflammation, aujourd'hui, elle est impliquée dans la
prise de poids.(30:35 - 30:55)
Parce que quand il y a un problème d'inflammation, eh bien, ça va favoriser de
l'insulinorésistance qui, elle-même, est pro-inflammatoire. Et donc, très vite, on peut se
retrouver dans ce cercle vicieux. Et donc, aujourd'hui, on sait qu'il y a toute une famille, j'ai
envie de dire, de bactéries, particulièrement les protéobactéries.
(30:56 - 31:26)
C'est des Escherichia coli, des Klebsiella pneumonia, etc., qui vont être des bactéries gras
moins, qui sont porteuses de petits morceaux de membrane qu'on appelle des LPS, des
Lipopolysaccharides. Et donc, ces petits LPS sont libérés en excès dans la circulation et vont
aller vraiment stimuler des récepteurs qui influencent notre métabolisme. Dans le mauvais
sens, vous l'aurez compris.
(31:26 - 32:02)
Donc, quand on mange de façon plutôt déséquilibrée, qu'on mange de fibres, par exemple,
qu'on mange beaucoup de gras, beaucoup de viande et industrielle et transformée, on a
tendance, avec le temps, à développer les protéobactéries, à libérer plus de LPS et ces LPS vont
aller donc faire plus d'inflammations et d'insulinorésistance. Ça, c'est un des grands
mécanismes, aujourd'hui, par lequel le microbiote va influencer les maladies métaboliques. Et
c'est vraisemblablement le mieux étudié, puisque Patrice Cani a étudié ça depuis maintenant 20
ans.
(32:03 - 32:23)
Il y avait déjà des publications, ça a commencé, on va dire, il y a presque 20 ans. Donc, c'est
vraiment un des mécanismes importants. Après, vous avez d'autres mécanismes, puisque le
microbiote, il peut fabriquer plein de molécules et des molécules qui sont aussi très favorables
à notre santé et à notre métabolisme.
(32:24 - 32:37)
Et par exemple, des acides gras à chaînes courtes. Et donc, il y a plusieurs acides gras à chaînes
courtes. Le butyrate, l'acétate, le propionate, qui doivent être produits dans des bonnes
proportions et qui, de manière générale, sont plutôt protecteurs.
(32:38 - 33:03)
Après, quand on en produit de façon déséquilibrée, ça peut avoir aussi une incidence sur les
calories qu'on absorbe, par exemple. Donc, on sait que le butyrate, il est très anti-
inflammatoire, il va protéger la muqueuse, il va faire en sorte qu'on va produire plus de mucus.
Et donc, fatalement, quand on a une bonne muqueuse bien protégée, on a tendance à moins
faire passer les LPS, donc la boucle et le boucle.(33:03 - 33:23)
Oui, ça va un peu toujours ensemble. Il faut empêcher qu'elles se produisent, mais il faut aussi
empêcher qu'elles passent au travers de... Parce qu'on parle souvent de la barrière intestinale
et de l'intestin perméable plutôt dans les problèmes digestifs. Mais du coup, ce serait les
mêmes mécanismes dans le cas de la prise de poids.
(33:23 - 34:54)
Et du coup, j'imagine qu'il y a aussi certaines personnes qui se disent « mais moi, je mange bien
depuis toujours, et pourtant, je suis sujet à une inflammation ou j'ai des problèmes digestifs
ou... » Comment est-ce qu'on... Voilà, on sait qu'il y a peut-être aussi d'autres facteurs plus
génétiques ou de la petite enfance, ou peut-être de la prise médicamenteuse qui peut avoir un
effet sur le microbiote. Et est-ce qu'aujourd'hui, du coup, il y a un peu des bactéries qu'on
appellerait des bactéries qui font grossir ou des bactéries qui font mincir ? Ou c'est plutôt cet
équilibre dont vous parliez avec le fait de garder une paroi intestinale qui ne laisse pas passer
ces bactéries à grammes négatifs et qui, en même temps, protège et empêche de les produire
à la base aussi ? Alors, j'entends un peu deux questions dans ce que vous venez de dire. La
première, c'est un aspect fondamental qui ne fait que, je vais dire, rajouter à ce que j'ai dit en
introduction, à savoir qu'on n'est pas responsable de la prise de poids dans la majorité des cas,
parce qu'en effet, notre microbiote est modulé dans les premières années de vie et même déjà
in utero.
(34:54 - 35:16)
On sait que le microbiote de la maman enceinte commence déjà d'une certaine façon à
moduler, à influencer la composition du microbiote futur de son enfant. On sait que le mode de
naissance est fondamental. Si vous êtes né par voix basse ou par césarienne, ce n'est pas la
même chose.
(35:16 - 35:32)
Si vous êtes né par césarienne de confort ou par césarienne parce qu'il y a eu rupture de la
poche des os, les conséquences ne sont pas les mêmes non plus. Donc, on commence vraiment
à bien étudier ça. Quand il y a rupture de la poche des os, on va être un peu plus proche d'un
microbiote de l'enfant né par voix basse.
(35:33 - 36:14)
Alors que si c'est une césarienne qui est vraiment programmée de confort, ce n'est pas la
même chose. Donc, la façon dont on a été nourri, si on a été à l'été ou pas à l'été, combien de
temps, si la maman a reçu elle-même des antibiotiques autour de l'accouchement ou si le bébé
a reçu des antibiotiques dans les premiers mois de vie, on sait que dès la première prise
d'antibiotiques, ça va avoir un impact. Et donc, il est vraiment intéressant de donner des oméga
3 à un enfant qui reçoit des antibiotiques parce que ça peut corriger un peu les effets délétèresde ces antibiotiques sur son microbiote.
(36:14 - 36:34)
Donc, on a un microbiote qui se formate, on dit, dans les mille premiers jours. On parle de la
doade. Donc, c'est un mot qui est en anglais « developmental origin of health and disease ».
Donc, c'est vraiment une période où on se programme à être en bonne santé ou à être malade.
(36:35 - 36:45)
On parle de mille jours. Maintenant, on sait que quand même le microbiote se module pas trop
mal jusqu'à l'âge de 4-5 ans. Après, encore un petit peu, mais c'est déjà plus difficile.
(36:45 - 37:09)
Et puis, à partir de la préadolescence, le microbiote est vraiment très, très proche de sa
stabilité. Il y a encore toujours des petites choses à faire, bien évidemment. Mais c'est vrai
qu'on sait aujourd'hui que ce microbiote, voilà, on part avec un potentiel que l'on peut détruire,
bien sûr, que l'on peut aussi améliorer par notre mode de vie.
(37:09 - 37:19)
Mais le microbiote fait toujours preuve de résilience. Donc, il va plutôt revenir à sa composition
qu'il avait auparavant. Donc, ça, c'est vraiment pour ce côté-là.
(37:19 - 37:49)
Et après, pour votre deuxième partie de questions, on sait qu'il n'y a pas une bactérie comme
ça, tac, qui est responsable de tout. Mais quand même, on a vraiment maintenant une belle
vision sur des profils, on va dire, avec des souches qui sont quand même pas mal pointées du
doigt. On a notamment, je parlais des travaux de Patrice Cagny, Ackermansia mucinifila, qui, on
le sait, est très impliquée en cas de manque.
(37:49 - 38:19)
En tout cas, les personnes en situation d'obésité ou atteintes de diabète de type 2, souvent,
souvent, manquent d'Ackermansia mucinifila. Mais il y a d'autres souches très anti-
inflammatoires, comme Fécalibacterium prosnitzi, qui vont plutôt être associées, quand elles
sont trop peu présentes, à un risque augmenté de surpoids et d'obésité. Et il y en a d'autres,
notamment, comme je disais tout à l'heure, tout ce qui est protéobactéries, Echerichia coli, etc.
(38:20 - 38:34)
Ce sont quand même des souches aussi qui sont plutôt associées à des profils à risque. Et
après, dans l'autre sens, vous avez des souches plutôt protectrices. Je pense à Christensenella
minuta, par exemple.(38:34 - 38:59)
Si vous en avez un bon paquet, c'est très associé à la minceur. Donc, les gens très minces ont
parfois des souches un peu en plus que les autres ou en plus grande quantité. Et ça,
évidemment, vous l'avez dit, c'est quand même très fort lié à l'environnement qui était présent
autour de la naissance, que ce soit la grossesse, l'accouchement, les premières années de vie.
(38:59 - 39:31)
Donc, c'est là qu'on comprend qu'on est le résultat de plein de facteurs qui n'étaient pas
nécessairement sous notre contrôle. Et puis aussi, vous l'avez mentionné un petit peu
rapidement, que ça a aussi un lien, du coup, avec tout cet axe intestin-cerveau. On sait qu'il y a
un impact dans un sens, mais un impact dans l'autre sens et qu'aujourd'hui, on se rend compte
qu'il y aurait certaines bactéries qui ont un lien avec le sentiment de satiété ou même dans le
grand reportage Netflix.
(39:31 - 39:51)
Je ne sais pas si vous aviez vu, mais il parlait d'à quel point ça peut influencer nos envies
alimentaires. Mais c'est clair, mais c'est clair, c'est incroyable. Ça influence nos goûts
alimentaires, nos envies, nos pulsions, notre appétit, notre satiété, nos choix.
(39:51 - 40:06)
Donc, c'est assez incroyable. Et donc, notamment le fait de consommer beaucoup de fibres, ça
active du GLP-1. C'est cette molécule très à la mode dans les médicaments anti-obésité.
(40:06 - 40:28)
Donc, le microbiote joue clairement un rôle fondamental depuis l'envie de manger jusqu'à ce
qu'on va métaboliser et en passant par ce qu'on va absorber, ce qu'on va stocker, ce qu'on va
déstocker. Donc, il intervient véritablement à tous les échelons. C'est un incontournable.
(40:30 - 40:40)
Je dois malheureusement vous laisser bientôt, parce que vous avez votre chronique sur Nutri
Radio. D'ailleurs, justement, on vous parlait du microbiote. Tout ce qu'on n'a pas eu l'occasion
d'aborder ici.
(40:40 - 40:51)
J'ai encore plein de questions que je voulais aborder. Voilà, mais peut-être qu'on en refera. Et
du coup, pour ceux qui nous écoutent, si vous avez des questions que vous voudriez que je
pose à Véronique dans les prochains épisodes, n'hésitez pas.
(40:51 - 41:03)En attendant, vous pouvez aller l'écouter sur Nutri Radio. Je ne sais pas comment les personnes
peuvent écouter votre chronique sur Nutri Radio. De toute façon, tout le temps dispo en
podcast, donc Nutri Radio, il y a une appli, il y a tout, on ne peut pas la louper.
(41:04 - 41:24)
Et puis, il y a aussi tous les bouquins que vous avez écrits. Votre dernier qui est le... Alors, sur le
microbiote, il y en a un, je vais dire un peu plus... Déjà, un bon petit niveau pour ceux qui
s'intéressent au microbiote. Et puis, un beaucoup plus vulgarisé après, avec des recettes.
(41:24 - 41:29)
Enfin, dans le précédent, il y avait des recettes. Ça, c'est votre dernier, du coup. On microbiote
sur mesure.
(41:29 - 41:56)
Et puis après, il y a eu le livre de recettes. Et puis, pour les professionnels de la santé, il y a aussi
sur mon site Internet la spécialisation de plusieurs jours où vraiment, on va dans les détails sur
toutes les pathologies, quel probiotique choisir, quel prébiotique choisir. Là, l'objectif pour moi,
c'était vraiment de faire du pratico-pratique dans chaque situation, parce que c'est ce qui
manque aujourd'hui.
(41:56 - 42:17)
C'est vraiment, pour les praticiens, c'est de savoir quoi faire de toute cette information. Et on
sait que les prébiotiques et les fibres n'agissent pas de la même façon les unes et les autres.
Donc, voilà, mon but avec cette spécialisation, c'était vraiment d'apporter des réponses très,
très personnalisées et ciblées.
(42:17 - 42:50)
Pour les thérapeutes qui nous écoutent et pour les personnes qui nous écoutent en quête de
relancer peut-être leur métabolisme ou de mieux comprendre leur corps, avec quoi est-ce que
vous auriez envie de les laisser ? Peut-être un dernier message pour conclure ? Alors, vraiment,
l'idée, c'est d'abord de manger des produits maison, le moins transformé possible. Et je dirais
surtout de consciemment ajouter des fibres à son alimentation. Des oméga-3, parce que les
oméga-3 agissent comme des prébiotiques.
(42:51 - 42:58)
Et les oméga-3, c'est vraiment, c'est un anti-inflammatoire. Ça module le microbiote. Ça peut
jouer sur l'appétit.
(42:59 - 43:12)Ça va jouer sur la sensibilité à l'insuline. Donc, il y a beaucoup de gens qui manquent d'oméga-
3. Donc, si vous n'aimez pas le poisson gras, que vous n'en mangez pas au moins deux fois par
semaine, vraiment, il faut se supplémenter et booster son métabolisme.
(43:13 - 43:22)
C'est vraiment ça. C'est redonner à manger à son corps. Mais de façon, quand je dis à manger,
c'est vraiment les bons nutriments, les vitamines, les minéraux.
(43:22 - 43:30)
Donc, mettez des fibres, des produits végétaux, plus au menu. Et ce n'est pas tout. Il y a la
gestion du stress, il y a bouger.
(43:30 - 43:49)
C'est évidemment beaucoup plus complexe que ça. Et dans ma Bible pour perdre du poids sans
régime, qui fait quand même 600 pages, mais parce qu'il y a aussi beaucoup de recettes,
j'aborde tous ces aspects-là. Parce que j'en avais marre de ces trucs et manger moins et se
restreindre et compter les calories, c'est tellement plus compliqué.
(43:51 - 44:06)
Mais vraiment, déjà ça, redécouvrir le plaisir de faire à manger, végétaliser, manger plus de
fibres et des oméga-3, c'est déjà des conseils qui sont très, très utiles. Super. Merci beaucoup,
en tout cas, pour ceux qui nous écoutent.
(44:06 - 44:25)
J'espère que ça vous parle et que ça vous plaît, qu'il y a au moins quelques petits éléments de
cet épisode que vous pouvez essayer de mettre en pratique si ce n'est pas déjà fait. En
attendant, je vous remercie d'être arrivé jusqu'ici. N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne,
partager l'épisode avec une personne qui serait intéressée par son contenu.
(44:25 - 44:31)
Ça nous aide beaucoup. Véronique, merci beaucoup. On refera probablement un épisode,
j'espère.
(44:32 - 44:36)
Avec grand plaisir. Et je vous dis à bientôt. À très bientôt.